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À l’institut Malardé, de nouvelles machines pour accélérer le rythme des dépistages


Central dans l’effort de dépistage du Covid-19, l’Institut Louis Malardé a reçu deux nouveaux extracteurs qui doivent progressivement augmenter ses capacités de tests. De 300 à 350, l’ILM pourrait friser, à terme, le millier de tests quotidiens. Un protocole de tests antigéniques, plus rapides, est peu à peu mis en place en parallèle. Entretien avec le directeur de l’ILM, Hervé Varet. 

L’épidémie s’accélère, et le dépistage devrait suivre le rythme. C’est en tout cas ce qu’a annoncé le président Édouard Fritch aux tavana et aux partenaires sociaux réunis lundi au Haussariat. L’institut Louis Malardé (ILM) va en effet pouvoir s’appuyer sur de nouveaux équipements pour réaliser ses analyses. Car ce ne sont pas les écouvillons nécessaires aux prélèvements qui freinent la cadence : avec jusqu’à 500 cas suspects reçus chaque jour à Paofai, le « Fare Covid » tourne à plein régime. Mais une fois l’échantillon prélevé, il faut le « techniquer ». « Quand on réalise un test RT-PCR, on doit extraire du prélèvement les morceaux d’ARn du virus, puis on les amplifie pour pouvoir les déceler, rappelle Hervé Varet, le directeur de l’ILM. Aujourd’hui, nous sommes très bien équipés pour l’amplification : la limitation dans la réalisation des tests, c’est l’extraction ».

Doubler les capacités, et peut-être davantage

Ce sont donc deux « extracteurs » qui ont été commandés, voilà déjà quelques mois, pour se préparer à une éventuelle accélération épidémique, aujourd’hui réalité. Du matériel très recherché sur le marché mondial, et aussi très technique à installer. La première machine, arrivée il y a une dizaine de jours à l’institut ne pourra ainsi être mise en route qu’à la mi-novembre, avec le passage en Polynésie d’un technicien spécialisé. La seconde, arrivée lundi, mais dont l’installation peut être faite à distance avec l’aide fournisseur, pourrait être active dès la semaine prochaine.

L’ILM était jusqu’à présent équipé pour réaliser des extractions sur 120 prélèvements en simultané. Chacune de ces machines ajoute une capacité de 96 échantillons à l’opération. Il faudra toujours du temps – 1h30 à 2 heures – et des techniciens qualifiés pour effectuer ces extractions, de même que pour mener la phase d’amplification, qui dure, là encore, près de deux heures. Mais les capacités de test de l’ILM devraient tout de même augmenter rapidement ces prochaines semaines. « En moyenne aujourd’hui, on tourne entre 300 et 350 tests par jour, pointe le directeur de l’institut. Dans un premier temps, avec ces nouveaux équipements et les équipes en place, on espère atteindre 600 voire 700 à 750 tests par jour ». À terme, l’ambition est de se rapprocher des 1000 prélèvements analysés quotidiennement. « Si c’est nécessaire », précise le responsable : aujourd’hui le ministère de la Santé priorise le test des cas symptomatiques, mais il pourrait décider, à l’avenir, d’élargir la politique de dépistage. Toutes les capacités seront alors les bienvenues.

Hervé Varet en juillet, présentant les kits de test toujours distribués à l’aéroport. Près de 30 000 ont été réceptionnés depuis par l’ILM, mais leur analyse par « pool » permet de limiter leur poids sur les capacités de dépistage. ©Presidence

Les deux machines ont été commandés à deux fournisseurs différents et sont issus de deux fabricants différents. Pas un hasard : en diversifiant son parc technique l’ILM espère limiter les risques de pénuries de consommables. Car l’extraction, de même que l’amplification, nécessite des réactifs. « Nous en avons commandé une certaine quantité en même temps que les machines, et les fournisseurs sont en mesure de nous réapprovisionner si besoin », rassure Hervé Varet.

Recrutements complémentaires

Le « frein » du matériel se lève peu à peu. Restent les capacités humaines, primordiales pour accompagner cette montée en puissance. Du côté des prélèvements, le Fare Covid « a été armé en conséquence » des missions cruciales de l’institut. Une dizaine d’infirmiers se relaient pour accueillir les cas suspects et, le turn-over étant important, l’ILM se dit ouvert aux candidatures. Du côté des analyses, certains des techniciens et chercheurs attachés à d’autres laboratoires de Malardé (virologie, notamment) ont été habilités à renforcer les rangs du laboratoire de biologie médicale, où sont « techniqués » les tests. « On va faire avec tout ce qu’on a en interne et on a déjà lancé des recrutements complémentaires », pointe le directeur de l’établissement. Un nouveau technicien est arrivé il y a une dizaine de jours, des biologistes sont aussi recherchés… Mais le personnel qualifié est rare, y compris sur le plan national. La Polynésie n’est pas seule à vouloir augmenter ses efforts de dépistage.

Les tests rapides déjà mis en œuvre

Le ministère de la Santé a reçu le matériel nécessaire pour effectuer tests antigéniques au fenua. Et l’ILM a déjà commencé à les utiliser, depuis la semaine dernière, en complément des tests « classiques » RT-PCR. Les tests antigéniques permettent d’obtenir des résultats en moins d’une heure sur la base du même type de prélèvement nasaux que les tests RT-PCR. Mais ils ne sont pas aussi sensibles que ces derniers : le virus n’est détecté que dans 60% des cas, environ. Les « faux négatifs » sont fréquents, donc, mais les tests positifs, eux, sont fiables comme l’a confirmé la Haute autorité de santé nationale, qui a émis, le 25 septembre, un avis favorable à l’utilisation de cette nouvelle option pour les personnes symptomatiques. Or ce sont bien ces personnes, dotés d’un certificat médical qui établit leurs symptômes, qui arrive aujourd’hui au Fare Covid. L’idée est donc de tester les prélèvements en antigénique et de doubler l’analyse en RT-PCR si le résultat rapide est négatif.

Ces tests rapides ne sont pas une solution miracle à la crise : ils nécessitent eux aussi du personnel pour être « techniqués » dans l’heure suivant le prélèvement. Et vu le manque de sensibilité de l’antigénique, les tests « lents » resteront la référence. « Le jour où on sera sur un dépistage plus massif de population, on aura quoiqu’il arrive besoin de capacités importantes de tests RT-PCR », rappelle Hervé Varet.

 

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