ACTUS LOCALESSANTÉ Au CHPF, la Commission médicale d’établissement risque la « panne » par manque de candidats Waldemar de Laage 2024-11-07 07 Nov 2024 Waldemar de Laage Toujours dans l’attente de son nouveau directeur, le CHPF cherche aussi le futur président de sa Commission médicale d’établissement (CME), chargée de coordonner la politique médicale de l’hôpital en veillant à la qualité des soins ou au recrutement des médecins. Un poste important et laborieux, qui donne une place au conseil d’administration, mais qui n’attire pas de candidat, pas plus d’ailleurs que les sous-commissions composées de médecin. Le président sortant, Philipe Dupire, qui ne peut pas se représenter, attribue cette situation inédite au turn-over important, à la dégradation des conditions de travail, aux contraintes budgétaires et de recrutement, et à l’incertitude quand à la future direction. Vingt-cinq chefs de service, autant d’autres médecins élus par leurs pairs, une représentante des sages-femmes, un représentant des internes, la directrice et son adjoint… La Commission médicale d’établissement (CME) du Centre hospitalier de Polynésie Française représente un panel complet de la pratique médicale à Taaone. Réunie une fois par mois, elle compte en son sein un bureau exécutif plus restreint, la Commission permanente, et plusieurs sous-commissions « qui vont s’occuper à la fois du recrutement, de la qualité des soins, des investissements qui concernent la pratique médicale ou encore des système d’information et informatique », présente le docteur Philippe Dupire, chef du service pharmacie au CHPF. « L’objectif majeur, c’est d’assurer absolument la qualité des soins au patient ». Jusqu’à cette année « il y a toujours eu au moins un candidat » à ce poste « difficile » Bref, toute la politique santé de l’établissement y est passée au crible et débattue. À sa tête, un président est élu pour deux ans, bail renouvelable une fois. « Il est le garant de la politique médicale », et également membre du conseil d’administration, résume le pharmacien. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/11/CME-CHPF1.wav Ces dix dernières années, la CME n’a compté que deux présidents. Philipe Dupire a d’abord dirigé l’instance durant deux mandats, de 2014 à 2018. Le docteur Vincent Quenée lui a ensuite succédé pendant deux ans, avant que le pharmacien ne reprenne les rênes en pleine crise Covid, pour deux nouveaux mandats. Le dernier, 2022-2024, s’est achevé début octobre. Conformément aux textes, Philippe Dupire ne peut pas se représenter. Problème, la succession ne se bouscule pas vraiment au portillon. « Ça n’est jamais arrivé. Je travaille depuis plus de trente ans à l’hôpital et il y a toujours eu un moins un candidat », relève le président sortant. Il faut dire que « c’est un travail bénévole, difficile, avec un projet d’établissement à construire et des relations avec la direction », tout en « assurant encore le métier que l’on fait habituellement ». En contrepartie, le président se voit octroyer « un peu d’heures supplémentaires ». « Mais on est sur du 150, 160% de son temps de travail habituel. Donc ça n’attire pas forcément ». Trop accablés par les difficultés pour trouver la force de s’impliquer La problématique ne s’arrête pas à la présidence, puisque les candidatures de médecins non-chefs de service ne sont pas non plus légion, à l’heure ou les commissions doivent être renouvelées. « Il y a quand même des gens qui vont s’impliquer, mais, là encore, je n’ai jamais vu autant de manque de candidatures que cette année ». Le docteur Dupire a identifié plusieurs freins. S’il ne juge pas ses confrères « désimpliqués », il insiste sur les « difficultés » actuellement rencontrées dans les couloirs de l’hôpital, maintes fois évoquées, notamment dans un audit accablant, réalisé en juin et récemment révélé par Tahiti Infos. Mi mai, les chefs de service avaient symboliquement menacé de démissionner collectivement face au manque de moyens humains et financiers. Cette semaine, c’est un préavis de grève qui a été déposé par les représentants des anesthésistes et réanimateurs, pour protester contre « la dégradation constante des conditions de travail ». Les médecins « se retrouvent face à des situations où ils ont du mal à faire leur métier, à trouver de la motivation et du sens au métier des soins. Ils sont donc plus orientés vers le patient et la prise en charge quotidienne, et les difficultés qu’ils rencontrent pour exercer leur métier. Donc ils ont du mal à s’extraire de tout ça pour aller prendre des postes un peu plus en hauteur, avec des visions globales », détaille le président sortant. Forcément, ces difficultés quotidiennes, notamment causées par un statut obsolète qui doit être révisé, engendre « un turn-over extrêmement important de médecins qui ne trouvent pas chaussures à leurs pieds dans cet hôpital ». Ce qui n’aide pas à trouver des candidats. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/11/CME-CHPF-1.wav Des candidats une fois le directeur nommé ? En attendant un successeur à la tête de la CME, le docteur Dupire assure donc une forme d’intérim. « C’est un peu contraint et forcé. Mais j’aime bien mon hôpital, donc je n’ai pas du tout envie de le laisser tomber d’un point de vue pratique. C’est pour ça que je fais l’intérim, en essayant de susciter des candidatures pour que quelqu’un de plus récent, de plus neuf, puisse prendre la suite avec de nouvelles idées ». Il espère que la nomination, attendue mercredi, d’un nouveau directeur au CHPF pourra aider. « Un président de CME qui ne peut pas discuter avec sa direction générale, c’est pas très simple ». Mais si personne ne sort du bois, « tout sera un peu en panne ». « Je ne peux pas renouveler le Comité du bureau exécutif, il faut aussi recréer des commissions, et pour le moment, tout ça reste avec les mêmes personnes qui ont déjà fait quatre ans et qui voudraient bien passer à autre chose ». Et ce, alors que d’importants travaux sont en cours, à commencer par la mise en place, la semaine dernière, du dossier médical partagé « qu’il faut absolument approfondir » et la révision du statut d’établissement : « c’est un petit peu ça qui va à la fois libérer le monde des soignants du point de vue de son temps de travail, et améliorer leur qualité de vie, et donc les remotiver pour trouver du sens ». 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