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À ADT, les discussions commencent enfin, mais la grève se poursuit


Une semaine après le dépôt du préavis de grève, l’intersyndicale a enfin rencontré la direction d’Aéroport de Tahiti, ce mardi après-midi, avant de se rendre à la présidence dans la soirée. Des discussions qui, malgré « quelques avancées », butent sur les points les plus importants : la gestion des ressources humaines, les salaires et les conditions de reprise des salariés dans les aéroports à Bora Bora, Rangiroa et Raiatea. Trois destinations qui seront privées de vols vers et depuis Tahiti pour une journée de plus, et peut-être davantage.

[MàJ 22h30 : résultat des discussions à la présidence]

« Personne ne veut que ce mouvement s’éternise ». C’est ce qu’affirmaient les responsables syndicaux, ce mardi, à la sortie d’un round de discussions avec la direction d’ADT. Certains auraient préféré qu’il ne commence pas, mais de rencontres avortées en mail de convocation pas délivré, il n’y avait tout simplement pas eu de rencontre formelle entre les deux parties depuis le mardi 16 juillet, date du dépôt du préavis de grève de la CSIP, la CSTP-FO, Otahi et O Oe to Oe Rima. Une semaine plus tard, donc, les dix points de revendication ont pu enfin être développés et débattus, avec « quelques avancées », d’après les syndicats mais « pas assez d’engagements de la direction » pour espérer signer un protocole de fin de conflit.

« Pas des problèmes qui datent d’hier »

Pour les plus de 3 500 passagers privés de vol ces derniers jours – 1 500 de plus devraient être concernés ce mercredi, et plusieurs centaines sont toujours bloqués loin de chez eux – ce manque d’empressement suscite forcément de l’incompréhension. Au mieux. Et comme l’avait fait la direction dimanche, les syndicats rejettent la faute sur la partie adverse. « Si ADT est arrivé en grève, ça n’est pas à cause de problèmes qui datent d’hier, la situation de souffrance du personnel, le manque de maintenance de la structure aéroportuaire, ils datent d’il y a plus de 13 ans, rappelle Patrick Taaroa, le secrétaire général de la CSIP. Aujourd’hui, on nous dit encore ‘on va discuter’, ‘on va regarder’, ‘on va classer par priorité’… Et ça va encore durer. On est à notre cinquième directeur général et on a l’impression qu’il va avoir la même politique que ceux d’avant. Les représentants d’ADT, eux, disent ça suffit, on arrête ».

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La DRH dans le viseur

Les points durs des discussions n’ont pas changé. La gestion des ressources humaines, d’abord. Les syndicats, qui semblent largement soutenus par le personnel sur cette question, estiment que la gestion de ces dernières années, « défaillante » et émaillée de « manques de respect, « consiste à faire régner « un climat de peur » au sein de la société, de serrer la vis des effectifs aux dépens de la « performance », et d’ignorer la dégradation des conditions de travail, entre autres à cause d’infrastructures qui n’inspirent que de la « honte » au personnel. Le cahier de revendications ne demande, formellement, la tête « de personne », note Lucie Tiffenat, mais le nom de la directrice RH, Orlane Diallo, avec qui l’intersyndicale avait refusé de discuter vendredi dernier, est omniprésent sur les pancartes des militants. « Si le directeur est intelligent, il aura compris notre message, précise la cheffe de file d’Otahi. Il devrait réfléchir, si il veut que ce problème soit réglé, il devrait réorganiser le service RH de ADT ».

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Les salaires, ensuite, sur lesquels il existe « une différence d’interprétation » d’un protocole signé en début d’année et une demande de revalorisation sur la base de l’augmentation de l’indice des prix à la consommation. La porte est ouverte sur ces deux points, « mais rien n’est écrit », note un militant : « la direction doit revenir avec des propositions ».

De nouvelles garanties pour les îles

Les grévistes appuient surtout leur mouvement sur le blocage des aéroports de Rangiroa, Bora Bora et Raiatea, paralysés par l’arrêt de travail des pompiers. Et c’est sur ces trois plateformes que porte l’autre grand point de revendication. Aujourd’hui gérées par ADT, elles font l’objet d’un appel à candidatures pour une délégation de service public du Pays, à qui a été transféré la propriété des trois aéroports par l’État en 2020. Et les conditions de reprise des salariés par le futur délégataire inquiète. Là encore, le débat a avancé. Le Pays avait, après une sollicitation d’ADT, apporté des précisions écrites en fin de semaine dernière. « Pas suffisant » pour l’intersyndicale, qui note que rien ne garantit aux personnel de ne pas « perdre tous ses acquis » après une de 7 ans et une éventuelle intégration dans la fonction publique territoriale. « Il faut qu’il y ait davantage d’engagements », insistait en fin d’après-midi Lucie Tiffenat.

Le sujet a été longuement discuté, dans la soirée de ce mardi, lors d’une rencontre à la présidence. Et d’après Cyril Le Gayic, de nouveaux engagements ont bien été pris. « Le gouvernement s’est engagé à refaire l’appel d’offres en garantissant la reprise du personnel avec leur droit acquis, assure le secrétaire général adjoint de la CSIP. Le Pays a reconnu avoir pêché sur cette partie là ».

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Un point qui semble prêt à être évacué. Pour le reste, il faudra continuer à discuter avec la direction d’ADT. Les syndicats espèrent tout de même que le Pays, actionnaire à 49% de la société aux côtés d’Egis, qui en a les manettes, appuiera certaines de leurs revendications. Mais rien n’assure à ce stade qu’un protocole d’accord puisse être signé ce mercredi.