Tribune

Ia Tura Ta’u Fenua

Jeunesse : quels passeports pour quel avenir ?

Nous le savons bien. La Jeunesse d’aujourd’hui ce sont les parents de demain, nos futurs adultes, nos acteurs économiques, sociaux, culturels, nos décideurs, nos interlocuteurs incontournables.

Ça, c’est l’avenir : un avenir pour lequel nous sommes en principe tous prêts à combattre. Pour « préparer » la place aux enfants du Fenua.

Ceci dit et en parlant vrai, le monde actuel est-il vraiment ouvert à notre jeunesse ? La jeunesse y a-t-elle sa place, a-t-elle tout simplement  une place, un avenir ? Et existe-t-il un passeport pour le voyage vers et dans le monde adulte, dont les repères semblent échapper à nombre de nos dirigeants ?

La campagne politique serait l’occasion idéale d‘interroger tout un chacun sur cette problématique essentielle. Car à quoi bon promettre à tout va un avenir meilleur si nos enfants n’y ont aucune place correspondant à leurs souhaits ou leurs besoins fondamentaux. Et que penser de la politique si 50% de la population, qui a moins de vingt ans et qui ne vote pas ou peu, n’a pas de véritables interlocuteurs ni de réelle écoute.

La campagne officielle qui vient de s’ouvrir devrait lancer le débat sur ces questions de fond ; des questions qui concernent en premier lieu le cercle familial, aujourd’hui en péril et en souffrance. La famille polynésienne continue, on le sait, d’être traversée par de profondes mutations ; quant à l’éducation, elle est passablement débordée.

La famille – quel beau programme –  est une des priorités centrales de ITTF ; il est question d’en prendre soin, afin qu’elle puisse remplir ses missions premières. Pour l’Education, c’est idem : l’égalité des chances est le moteur de la dynamique à impulser.

ITTF a décidé de faire de l’accompagnement à la famille une priorité reconnue des politiques publiques, s’appuyant pour cela sur les différents acteurs de la société.

Je me présente : Willma TEHIHIRA-CIBARD, psychologue clinicienne. J’ai adhéré au mouvement de IA TURA TOU FENUA mené par Patrice Jamet pour ses valeurs éthiques et citoyennes, qui ont résonné. J’ai souhaité vous parler « Jeunesse », sachant qu’un programme de gouvernement doit s’appuyer sur des missions et que la mission « Jeunesse » me semble, outre la plus importante, la plus délicate, la plus cruciale… la plus URGENTE.

Jeunesse ! Tu rassembles bien des visages, bien des destins ! Il y a les jeunes pour qui tout va bien ou presque. Il y a de l’autre côté ceux qui désespèrent et se révoltent, parce que rien ne va pour eux ni vers eux. Il y a ceux qui sont en recherche, en interrogation, qui avancent avec leurs moyens et leur foi. Il y ceux qui s’accrochent avec ténacité, mais qui se demandent combien de temps ils vont tenir et pourront continuer. Et il y a ceux qui se font oublier, que la société ou la vie a oubliés, ne regarde pas, a mis sur le côté, rejetés.

Les questions concernant la jeunesse sont universelles, me répondrez-vous. Il est vrai. Ces questions reposent sur des valeurs supérieures : l’amour, le respect, l’éducation dans le sens premier : « élever » les enfants. Ces questions ne se cantonnent pas au Fenua, même si c’est ici que nous devons apporter nos réponses spécifiques.

Cette jeunesse – notre jeunesse polynésienne – a son propre univers, ses propres rêves, si différents des préoccupations adultes… Notre jeunesse polynésienne a sa musique et ses codes, complexes d’accès. C’est la jeunesse de l’audace et du sourire ; de l’affrontement, nécessaire, avec la structure familiale et de l’insouciance : le Taureare’a.

C’est de toute cette jeunesse-là, riche dans sa diversité culturelle, ethnique, humaine dont ITTF parle et fait sa PRIORITE. Sans oublier aucun de ces jeunes visages sur le bord du chemin.

Car notre jeunesse plurielle est notre atout, notre richesse.  Mais par où agir ? Comme dans toute politique il est question de définir des priorités d’actions, parmi lesquelles, inéluctablement, l’aide à la petite enfance APPARAIT car c’est le socle, car c’est bien là que se construisent les assises de l’individu. Je répondrai également : il faut faire le pari de l’éducation civique et citoyenne, à l’école ; il s’agit de partager ensemble et de donner du sens aux valeurs fondamentales qui construisent et participent au développement d’un être humain.

ITTF a misé sur la jeunesse pour la composition de sa liste électorale. Il est question d’accompagner, de mutualiser, de s’engager avec les jeunes, de construire, de co-construire et de transmettre pour que demain, ils transmettent à leur tour des postures signifiantes et responsables.

Vous avez sans doute déjà entendu ce type de discours. Et même parfois dans la bouche des grands politiques. Entre deux super programmes, c’est le thème à placer. Mais quelle sincérité dans cette démarche ?

Oui, soyons réalistes. Parlons programmes, parlons d’économie solide et solidaire, de soutien aux entreprises seules créatrices d’emplois et de croissance. Parlons également d’éducation formelle, de logement, de développement durable car notre Fenua le vaut bien et il est unique. Parlons également de culture sans banaliser, en permanence, ses acteurs, car les acteurs de la culture ont sûrement plus de préponses à apporter que bien des politiques, quant à l’intégration sociale de nos jeunes. Ils sont et œuvrent auprès de nos jeunes au quotidien.

Mais surtout agissons pour la famille et pour l’enfance, la petite enfance, jeunesse de la jeunesse. Agissons pour notre jeunesse,  pour nos enfants, agissons en professionnels et surtout et avant tout en êtres humains, en êtres responsables… Pas en politiques endimanchés !

Agissons en tant que citoyens respectueux les uns des autres, solidaires car la solidarité c’est aussi de penser que les enfants du Fenua sont tous nos enfants, que nous en sommes tous co responsables.

De ce point de vue, la situation devient plus claire. Il s’agit de mieux répondre aux attentes et aux besoins de nos concitoyens les plus vulnérables et les plus exposés, de renforcer les dispositifs de prévention qui ont sombré alors qu’ils avaient fait la preuve de leur efficacité, comme l’EPAP. Il s’agit de trouver de nouvelles modalités d’action contre les inégalités sociales touchant la jeunesse.

Montherlant décrivait la jeunesse comme « le temps des échecs ». Oscar Wilde disait, au contraire, que la jeunesse était « un art ».

Il ne s’agit pas d’offrir un tricot politique à un jeune pour le convertir à un thème, ou bien à un programme. Il faut offrir un passeport pour l’avenir.

C’est là tout le combat de ITTF.

Willma TEHIHIRA-CIBARD

 

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