ACTUS LOCALESPOLITIQUE Grève de la Fraap : Moetai Brotherson appelle « à ne pas raisonner que par rapport à son pito » Charlie Réné 2025-01-09 09 Jan 2025 Charlie Réné À quatre jours du déclenchement du deuxième mouvement de grève de la Fraap, le président n’a pas joué le jeu de la désescalade. Le dépôt de ce préavis reste « incompréhensible », les revendications du syndicat sont mal chiffrées ou malvenus, les jours de grève ne seront pas remboursés ni étalés, les décisions sur les catégories D ne seront pas prises avant le 29 janvier et elles seront limités par le « raisonnable » budgétaire… Bref, le président du Pays rencontrera bien les militants ce vendredi matin, mais sans main tendu pour trouver un compromis. Lire aussi : La Fraap estime être « soutenue » par la population Le gouvernement fait bloc face à la menace de grève. C’était le message de la conférence de presse tenue ce jeudi matin par Moetai Brotherson entouré des représentants de quatre ministères. Tourisme, Transports, Santé, Éducation, Finances et bien sûr Fonction publique… « Tout les secteurs sont concernés » par le mouvement préparé par le Fraap, pointe le président, qui avait promis une « explication du fond » après les deux premiers rounds de négociation sans avancées, mardi pendant trois heures, puis très brièvement mercredi. Une explication plutôt simple : le gouvernement et le syndicat n’ont à ce stade, rien à se dire. Moetai Brotherson l’avait dit sur le plateau de Radio1, il l’a répété : ce nouveau préavis, déposé moins d’un mois après une première grève de cinq jours et la signature d’un protocole de fin de conflit, il le juge « incompréhensible ». Rien d’acté avant le 29 janvier La revalorisation du point d’indice des fonctionnaires ? Les discussions sont toujours prévues entre fin mars et début avril, « avec l’ensemble des syndicats ». Et il est « hors de question » de fixe d’avance une fourchette qui reviendrait à s’engager sur 6 à 11 milliards de francs de dépenses supplémentaires par an. Le calendrier de négociation sur la refonte des grilles ? Il existe « depuis longtemps », a été « transmis » à la Fraap comme aux autres syndicats. Reste la revalorisation spécifique des catégories D, revendication absente du premier préavis et centrale dans ce second. La Fraap a dénoncé le vote, à la veille de Noël en Conseil supérieur de la Fonction publique, d’une proposition d’augmentation qui ne correspondait pas aux engagements – ni aux prises de paroles médiatiques – du gouvernement lors des négociations de fin de conflit du 11 décembre. « Le CSFP ne donne qu’un avis », martèle en réponse Moetai Brotherson qui assure « ne jamais s’être dédit » et avoir « respecté les termes du protocole » dans lequel aucun montant n’avait été inscrit noir sur blanc. Le président reconnait tout de même qu’une augmentation de 10 à 20 000 francs – nettement supérieur aux 5000 francs votés par le CSFP – avait bien été évoqué lors de ces pourparlers. « Mais ce qui a été dit c’est qu’on voulait mettre l’accent sur le bas de la pyramide, mais ensuite ce sera dégressif, assure Moetai Brotherson. Plus on va mettre l’accent sur le bas de la pyramide, moins on va le mettre sur le haut. Moi ça ne me dérange pas, mais certains comprennent ce qu’ils veulent comprendre : ils disent ‘on va augmenter le bas de la pyramide, mais on va augmenter le haut aussi ! ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/MOETAI-FRAAp-1.wav Le président du Pays assure que « toutes les options » seront étudiées par le Conseil des ministres lors de la séance du 29 janvier à Nuku Hiva, y compris les propositions de la Fraap chiffrées à 524,6 millions de francs « cotisations patronales incluse », là où le syndicat n’en voit que 377 millions. Masse salariale vs. investissements Voilà pour les « explications de fonds », immédiatement dénoncées par les cadres de la Fédération, qui estime que le président « jette de l’huile sur le feu ». Et il vrai que le chef du gouvernement ne joue pas la désescalade : il assure avoir eu des contacts avec des adhérents de la Fraap dans l’incompréhension face à la stratégie de leurs représentants, il glisse au passage que contrairement aux 5 premiers jours de grève, dont la ponction a été « étalée » sur 10 mois, les journées de blocage du prochain mouvement seront toutes décomptées au mois de janvier. Moetai Brotherson indique même que la Fraap, comme les autres auteurs de revendications qui se tournent vers le Pays, a été invitée à « ne pas raisonner que par rapport à leur pito, mais aussi par rapport au contexte général du Pays ». Et au contexte budgétaire en particulier : la masse salariale de la Polynésie atteignait 34,86 milliards de francs au budget 2025 et « devrait très probablement dépasser la barre des 36 milliards en fin d’année ». « Le niveau d’exigences en termes de revalorisation ou de conditions de travail ne peut pas résulter à une surcharge telle que ça viendrait obérer la capacité d’action du gouvernement, explique l’élu. Concrètement, si on met un milliard de plus chaque année dans la masse salariale de l’administration, on ne les mettra pas dans des écoles, des routes, des ponts, de l’investissement… Ou alors il faudra avoir une fiscalité en conséquence ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/Moetai-Fraap-2-surcharge.wav Peu de portes de sortie, donc, et peu de chance de trouver un terrain d’entente avant le départ de Moetai Brotherson et Warren Dexter pour Paris ce weekend. « Ma porte reste ouverte jusqu’à samedi 18 heures » dit-il. Elle le sera aussi dès ce vendredi matin, 7 heures, pour un nouveau round de discussion filmé et ouvert à la presse cette fois. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)