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Six ans ferme pour le grand-père pédophile

Sa fille depuis la fin des années 90, puis ses petites-filles vingt ans plus tard : un sexagénaire auteur d’agressions sexuelles sur mineur a été condamné à six ans de prison ferme ce mardi. C’est un signalement scolaire qui a permis de révéler que ce prédateur incestueux, atteint de troubles pédophiles et déjà condamné il y a une vingtaine d’années, sévissait toujours dans le foyer familial.

Attouchements sur le sexe ou sur les seins, exhibitions, fellation imposée, violences habituelles…  Le cadre est posé dès le début de l’audience de correctionnelle, en huis-clos partiel ce mardi. La liste est longue, leur temporalité aussi : les premiers faits datent de 1998, les derniers de 2023. Dans le box, le mis en cause a la tête basse. Il marmonne. Une posture que ce sexagénaire conservera tout au long de son procès pour agression sexuelle en récidive, imposée à un mineur par ascendant, et exhibition sexuelle.

Couvert par son épouse

Première victime, la propre fille du mis en cause. Elle avait déjà fait condamner son père à deux reprises dans les années 2000 pour des faits similaires, mais n’avait pas osé tout révéler à l’époque. La fellation imposée en 1998, ainsi qu’une tentative de viol, étaient restées sous silence, notamment sous la pression de sa mère, prête à fermer les yeux pour éviter de jeter l’opprobre sur la famille. Exilée dans les îles, la victime était revenue à Tahiti en 2017 après le décès de son compagnon, pour s’installer au domicile de ses parents, en compagnie de ses jeunes enfants. « Ma mère m’avait dit que mon père avait changé, ils étaient les seuls à pouvoir m’aider à garder les enfants », plaide-t-elle.

C’est tout le contraire. l’homme avait récidivé, passant d’une génération à une autre, s’en prenant cette fois à deux de ses petites filles. Au courant, la maman n’avait pas porté plainte, de nouveau confrontée à la pression de sa propre mère, puis mise dos au mur par un chantage à l’expulsion. « Si je parlais, elle allait me mettre à la porte avec les enfants ».

« Depuis que nous sommes revenus à Tahiti, il ne fait que me toucher »

Les faits avaient été mis en lumière en 2023 grâce au signalement salvateur de l’école de l’une des victimes, curieuse de voir celle-ci se plaindre de douleurs au ventre et de multiplier les aller-retours aux toilettes. « Il me disait que j’étais sa chérie, qu’il avait envie de me lécher et il me touchait, après il me donnait des sous, c’est bizarre d’avoir un grand-père comme ça », a expliqué l’une d’elles, âgée de 15 ans lors des auditions. « Depuis que nous sommes revenus à Tahiti, il ne fait que me toucher, parfois il sort son sexe quand on regarde la télévision. Une fois, il m’a demandé de lui toucher le sexe, je l’ai fait et après je suis allé me laver les mains et les yeux », a renchéri la plus jeune, âgée de 7 ans au moment des faits.

Face aux gendarmes, puis avec le juge d’instruction, le grand-père avait reconnu les faits. À l’audience il dit ne se souvenir de rien, n’avoir aucune explication. « C’est la première fois que j’entends ça, je ne sais pas si ça c’est vraiment passé », murmure-t-il, sans un regard pour les victimes. Pas plus d’explication non plus pour les violences subies par son petit-fils, âgé de 8 ans en 2023. Ses fils n’ont jamais été abusés sexuellement, pas plus que son mootua, mais ce dernier a été régulièrement violenté à coup de papayes vertes ou de savates.

1,7 million de dommages-intérêts

Les différentes expertises ordonnées durant l’enquête ont défini des troubles pédophiles chez cet homme, ainsi qu’un appétit sexuel insatiable. Sa séance de masturbation, ses deux rapports sexuels quotidiens avec son épouse et ses infidélités n’empêchaient pas l’arrivée de pulsions, lesquelles pouvaient se déclencher aussi bien sous alcool que sobre. À la barre, il tente de se justifier par un AVC survenu il y a deux ans… Soit 22 ans après les premiers faits.

Le tribunal l’a finalement condamné à six années de prison ferme, lui qui était en détention provisoire depuis plus d’un an. Il sera aussi suivi socio-judiciairement à sa sortie pendant six ans. Interdit d’entrer en contact avec les victimes et de paraitre à leur domicile, le sien, il devra en outre verser 400 000 francs à sa fille, 500 000 à ses deux petites-filles et 300 000 à son petit-fils.

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