ACTUS LOCALESSECTEUR PRIMAIRE La CTC recommande de dissoudre l’Épic Vanille de Tahiti Caroline Perdrix 2025-02-10 10 Fév 2025 Caroline Perdrix Laiza Vongey, directrice de l'Épic Vanille de Tahiti depuis 2018. ©CP/Radio1 La chambre territoriale des comptes publie un rapport incendiaire sur l’activité de l’Épic Vanille de Tahiti depuis 2019, et n’a qu’une seule recommandation : tirer les conséquences d’une situation qui perdure depuis 20 ans, et fermer l’établissement au plus vite. Créé en 2003, l’Épic Vanille de Tahiti (EVT) n’a jamais rempli sa mission et la chambre territoriale des comptes ne voit qu’un remède : cesser de s’acharner et dissoudre dès que possible l’établissement public de 40 salariés dont le budget de fonctionnement annuel est de 354 millions de francs. Doté de missions étendues, de prérogatives larges et de moyens financiers importants, l’Epic n’a pas d’équivalent dans le monde agricole pour d’autres productions, qui sont de la compétence directe du Service de l’Agriculture. Mais plus de 20 ans après sa création, la plus-value d’un tel traitement de faveur est introuvable, même par les fins limiers financiers que sont les magistrats de la chambre territoriale des comptes. Production en recul constant depuis les années 60 L’EVT devait soutenir les professionnels pour renouer avec les chiffres de la première moitié du XXe siècle, quand la Polynésie produisait 100 à 200 tonnes de vanille par an. Mais depuis les années 60, la production de vanille polynésienne n’a fait que chuter. Le fenua se classe aujourd’hui en 10e position des producteurs mondiaux, loin derrière Madagascar, le Mexique et la Chine, et même derrière Tonga, seul autre producteur de la région qui est 8e mondial « en produisant dix fois plus de vanille brute » que le fenua. Des chiffres que les magistrats de la CTC ont été chercher à l’ONU, la direction de l’Epic étant incapable de fournir des données actualisées relatives au marché international. Pas plus qu’elle n’a pu « communiquer avec certitude les effectifs par spécialité (producteur, préparateur, exportateur) ». Quant à la surface cultivée, elle est passé de près de 353 hectares en 1995 à 67,2 hectares en 2023. La vanille polynésienne ne représente que 6% en valeur de nos exportations, malgré « une succession ininterrompue depuis 2003 de plans de relance pilotés par l’EVT ». Même la mise en œuvre d’un signe officiel d’identification et d’origine de la vanille locale s’est avérée trop ardue pour l’Épic Vanille de Tahiti. « Lacunes dans le pilotage, la gestion et le controle interne » Après un audit conduit en 2023, le ministre de l’Agriculture a présenté une feuille de route 2024-2028, mais en interne, elle ne s’est traduite que par une présentation Powerpoint sans calendrier ni budget prévisionnels, « ce qui en atténue significativement la portée opérationnelle » note, pince-sans-rire, la CTC. L’insistante curiosité de la chambre a poussé la direction de l’EVT à proposer un plan d’actions. Encore raté : il « ne permet pas à la juridiction de confirmer une cohérence stratégique ». Car « de sérieuses lacunes ont été de surcroît relevées dans le pilotage, la gestion et le contrôle interne de l’établissement » ; des lacunes qui non seulement ont « des conséquences fortes sur l’effectivité du soutien aux acteurs de la filière », mais qui génèrent aussi « un climat social dégradé qui vient à son tour pénaliser l’efficacité des personnels. » Enfin, en tant qu’Épic, Vanille de Tahiti devrait être financièrement autonome. Mais si l’Épic devait se muer en négociant pour engranger des recettes commerciales, il devrait vendre 63% des exportations polynésiennes, en concurrence directe avec les professionnels qu’il est supposé soutenir. Bref, rien ne va et malgré les protestations de Laiza Vongey qui dirige l’Épic depuis 2018, « la chambre estime qu’il est temps pour le Pays, qui a connaissance depuis longtemps de la situation, d’en tirer pleinement les conséquences. (…) La chambre ne formule qu’une recommandation, à savoir la fermeture de l’établissement. » Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)