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Frederic Benet-Chambellan : « Mon arrivée ne va pas être l’an 0 de la justice polynésienne »

Après quarante ans de carrière en magistrature et en préfectorale, le nouveau procureur général près de la cour d’appel de Papeete, Frédéric Benet-Chambellan va prendre ses fonctions le 2 septembre. Une première expérience en outre-mer pour le successeur de Thomas Pison, qui compte suivre la ligne de la politique pénale en vigueur, avec les violences intrafamiliales, les stupéfiants, les infractions routières et la probité et à l’environnement comme priorités. Quant aux tensions au sein du palais, il précise ne pas être « le Deus ex machina » qui peut tout régler.

À sa sortie de l’École Nationale de la Magistrature, Frédéric Benet-Chambellant avait envisagé de prendre un poste en Guadeloupe. La réflexion n’avait pas abouti et cet ancien étudiant de Sciences Po Paris avait finalement posé ses bagages à Lyon, comme substitut du procureur. Il faudra finalement attendre plus de 35 ans pour le voir prendre son premier poste hors de la métropole, celui de procureur général au parquet de Papeete. Une commune et une date pas si anodines, pour cet arrière petit-fils du commandant Maxime Destremeau, dont l’odonyme, situé à quelques dizaines de mètres du Palais de justice, célèbre l’officier de marine qui était parvenu à tenir à distance deux croiseurs allemands, le 22 septembre 1914, voilà presque 110 ans.

Politique pénale : de l’expérience au service de la continuité 

Dans le milieu, cette prise de poste lui a valu « certaines incompréhensions, puisque d’ordinaire les magistrats qui vont en outre-mer sont plus jeunes », sourit le successeur de Thomas Pison, lors d’une rencontre avec la presse. D’autant plus quand il s’agit du procureur de la deuxième plus grosse cour d’appel de France, celle de Rennes, où il exerçait depuis 2021, après six ans à Rouen. « Je ne connais pas encore la Polynésie, mais je connais le job de procureur général », résume-t-il. Ce qui n’est pas tout à fait exact sur le premier point, puisque le magistrat de 62 ans s’est tout de même bien renseigné avant de venir, consacrant plus de deux mois à la consultation des administrations centrales les plus concernées. Soit « la DGOM, les direction outre-mer de la gendarmerie, de la police ou de la pénitentiaire, et le ministère de la justice ». Il bénéficie aussi « d’une expérience interministérielle », puisque son parcours comprend aussi douze années en tant que sous-préfet, en Savoie, dans l’Essonne, en Dordogne et dans la Vienne.

Se plaçant dans la continuité « de la ligne politique en vigueur de mon prédécesseur », Frédéric Benet-Chambellan connaît les priorités du parquet de Papeete. « La politique pénale s’adapte au territoire. Les priorités d’hier sont encore celles d’aujourd’hui et seront celles de demain : les violences intrafamiliales, le trafic de stupéfiants et les infractions routières, à la probité et à l’environnement ».

Inspections au parquet : « je ne suis pas le Deus ex machina »

Ce père de quatre enfants se présente comme animé par des valeurs « de prudence, de modestie, d’humilité, de transparence, de loyauté et de collectif ». Voilà qui tombe à point nommé pour le parquet de Papeete, visité à quatre reprises en trois ans par des missions de l’inspection générale de la justice, sur fond de tensions entre magistrats. « Que vous soyez concerné ou pas, ce n’est pas extrêmement plaisant, c’est sûr, mais j’en ai connu d’autres », dit-il « très serein par rapport à ça ».

Et s’il se sait attendu du côté de l’avenue Pouvanaa a Oopa, « je ne suis pas certain que la nomination d’un procureur général suffise à changer les choses. J’ai toute ma place pour faire le maximum pour que ça fonctionne mais je ne suis pas le seul. Je ne suis pas le Deus ex machina que tout le monde doit voir arriver comme l’ennemi, ou le sauveur. Ce n’est pas dans mes gènes », répond-il. « Certes le contexte est peut-être un peu plus tendu (qu’ailleurs) mais mon arrivée ne va pas être l’an zéro de la justice polynésienne », poursuit le nouveau chef du parquet général. Il prévient tout de même : il n’y aura pas de prés carrés, pas de « touche pas à mon dossier ». Pour Frédéric Benet-Chambellan, « les magistrats sont au service de l’état et de la population, mais pas propriétaire de leurs dossiers ».

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