Entre deux campagnes dans les îles, le parti de Nicole Sanquer et Nuihau Laurey veut afficher ses couleurs vertes tout autour de Tahiti pour un « Tere Farerei » de plusieurs semaines. L’occasion de faire connaître son projet, de le parfaire, de recruter… Et de dénoncer le manque de « réponses » du Tapura et du Tavini aux « problèmes réels du pays ».
La campagne est lancée. Au A Here ia Porinetia, pas question de le nier, on pointe même que cela fait « plusieurs mois que ça a commencé« . Pour preuve, Édouard Fritch et le Tapura « n’arrêtent pas de couper des rubans » quand le Tavini inonde les réseaux sociaux et organise des séminaires… Le parti fondé par Nicole Sanquer et Nuihau Laurey, lui, multiplie les réunions politiques sur le terrain. Après les Raromatai et les Tuamotu, avant les Australes et les Marquises, et alors que les « groupes de travail » s’enchaînent dans la nouvelle permanence, à quelques pas du siège de la CPS, le jeune mouvement lance un tournée des communes de Tahiti à partir de lundi. De Mahina, ce 24 octobre, à Tautira, plus d’un mois plus tard, ce « Tere Farerei » est avant tout l’occasion de faire connaître le parti aux couleurs vertes et ses têtes d’affiches, il est vrai, encore peu nombreuses. L’occasion, aussi, de recruter des militants, ou même de potentiels colistiers pour les territoriales d’avril.
Le programme avant la liste
« Il ne s’agit pas de faire une liste : nous avons prévu un appel à candidature au mois de janvier, nuance Nicole Sanquer. Mais nous travaillons avec des équipes qui demandent à être élargies, et il est vrai nous souhaitons convaincre plus de personnes de nous rejoindre ». À l’heure actuelle, le parti, qui compte dans ses rangs Félix Tokoragi, s’est rapproché de Sylviane Terooatea ou Bernard Natua, n’a que « très peu d’élu », reconnait sa cheffe de file : « A here ia Porinetia, c’est surtout un mouvement de citoyens qui veulent s’engager pour le changement ». L’ancienne députée Tapura veut être claire : les discussions sur la composition de la liste sont aujourd’hui prématurées et « pas constructives ». L’heure est à la discussion sur le fond et sur un projet « en construction ». Et là aussi le leitmotiv est le « changement » :
Si certains chiffrages manquent encore, et que A here ia porinetia se dit ouvert aux suggestions pour parfaire son programme avant le mois de décembre, les grandes lignes sont annoncées depuis la campagne des législatives. Mesures institutionnelles avec notamment la limitation des mandats et la baisse du train de vie des collectivités, mesures économiques avec en points phares la baisse des impôts et la réorganisation de l’administration.
Pas de « concret » dans le projet de budget du Tapura…
Nuihau Laurey, ancien ministre des Finances d’Édouard Fritch l’assure : les prix peuvent baisser, l’économie être libérée et le niveau de vie du fenua augmenter sans tailler dans la qualité des services publics ou de la protection sociale. Depuis de longs mois déjà, il pourfend la « bureaucratie », les « embauches injustifiées » et surtout, le niveau de dépenses propres du gouvernement et de l’assemblée, les premières qui seront coupées. Le détail exact des économies à réaliser et des baisses de fiscalités qu’elles peuvent réellement engendrer reste toutefois à être publié. Mais l’ex-sénateur le répète : il y a quoiqu’il arrive urgence à réformer. Et d’après lui rien dans le document d’orientation budgétaire étudié en ce moment même à l’assemblée, ne laisse penser que le Tapura veut « passer à l’action ». « C’est quasiment la copie conforme du document de l’année dernière, tacle-t-il. On voit des généralités – réformer le système d’aides à l’emploi, aider davantage les jeunes, dynamiser l’économie, mais concrètement on ne voit aucune proposition ». À l’entendre, la situation financière et économique du pays, dans un contexte mondiale qui ne se détend pas, invite à des « mesures fortes ». « Mais on a aussi une campagne qui se déroule, et on voit bien que l’objectif pour le gouvernement est plutôt de gagner des voix en coupant des rubans, en inaugurant… C’est ce à quoi on assiste aujourd’hui ».
… Ni dans le « doux rêve » d’indépendance du Tavini
Le cofondateur de A here ia Porinetia n’oublie pas d’attaquer aussi le Tavini, qui, après une campagne législative plus orientée sur les questions économiques et sociales, remet l’indépendance au centre de son discours à l’orée des territoriales. « C’est la proposition qui est faite depuis des années, des décennies, sauf qu’on ne nous dit pas concrètement ce qu’il y a derrière. Ce qui va être fait pour sauver la PSG, pour développer l’économie… On nous parle des ressources marines alors qu’aucun pays qui est capable d’exploiter ces ressources, explique l’élu. Finalement, le Tavini se cache derrière ce doux rêve de l’indépendance pour éviter de devoir régler concrètement les problèmes graves qui se posent à tous les Polynésiens ».
Le Tere Farerei de A here ia Porinetia
|