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Les îles Cook, complices de Moscou ?

Le registre maritime des îles Cook a doublé de volume en moins d’un an. Non seulement le pavillon du territoire permet à une partie de la « flotte fantôme » russe de contourner les sanctions internationales en matière d’exportations pétrolières, et parfois d’importations d’armement, mais les navires désactivent souvent leur signal VMS, augmentant les risques de collision alors qu’ils sont dans un état qui fait craindre des catastrophes environnementales.

Les îles Cook, dont le registre maritime s’est épaissi de manière significative depuis le début de la guerre en Ukraine, a depuis mai dernier retiré leur pavillon à 12 pétroliers pour infraction aux sanctions internationales contre la Russie et l’Iran.

Mais son responsable Tony Manarangi nie que le registre abrite des navires de la « flotte fantôme » russe, en réponse à un article du site spécialisé Lloyd’s List qui montrait que le registre maritime des Cook avait doublé ses immatriculations depuis le début de l’année. En 2021, seuls trois pétroliers étaient inscrits en 2021 et 9 en 2022. En 2023, 35 de plus les ont rejoints, et en 2024 50 autres pétroliers « vieillissants et en propriété anonyme » se sont déjà rajoutés. « Tous ou presque commercent exclusivement soit avec la Russie soit avec l’Iran », écrit Lloyd’s List. Ils sont également difficiles à suivre, n’hésitant pas à couper leur système de géolocalisation.

Une « dark fleet » qui transporte plus de 70% du pétrole russe expédié par la mer

Depuis décembre 2022 la Russie ne peut plus vendre son pétrole plus de 60 dollars le baril aux pays du G7, de l’Union européenne et à l’Australie, ni s’adresser aux compagnies maritimes et aux compagnies d’assurances occidentales. Elle a donc constitué une armada de bateaux vétustes, estimée à plus d’un millier d’unités, qui naviguent sous management de sociétés écrans établies à Hong Kong ou aux Émirats Arabes Unis, parfois sans assurance, et dont les cargaisons sont vendues plus cher en Inde, en Chine, en Turquie. Cette « dark fleet » ou « flotte fantôme » transporterait plus de 70% du pétrole russe expédié par la mer. Le risque de naufrage et de catastrophe environnementale est réel, renforcé par la pratique de transferts en mer qui rendent les cargaisons difficiles à tracer. Certains navires sont aussi accusés de transporter des drones iraniens destinés à la guerre en Ukraine, ou d’être des stations d’écoutes russes. Ils sont immatriculés au Gabon, à Palau, ou même au Laos qui n’a pas de façade maritime. Et aux îles Cook.

Le pavillon des îles Cook est une source de devises non négligeable pour ce petit pays insulaire. Son registre maritime bénéficie des multiples changements de pavillon des navires qui commercent avec des nations ou des entreprises visées par des sanctions économiques. Les autorités des îles Cook assurent qu’elles désinscrivent du registre tout navire impliqué dans le contournement des sanctions. C’est d’ailleurs ce qu’elles ont fait pour 12 navires depuis le mois de mai, lorsque l’UE, le Royaume Uni et les États-Unis ont renforcé les sanctions contre des sociétés écrans ou des compagnies d’assurance identifiées dans le commerce russe et iranien. Mais elles n’ont rien fait pour éjecter 14 autres bateaux qui ont rapidement changé de management. Pas vu, pas pris.

« Fighter Two », (ici sous son nom précédent), l’un des tankers immatriculés aux Cook puis rayé du registre maritime sous la pression internationale. ©Marine Traffic

 

 

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