ACTUS LOCALESÉCONOMIE 81% de renouvelable sur une semaine, nouveau record pour le réseau électrique de Tahiti Charlie Réné 2024-12-17 17 Déc 2024 Charlie Réné Les pluies de la semaine dernière ont fait au moins un heureux : Marama Nui, qui a vu ses barrages hydroélectriques fonctionner à plein régime. De nouveaux records de production, journaliers et hebdomadaires, ont même été établis. Des records qui soulignent les progrès du réseau, mais aussi les réflexions à mener pour la suite. Une fois le soleil revenu, les nouvelles fermes solaires se sont mises à produire, mais faute de capacités de stockage, leur énergie a dû être délestée. Et si les records sont battus, c’est que la consommation augmente d’année en année : la « sobriété » doit plus que jamais être mise à l’ordre du jour. Lire aussi : Avec Baby Step, EDT-Engie fait un pas de plus dans le stockage de l’énergie Triple record pour Marama Nui, dont les barrages ont atteint, la semaine dernière, leur plus haut niveau de production historique hebdomadaire et vécu la meilleure journée de leur histoire le jeudi 12 décembre. Résultat – et troisième performance – à l’échelle du réseau de Tahiti : 81% de l’énergie consommée entre lundi et dimanche était d’origine renouvelable. Un chiffre à mettre au crédit, bien sûr, des fortes précipitations de la semaine, qui ont rempli les réserves des barrages hydroélectriques de la filiale d’EDT-Engie, et maintenu leurs turbines « à fond », comme le dit Yann Wolff, directeur général de Marama Nui. Il précise tout de même que la pluie n’est pas la seule explication de ces records, fréquemment battus et rebattus ces dernières années. De l’énergie gaspillée au retour du soleil Il y a d’abord la question matérielle : Marama Nui, ses cinq vallées productives et ses 16 centrales hydroélectriques – leurs barrages ont subi un grand cycle de réhabilitation entre 2007 et 2022 – a travaillé ses dernières années à améliorer la disponibilité et la performances de ses installations. Surtout, sa maison-mère EDT-Engie a mis en opération fin 2022 son « générateur virtuel » Putu Uira, sorte de batterie géante installée à Punaruu, et qui permet de ne plus avoir à faire fonctionner un groupe de secours de la centrale Émile Martin toute proche. Résultat : « une production thermique au minimum » et davantage de place pour le renouvelable sur le réseau. Le photovoltaïque sur toiture, et les grandes fermes qui viennent d’être raccordés dans le Sud de Tahiti ont aussi aidé malgré la météo. Jusqu’à un certain point. Samedi, en milieu de journée, quand les nuages se sont soudainement dissipés au-dessus de Tahiti, et que les barrages, pleins, continuaient d’alimenter leurs centrales en aval, ces grandes fermes solaires, de plus de 30MW de puissance cumulées, ont voulu déverser à leur tour des flots d’énergie sur le réseau. Sauf que la consommation, en plein weekend de vacances, ne suit pas. « Le résultat, c’est qu’il a fallu ‘gaspiller’ de l’énergie solaire, parce qu’il n’y avait personne pour la consommer, reprend Yann Wolff qui est aussi directeur des exploitations pour Tahiti chez EDT. Ça c’est l’enjeu de la Polynésie de demain, c’est de trouver les moyens pour aller valoriser cette énergie, qui, avec le développement des énergies renouvelable va se faire plus abondante ». La filiale locale d’Engie a proposé une piste, avec son projet « Baby Step » de stockage de l’énergie en rivière, certains militent pour des systèmes de batteries sur le réseau. « Il n’y a pas une solution miracle, ce sont des bribes de solution à articuler entre elles », précise Yann Wolff. La sobriété pour continuer à avancer Ces records peuvent inspirer des réflexions sur la trajectoire générale de la consommation électrique tahitienne. Car c’est aussi parce qu’elle augmente d’année en année que ces plafonds sont régulièrement crevés. Entre les appels d’offres des fermes solaires en 2021 et leur inauguration ces dernières semaines, la demande a bondi d’un peu plus de 5%, sans compter l’autoconsommation solaire, qui s’est aussi développée. « Une fuite en avant, pour Didier Pouzou, le directeur général d’EDT-Engie. Plus on produit d’énergie renouvelable, plus on consommer, et le mix énergétique n’évolue pas ou peu ». « Je pense que le vrai cheval de bataille et pourquoi pas en faire une cause polynésienne l’année prochaine, c’est comment arriver à la sobriété énergétique sans perte de confort, continue le dirigeant, qui explique qu’EDT, en tant que concessionnaire, n’a rien à gagner à vendre davantage d’électricité. L’évolution de la consommation, on l’identifie ce sont des mauvaises habitudes, ce sont des équipements anormalement énergivores. Et il y a moyen de réduire chacun sa consommation d’une dizaine de pourcent, ce qui ferait baisser la facture, donc ramener du pouvoir d’achat à tous les Polynésiens, mais en plus améliorerait le mix énergétique, puisqu’on produirait la même quantité d’énergie renouvelables pour moins de consommation. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2024/12/EDT-RECORD-2-Didier-Pouzou.wav Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)