ACTUS LOCALESSOCIAL Préavis de grève de la Fraap : une matinée pour pas grand chose Caroline Perdrix 2025-01-10 10 Jan 2025 Caroline Perdrix La réunion ce vendredi matin entre les responsables de la Fraap et le gouvernement s’est terminée peu après midi sans avancée notable. Le gouvernement est prêt à consacrer une enveloppe de 250 millions aux plus petits salaires. Les deux parties doivent se revoir à 21 heures, voire demain avant le départ à Paris du président du Pays. Au pire, la grève sera déclenchée mardi et, au mieux, la Fraap songe à « suspendre » le préavis qui pourra être réactivé à n’importe quel moment. La Fraap était conviée ce matin à 7 heures à la présidence pour reprendre la discussion sur le préavis de grève qui menace de s’enclencher mardi prochain. Moetai Brotherson, entouré des ministres Warren Dexter (Économie et Finances), Ronny Teriipaia (Éducation), Cédric Mercadal (Santé) et Jordy Chan (Grands travaux). L’établissement d’un calendrier pour la revalorisation des grilles indiciaires des agents des catégories A, B et C ne pose pas de problème particulier. Le Pays, lui, s’est déjà engagé à mener une refonte des cadres d’emploi de la fonction publique en en réduisant le nombre – il y en a 56, « qui produisent des situations inéquitables au sein même de l’administration », reconnaît le gouvernement qui s’engage à faire passer cette réforme qui n’est, précise -t-il, « aucunement une revalorisation des grilles indiciaires » avant la fin du premier semestre 2026. C’est dans ce contexte, et pas avant, que devra être abordée la question des reclassements et de la reprise de l’ancienneté en cas de passage d’un cadre d’emploi à un autre. Moetai Brotherson n’y est pas opposé : « Je ne comprends pas pourquoi ça n’a pas été fait par mes prédécesseurs. » Sur la revalorisation du point d’indice comprise entre 1 300 et 1 500 Fcfp demandée par la Fraap (le point d’indice est aujourd’hui à 1 060 Fcfp), le gouvernement rappelle que la question reviendra à l’ordre du jour des discussions sur les grilles avec tous les syndicats, en mars et avril. Le Pays est prêt à inscrire dans la statut général de la fonction publique que les rencontres sur ce point doivent être conduites chaque année entre le 1er mars et le 30 avril. Hier déjà, Moetai Brotherson avait expliqué que la mise en œuvre de cette demande aurait un coût annuel de 5,4 à 10,7 milliards pour les finances publiques. Non à une autorisation d’exercer une autre activité « C’est surtout la cherté de la vie le problème. Avec 300 000 balles c’est pas évident de vivre aujourd’hui. » Les plus petits salaires du privé, qui n’ont pas la sécurité de l’emploi, et les petites retraites, apprécieront. « On laisse les fonctionnaires du Pays dans la pauvreté, pour moi il est inadmissible qu’un fonctionnaire gagne 145 000 Fcfp, et côté État le plus petit salaire indexé c’est 300 000 Francs », a lancé un des responsables de la Fraap. La centrale syndicale est alors revenue sur la possibilité, évoquée lors de la dernière réunion du Conseil supérieur de la fonction publique, d’autoriser les agents à exercer une autre activité pour compléter leurs revenus, « comme dans le privé ». Mais dans le privé aussi, a rappelé Moetai Brotherson, ce complément d’activité est soumis à l’agrément de l’employeur. Et le Pays n’y tient pas : « Stop, on ne va pas recommencer », a coupé le président qui a eu bien du mal à contenir les interventions sur les trois points du préavis. 250 millions pour les plus petits salaires Le point d’achoppement reste la revalorisation des grilles de rémunération des agents de catégorie D et son coût. La Fraap la chiffrait à 377 millions par an, le gouvernement à 524 millions en incluant les charges patronales. « Les charges patronales, c’est pas les salariés qui les touchent », a répondu la Fraap, imperméable à l’argument budgétaire, tandis que Moetai Brotherson insistait « nous, on est tenus d’examiner le coût total de la mesure, le coût réel pour la Polynésie. Les charges sociales sont, légalement, un élément de salaire. Si on a besoin de dire aux syndicalistes qu’il faut intégrer les charges patronales dans le coût total, je ne peux rien pour vous. » Ce matin le Pays était prêt à consacrer une enveloppe de 250 millions, charges patronales incluses, à une augmentation comprise entre 10 et 20 points pour les fonctionnaires de catégorie D les moins bien payés. La manière dont cela se traduira dans les faits sera présentée en conseil des ministres le 29 janvier prochain. Mais « c’est toute la grille qu’il faut revoir, insiste la Fraap qui demande immédiatement des tableaux précis des changements pour tous les échelons de toutes les catégories. « Le 29 janvier, quand le conseil des ministres prendra une décision, vous aurez toute la latitude pour redéposer un préavis de grève », a répondu Moetai Brotherson. La réunion s’est interrompe vers midi et demie. Avec des syndicalistes dont la colère ne retombait pas : « C’est un menteur, un manipulateur », disait Gérard Barff à la sortie. La rencontre doit reprendre à 21 heures, après la visio-conférence prévue entre Moetai Brotherson et Vannina Crolas, absente du territoire. Si aucun accord n’est trouvé ce soir, il restera une possibilité de rencontre de la dernière chance demain, avant le départ du président pour Paris dans la soirée. Mais, au mieux, dit Gérard Barff, « sachez que la grève sera suspendue jusqu’au 1er mai, parce que maintenant, on n’a plus confiance en la parole donnée. Et vous savez qu’une suspension de grève, il n’y a plus de préavis. À tout moment, on le fait péter. Et là, on aurait le temps de bien préparer, de bien mobiliser les fonctionnaires, de leur dire: Voilà comment vous êtes considérés. » Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)