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À la PJJ, moins d’éducateurs, c’est « moins de moyens pour lutter contre la récidive »


Dans le sillon d’un mouvement national, les agents de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Polynésie ont fait grève ce mercredi pour dénoncer des coupes de budget et d’effectifs dans ce service du ministère de la Justice. Au fenua, cinq éducateurs en CDD ne devraient pas être renouvelés d’après les grévistes, et une unité spécialisée dans la réinsertion des mineurs délinquants pourrait même fermer. Des décisions « complètement contradictoires » avec les discours politiques servis à Paris ou Papeete, s’agacent les syndicats.

C’est un petit piquet, prévu pour durer une seule journée, bien loin des grèves en série et au long cours de l’aéroport, qui s’est formé ce mercredi matin devant l’immeuble Papineau, le siège polynésien de la PJJ. La Protection judiciaire de la jeunesse, une des directions dépendant du ministère de la Justice national, est secouée depuis la fin juillet par des coupes budgétaires annoncées par Paris. Et qui se traduisent concrètement par des baisses d’effectifs dans toutes les antennes de ce service d’État chargé, entre autres, de mener des actions d’éducation et de réinsertion pour les mineurs sous protection judiciaire. Toutes, y compris celle de Polynésie.

« Ça veut dire qu’une unité entière fermera »

Sur les « 400 à 500 » postes de contractuels qui devraient disparaitre au niveau national, le syndicat des éducateurs SNPES – PJJ, affilié à la FSU, en compte cinq au fenua. Cinq éducateurs contractuels qui « verront leur CDD non renouvelé dans les prochains mois ». « Ça veut dire qu’une unité entière fermera, une unité d’insertion, explique la déléguée syndicale Vaihere Kwong. Cette unité s’occupe des mineurs délinquants qui se retrouvent sans activité, en décrochage professionnel… Leur travail à eux, c’est de travailler avec ces jeunes-là pour qu’ils retrouvent le chemin d’une formation, de l’école. C’est quelque chose de très important pour éviter la récidive ». 

Les deux tiers des agents locaux auraient répondu présent pour ce mouvement. Un chiffre là encore avancé par le SEPJJ, et là encore pas confirmé par la hiérarchie puisque l’ancienne directrice territoriale de la PJJ polynésienne a quitté son poste fin juillet et que son successeur n’a pas encore pris ses fonctions.

« Le discours qui est affiché et la réalité sont complètement contradictoires »

Mais qu’importent les chiffres, les agents – une quarantaine de personnes, dont 25 éducateurs – seraient « tous d’accord » pour dénoncer la décision parisienne. L’idée, en plus de soutenir le mouvement de protestation national, est aussi d’obtenir un soutien politique ici en Polynésie. Car si c’est Paris qui gère ce service, son action profite bien « à tous les Polynésiens, aux enfants du pays » et a donc « a de quoi intéresser les politiques » locaux, relève Vahiere Kwong.

À l’entendre, ces baisses d’effectifs décidées par l’État – et liées selon elle aux dépenses engagées pour les Jeux Olympiques – ne sont cohérentes ni avec les discours des gouvernement locaux et nationaux, ni ceux du haussariat en matière de jeunesse, de délinquance et de réinsertion. « C’est là notre indignation, notre incompréhension. Depuis quelques années, on tend à développer le service de la PJJ pour garantir un suivi éducatif des mineurs délinquant, il y a le premier foyer de la PJJ qui va ouvrir le 1er septembre, et à côté de ça, on voit qu’une autre unité va fermer, appuie la militante. C’est ça qui est paradoxal, qui nous met en colère parce que le discours qui est affiché et la réalité sont complètement contradictoires ».

En réaction au mouvement de protestation, la direction nationale de la PJJ avait indiqué début août à l’AFP que son budget avait augmenté de 27% entre 2020 et 2024. D’après ses responsables, les mesures de restrictions annoncées viennent freiner une « accélération des recrutements » observée depuis le début de l’année, et réagissent à un « dépassement » de la masse salariale de la direction. L’État assure qu’une « attention toute particulière » est apportée, dans ces non-renouvellement de contractuels, « à la continuité du service public et la qualité de la prise en charge des jeunes », précise le Figaro.

Pas de quoi rassurer les grévistes de ce mercredi : d’autres mouvements pourraient être organisés dans les semaines à venir à la PJJ, probablement pour la rentrée métropolitaine de septembre.

 

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