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Moorea : après le black-out, les questions

Après 22 heures de panne d’électricité, le courant a été entièrement rétabli à Moorea. Mais certaines conséquences du black-out perdurent : la centrale de Vaiare est toujours en « mode manuel », les établissements scolaires seront fermés ce jeudi, beaucoup d’usagers, professionnels ou particuliers, demandent le remboursement des produits frais perdus ou des appareils grillés… Et la question de la gestion du réseau par un Epic local, qui a dû être aidé par EDT pour sortir de la crise, est de nouveau sur la table.

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22 heures. C’est le temps qu’il a fallu à Moorea pour rétablir entièrement son réseau électrique après le black-out survenu mardi en début de soirée. La panne a paralysé toute la vie de l’île, des magasins qui n’ont pas pu ouvrir aux réseaux de téléphonie et d’eau potable, très perturbés malgré les interventions d’Onati et de la Polynésienne des eaux. Le pire a été évité, avec la mobilisation des services de secours pour porter assistance aux malades hospitalisés à domicile, et la préservation des moyens d’action de l’hôpital. Mais les conséquences de la panne perdurent, et pas seulement dans les établissements scolaires toujours fermés ce jeudi.

Vaiare en « mode manuel »

D’abord du côté de la centrale de Vaiare. Si ses groupes thermiques ont toujours été en état de fonctionner depuis mardi soir, une alerte anti-incendie informatique empêchait les agents de l’Epic Te Ito Rau no Moorea – Maiao, établissement public local en charge du service électrique de la commune depuis 2023, de la « brancher » sur le réseau. C’est le problème à l’origine du black-out, et il n’est pas complètement résolu. Des techniciens et automaticiens d’EDT, appelés en renfort – « par solidarité » et « en dehors de tout cadre contractuel », comme le précise la filiale d’Engie – ont seulement réussi à basculer la gestion en « mode manuel ». Et donc à désactiver l’alarme. Ce qui oblige l’Epic à effectuer des gardes permanentes en attendant de pouvoir repasser son principal moyen de production en automatique. Le retour à la normale devrait d’ailleurs encore impliquer Engie dans les jours à venir.

Produits frais perdus, appareils grillés

Mais le black-out va laisser aussi des traces dans les esprits et dans les portefeuilles. Des centaines de particuliers et de professionnels se sont exprimés sur les réseaux sociaux pour demander réparation sur les produits frais qu’ils ont perdus pendant la panne. D’autres interpellent sur les « appareils grillés » et autres électroménagers endommagés par les baisses et pics de tensions qu’a connu le réseau. Et qui ne sont pas nouveaux, pas plus d’ailleurs que les coupures jusque là beaucoup plus temporaires. L’Epic Te Ito Rau no Moorea – Maiao avait déjà promis, tôt dans la journée des « gestes commerciaux ». Son directeur, au micro de TNTV, précise qu’un conseil d’administration sera tenu sur la question des dommages, qui se comptent probablement en dizaines de millions de francs. Difficile à absorber pour un établissement aux finances déjà très fragiles.

Evans Haumani refait l’histoire

La panne laisse aussi beaucoup de questions en suspens. Sur les responsabilités, d’abord. Entre deux réunions de crise, le tavana Evans Haumani rejetait celle de sa mairie, et même celle de l’Epic, confronté selon lui à un problème « nouveau », inédit, et donc, semble-t-il, imprévisible et insurmontable. Les critiques contre l’établissement public, l’élu les balaye : « C’est EDT qui ramassait tout avant, et maintenant, c’est l’Epic qui a repris. Les gens ne sont jamais contents ». Et il s’agace des questions sur d’éventuels regrets d’avoir choisi ce mode de gestion plutôt qu’un opérateur privé : « Quand on a lancé le marché, EDT n’a même pas répondu, explique-t-il. Voilà le résultat. On ne regrette pas. Si au moins ils avaient répondu au marché, ça aurait été toujours eu ».

Une version de l’histoire qui fait bondir la filiale d’Engie, où on rappelle que le cahier des charges présenté 2020 lors du renouvellement de la concession était « impossible à tenir », tant dans ses conditions techniques – part du renouvelable, qui n’a d’ailleurs pas augmenté depuis l’arrivée de l’Epic – que financières. EDT avait bien tenté de discuter avec la mairie d’une révision de ces conditions, mais sans succès. Aucun opérateur privé n’avait mené une offre au bout de la procédure, finalement interrompue par la mairie qui, après avoir hésité à reprendre la gestion en régie, avait choisi en 2022 la voie de l’établissement public.

Rien n’indique donc que ce grand black-out, « une des plus graves pannes électriques de l’histoire de l’île » d’après la mairie, amène du changement dans la gestion du réseau. En revanche, il pourrait faire réfléchir d’autres communes candidates à la reprise en main de leur réseau. Une tendance ces derniers temps puisque les Marquises ont caressé l’idée avant de se raviser sur le fil, et que les Raromatai ont créé une Société publique locale (SPL) qui ne connait pas pour l’instant les mêmes déboires. Cette coupure de 22 heures pourrait surtout faire réfléchir les électeurs, à un an des municipales.

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Jt Vert 23/01/2025

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