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À l’ONU, la question de la Polynésie française toujours d’actualité

Le Comité spécial des Nations Unies sur la décolonisation a ouvert ce lundi sa session 2022. La question de la Polynésie française est toujours d’actualité dans ses travaux. Une résolution rappelant leurs obligations aux puissances administrantes a été approuvée, ainsi qu’une autre qui vise à préparer un plan d’action pour des missions de l’ONU dans ces territoires.

Lors de sa première réunion de l’année, le « Comité des 24 » (qui en compte aujourd’hui 29) a approuvé deux résolutions : l’une titrée «Information sur les territoires non autonomes » qui rappelle aux puissances administrantes leur obligation de transmission d’informations sur les conditions économiques, sociales et éducatives dans leurs possessions ; l’autre titrée « Envoi de missions spéciales dans les territoires » à décoloniser, qui demande au président et au bureau du Comité de développer, au cas par cas, un plan pour la conduite de visites dans les 17 territoires non autonomes listés par les Nations Unies.

« Une insulte à l’histoire et au gouvernement de la Polynésie française » pour les uns

Engel Raygadas, de la Délégation aux affaires internationales et européennes qui dépend de la présidence, a déclaré que la Polynésie française construit son autonomie depuis plus de 40 ans, et rappelé que l’article 1 de la loi organique de 2004 définit le territoire comme se gouvernant librement et démocratiquement. Si la Polynésie française n’est pas totalement « autonome » au sens des Nations Unies, elle prend malgré tout en main son développement et son avenir, avec des élections territoriales tous les 5 ans. Il s’est donc déclaré « perplexe » qu’une évaluation conduite par un consultant indépendant qui ne ressort ni de la Polynésie ni de l’ONU estime que le territoire n’atteint pas le niveau d’autonomie requis, « ce qui est une insulte à l’histoire et au gouvernement de la Polynésie française », résume le communiqué des Nations Unies. Il a plaidé pour que les Nations Unies révisent leur lecture de cette évaluation, mettant en avant l’engagement du territoire dans la prochaine conférence de l’ONU sur les océans comme un des exemples de la maturité politique de la Polynésie et de son engagement sur les objectifs de développement durable de l’ONU.

Le statut, « un préalable à l’autonomie totale, pas son incarnation » pour les autres

En réponse, Carlyle Corbin qui mène le Projet d’études sur la dépendance, a exprimé sa déception sur les résolutions de décolonisation adoptées sans que personne ne soit tenu responsable de leur exécution, et déclaré que la question de la Polynésie française en est l’illustration. Il a réitéré son opinion que l’autonomie polynésienne n’est pas complète au sens de la Charte de l’ONU : « Ce type d’arrangement territorial a toujours été vu comme un préalable à l’autonomie totale, et non pas comme son incarnation », soulignant l’absence de coopération de la France avec les instances onusiennes de décolonisation, et regrettant que le débat soit réduit à la simple « expression d’opinions divergentes ».

En théorie, rien n’empêche les Nations Unies de faire procéder à ces visites. Édouard Fritch lui-même en avait fait la demande, pour pouvoir prouver que la Polynésie se gouverne seule. En pratique, la fin de non-recevoir de la France sur cette question, puis les deux ans de crise sanitaire, n’ont pas contribué à faire avancer les débats. Les travaux du Comité mèneront en octobre prochain à la réunion de la 4e Commission, à laquelle le Tavini enverra des représentants, indiquait ce lundi Richard Tuheiava. Le gouvernement du Pays y sera également représenté.

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