Tribune A ceux qui préfèrent le jeu aux enjeux Laurent Bitouzet 2013-03-09 09 Mar 2013 Laurent Bitouzet Teimana Ellacott © DR Taimana Ellacott © Frederic Benot Fini ce temps, où l’instabilité politique était de mise. Fini le temps des girouettes qui tournent avec le vent. A priori, le parti (ou la fusion de liste) qui remportera les élections territoriales dans 56 jours seulement, nous gouvernera de tout son tact et son panache pendant 5 ans, sans interruption ni répit. Chers é/lecteurs de Radio 1, autant vous dire que les enjeux sont conséquents et que tous les programmes doivent être étudiés. C’est notre beau Fenua qui est en jeu, son avenir et son rayonnement ! Lorsque l’on observe l’effervescence médiatique sur ces élections, on peut distinguer et catégoriser les interventions de chaque compétiteur. Les thèmes sont exacerbés afin de faciliter le repérage ou la ligne directrice d’un parti, et ainsi attirer une masse d’électeurs. Attention cependant à ce que le thème ne serve pas d’éclipse politique, cachant alors un vide sidéral de réformes proposées. Commençons par les trois courants ayant une chance d’être présents au 2ème tour. Le Tahoera’a Huira’atira a choisi pour thème la stabilité. Dans un contexte politique instable depuis 2004, ce thème sonne comme un mea culpa, comme si la cause d’instabilité devait être réparée par son instigateur, très bon choix. L’UPLD mise sur la continuité avec la réinscription. Logique pour un parti ayant déjà le pouvoir, ils ne peuvent pas promettre sans qu’on leur rétorque « mais pourquoi vous ne l’avez pas déjà fait alors ? ». Enfin A Ti’a Porinetia prône l’emploi et le renouveau. L’emploi est un très bon thème car il ne peut être attaqué sur le fond, difficile d’être contre la reprise économique, le retour au plein emploi et à la croissance, alors que le débat sur la réinscription ou la stabilité fait rage. Par contre le renouveau laisse à désirer, non seulement parce que la moitié de ses membres sont des « déjà vus », mais aussi parce que « renouveau » est un oxymore, on ne peut pas être ‘nouveau’, et ‘re’ à la fois. Sans oublier le social et la relève de Porinetia ora qui pourrait paraître antinomique à ATP, mais qui connote un désir de changement de tête en gardant le même système gangréné. C’est ici alors que se démarque Te Hiti Tau ‘āpi dont le thème est la nouvelle gouvernance, résumé dans le manifeste de ma copine Puna, « Mais changer de gouvernants sans changer de façon de gouverner ne suffira pas ». Néanmoins partir seul c’est malheureusement partir handicapé. Passons rapidement sur A Tura to’u fenua parlant de société civile au pouvoir, le même cocktail qui a permis à M. JAMET de piquer la mairie de Mahina avec la promesse de ne « se concentrer uniquement sur sa mission de maire » ; ou encore de M. VERNIER et sa départementalisation qui devrait lire les 3 Actes de la décentralisation avant de parler. La politique, nous dit-on, c’est la science de l’antagonisme. En effet, les courants politiques sont multiples car indissociables, en théorie insolubles entre eux. Or chez nous, les thèmes sont complémentaires : Le nationalisme polynésien ressemble de plus en plus à un souverainisme autonomiste et la stabilité n’est nullement incompatible avec l’emploi, le social, ou la participation civile. On retombe alors dans un choix manichéen du moins pire, plutôt que du meilleur. En fait, ici le jeu c’est le Poker et l’enjeu c’est la Polynésie. Chacun cache ses cartes pour éviter que son voisin ne les voit. Certains en cachent dans leurs manches, ‘au cas ou’, et d’autres jouent fermés et ne partagent pas les cartes communes du flop. Viennent alors fourberies, bluffs, et trahisons ; amour gloire et beauté. Mais dans cette métaphore, où se situe le citoyen? Il est bien là le problème. Si vous vous abstenez vous n’êtes que le croupier, alors que si vous votez, vous êtes le maître du jeu et c’est vous qui décidez qui va rafler la mise. Alors j’entends chez les djeunes de mon âge « ça suffit ! Ta’ahoa ! Tahuri ! Fiu la politique pa’i aussi ‘gin! Ié huru voter pour ces bandits » Mais j’irai plus loin… A Fano, A ti’a, A ara, A rave… Suivons un cap ! Levons-nous ! Réveillons-nous ! Prenons conscience de notre avenir! Votons tout simplement ! Pour moi la Polynésie est un « va’a » creusé dans un bois noble et robuste. Or chaque élément de la pirogue est important, du « ama » à la rame ou encore du « Fa’ahoro » au « Pēperu ». Ici vous avez à choisir un équipage composé de différents membres pour atteindre un objectif commun, l’avènement de la Polynésie Française… Citoyennement, Te aroha ia rahi. Taimana ELLACOTT Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)