ACTUS LOCALESSPORTS Mondial 2026 : mis au régime sec, les Toa Aito ont les crocs Waldemar de Laage 2024-10-06 06 Oct 2024 Waldemar de Laage Pour la première fois, deux sélections océaniennes ont une chance de se qualifier pour la Coupe du monde de football, organisée en 2026 en Amérique du Nord. Un enjeu qu’ont bien compris certaines nations de la zone, en mettant les moyens nécessaires. À Tahiti en revanche, la préparation, l’équipe et le staff sont réduits au strict minimum. « On s’adapte et ça nous motive encore plus », assure le sélectionneur Samuel Garcia, « déterminé à réussir » et « content de son groupe » alors que son équipe s’envole dimanche soir pour le Vanuatu, où elle affronte la Nouvelle-Zélande le 10 octobre. C’est une opportunité inédite. En 2026, la Coupe du monde de football, conjointement organisée par les USA, le Mexique et le Canada, comptera 48 équipes, contre 32 lors des éditions précédentes. Pour la première fois, le vainqueur des qualifications de la zone Océanie sera donc directement intégré au tableau, sans avoir à passer par un match de barrage. Et surtout, son finaliste aura aussi l’opportunité de participer, à condition de se défaire d’un tournoi très relevé entre des barragistes issus des quatre coins du globe. En attendant, la phase de qualification océanienne, petit casse-tête organisationnel étalé sur quatre périodes, a débuté en septembre, par les premiers tours préliminaires disputés entre les sélections les plus modestes du continent. Les Samoa y ont gagné le droit de participer à la phase de groupe, dont la première fenêtre s’ouvre le 10 octobre. Sept autres équipes, réparties en deux poules de quatre, sont engagées d’office. D’une part, le très relevé groupe A, avec les îles Salomon, Fidji, la Nouvelle-Calédonie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Et de l’autre, la Nouvelle-Zélande, le Vanuatu, Samoa et Tahiti. Un calendrier et un tableau plutôt favorables… Les Toa Aito s’envolent dimanche soir pour le Vanuatu, où ils affrontent d’entrée l’ogre néo-zélandais le 10 octobre. « Un gros morceau, tout de suite, mais on est assez satisfaits de jouer la Nouvelle-Zélande sur le premier match, ça va nous donner une idée de ce qu’on va pouvoir faire en novembre », confie le sélectionneur Samuel Garcia. En effet, la plupart des joueurs d’Aotearoa évoluent dans les championnats professionnels européens. Cette « armada qui veut absolument la première place » aura donc plus d’une journée d’avion dans les jambes. Sans compter que ce match se déroule sur terrain neutre, à Port-Vila, dans des conditions bien différentes de ce à quoi sont habitués les « All Whites ». « On s’est préparés pour faire mieux qu’à la Nations Cup, (défaite 5-0 en demi-finale, le 26 juin dernier, ndr), avec un autre plan de jeu », explique Samuel Garcia, qui souhaite s’appuyer sur l’expérience de la Nations Cup 2022, quand Tahiti avait tenu tête aux favoris (0-1). Après ce premier voyage de six jours, la sélection retournera au fenua… avant de reprendre son envol, mi-novembre, pour jouer ses deux derniers matchs de poule en Nouvelle-Zélande, cette fois contre Samoa et Vanuatu, « l’autre gros morceau » en sa qualité de vice-champion d’Océanie 2024. Pour Tahiti, ce sera donc deux rencontres de plus sur terrain neutre. Quand leurs adversaires auront le désavantage d’affronter ensuite les Néo-Zélandais à Auckland, « ce qui sera plus compliqué pour eux ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/10/FOOT-GARCIA-1-1.wav Si la première place du groupe semble ainsi promise aux sextuples champions d’Océanie, les Tahitiens ont, sur le papier, toutes leurs chances de décrocher la seconde, synonyme de qualification en phases finales. Celles-ci, programmées en mars, verront s’affronter les quatre meilleures équipes de la phase de poule en demi-finales : le premier de la poule A contre le deuxième de la poule B, et inversement. Là encore, c’est une configuration plutôt favorable pour les Tahitiens, d’ores et déjà assurés d’éviter les Néo-Zélandais en demi-finales s’ils se qualifient. « Après eux, ça ne se jouera pas à grand chose entre nous, Fidji, Vanuatu, la Calédonie, Salomon…et il faudra aussi se méfier de PNG », note le sélectionneur. Des équipes face auxquelles les Tahitiens n’avaient pas eu à rougir lors de la dernière Coupe des Nations de l’OFC (victoire 2-1 contre Fidji, match nul contre la Papouasie…) : « si on enlève la NZ, toutes les autres se valent ». … Mais une sélection réduite à peau de chagrin Jusqu’ici, tout va donc plutôt bien pour nos Toa Aito, sur le papier. Dans les faits, la Fédération tahitienne n’a pas mis toutes les chances de son côté pour réussir. Pour son premier voyage en Nouvelle-Zélande, le sélectionneur Samuel Garcia ne peut emmener que… 17 joueurs, dont trois gardiens. « Des restrictions au niveau fédéral », commente l’entraîneur, qui ne pourra donc pas faire entrer en jeu cinq joueurs frais en cours de match (à moins de faire jouer les deux gardiens remplaçants), comme le règlement l’y autorise. « Sur un seul match, en croisant les doigts, en espérant qu’un joueur n’ait pas la gastro ou une blessure.. c’est juste mais on va faire avec, on va s’adapter encore une fois, on a l’habitude ». Également privé de son préparateur physique et de son analyste vidéo, un préjudice à ce niveau, l’ancien coach de Vénus pourra tout de même prendre quatre footballeurs de plus pour la fenêtre de novembre. Soit le plus petit effectif des huit nations engagées : les Néo-Zélandais sont 21, les Calédoniens 22, les Papouans 23, les Vanuatais 23 également… Tandis que les Fidjiens se sont préparés avec un groupe de 27, un nombre qui monte à 41 aux îles Salomon. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/10/FOOT-GARCIA-1.wav La préparation, c’est un autre point noir à Tahiti : les sélectionnés n’ont pu se réunir qu’une dizaine de jours lors de la fenêtre FIFA de septembre, durant laquelle ils ont joué deux matchs amicaux contre Tefana et Pueu. C’est peu, d’autant que la Ligue 1 vient à peine de reprendre. Dans le même temps, la Nouvelle-Zélande est allé défier des sélections de haut-niveau, le Mexique (0-3) et les USA (1-1). Fidjiens et Salomonais ont de leur coté disputé un tournoi contre Hong-Kong, tandis que les Vanuatais ont reçu les U23 Australiens. Dans son programme publié avant sa réélection à la présidence de la FTF en début d’année, Thierry Ariiotima prônait pourtant « l’intensification de la préparation des sélections, en particulier par l’organisation de déplacements à l’étranger ou la réception d’équipes extérieures, qui doivent nous permettre de nous qualifier plus régulièrement aux phases finales de Coupe du monde ». Mais, et comme ce fut le cas en amont de la Coupe des Nations de l’OFC cette année, force est de constater que « tous les pays se préparent, nous sommes les seuls à rester chez nous… On est loin de tout, il y a des choix, on fait avec », glisse Samuel Garcia. Pas tout à fait les seuls en réalité, car, en raison du contexte, les Calédoniens se sont aussi préparés à domicile, mais ils ont enchaîné une dizaine de rencontres préparatoires face à leurs meilleurs clubs, et « ils restent sur leur victoire aux Jeux du Pacifique et ont ramené six joueurs de métropole ». Samuel Garcia « content du groupe » malgré tout Les Tahitiens, compteront eux deux joueurs évoluant à l’étranger, l’attaquant Benoît Mathon (métropole) et le défenseur Teva Lossec (USA). Pas de Matéo Degrumelle, ni de Hinarai Vahirua, en revanche, qui devraient rejoindre le groupe lors des matchs de novembre. Malgré sa maigre délégation, le sélectionneur se dit « content du groupe, car j’ai pu prendre à peu près tout ceux que je voulais ». « Benoît Mathon a joué six ans ici, c’est un joueur d’expérience et il y a aussi le retour de Roo Tehau, qui a longtemps été blessé ». Il devra toutefois se priver de son habituel gardien titulaire, Teave Teamotuaitau, qui a privilégié la préparation avec l’équipe de beach soccer, autre poste de dépense important pour la fédération. « Je compose avec ce que j’ai, il y a aussi la libération des joueurs qui reste un casse-tête pas possible, c’est très compliqué de les enlever de leurs sociétés… Mais je fais avec, tout ça nous motive encore plus à réussir, c’est la force d’un entraîneur de s’adapter ». Un énorme enjeu financier Outre l’aspect sportif et médiatique, la qualification pour le mondial est aussi un enjeu financier. Lors de la Coupe du monde 2022, chaque qualifié en phase de groupes avait touché 9 millions de dollars US de prize-money, soit près de 977 millions de francs. Mais ce n’est pas tout : la FIFA avait également alloué 1,5 million de dollars (163 millions de francs) à chaque participant, au titre des frais de préparation. Chaque sélection qualifiée avait donc perçu au moins 1,1 milliard de francs. Soit plus que ce qu’a touché la FTF en subventions diverses (FIFA, OFC, Pays…) sur quatre ans, de 2019 à 2023 (1,014 milliard). Et presque l’équivalent des charges totales de la Fédération sur la même période (1,31 milliards), d’après les chiffres publiés par le président Thierry Ariiotima avant sa réélection en janvier. La sélection tahitienne contre la Nouvelle-Zélande F. Decoret, R. Vongue, T. Tamatai / M. Heitaa, M. Paama, T. Lossec, F. Hapipi, T. Tiatia, P. Poma / A. Tehau, R. Tehau, M. Shan, V. Tetuaroa, F. Papaura / T. Tehau, B. Mathon, E. Kaspard Les Tiki Toa se préparent également Il faut tout de même souligner que la FTF a des arbitrages financiers importants à réaliser. Notamment car les Tiki Toa ont aussi leur préparation à assurer, dans l’optique des qualifications à la Coupe du monde de beach soccer, prévues du 22 au 26 octobre aux îles Salomon. Contacté pour obtenir des éclairages sur les ambitions, le service communication de la FTF n’a pas donné suite. 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