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À l’UPF, une union sacrée pour en finir avec « le parcours du combattant » de l’innovation


Nahiti, c’est le nom du programme porté par les instituts de recherches du fenua, alliés pour l’occasion à plusieurs collectifs entrepreneuriaux. Un programme lauréat de fonds nationaux et qui, pendant trois ans, va tenter de structurer l’écosystème de l’innovation, et mettre sur pied un nouveau schéma d’accompagnement des start-ups du fenua. Dix d’entre elles, dans le domaine des technologies de la mer, des déchets ou de l’agriculture, ont été choisies pour tester ce nouveau protocole. 

Au lendemain de l’inauguration de son nouveau pôle de recherche, l’UPF y avait réuni ce matin les représentants de l’Ifremer, de l’IRD, du Pays, de l’État, du cluster maritime et du Medef. Tous, comme plusieurs autres établissements de recherche et organisations entrepreneuriales, sont membres de Resipol+, un consortium piloté par l’université et qui a répondu, ces derniers mois, à l’appel à projet national « Innovation Outre-mer ». Sa proposition, c’est Nahiti, un programme conçu au terme de longs mois d’échanges et de consultations, et qui a pour but de « structurer le secteur de l’innovation » au fenua. Il y a quelques jours, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé que Nahiti faisait partie des 8 lauréats de l’appel national. L’État a visiblement pris garde de n’oublier aucun territoire ultramarin dans sa sélection, mais elle permettra tout de même au consortium de profiter d’un million d’euros (120 millions de francs) de financement. De quoi embaucher du personnel spécialisé, et surtout développer un « accompagnement efficace et adapté aux porteurs de projets ».

Réflexion « globale »

Ça n’est pas la première fois, loin de là, qu’une institution se propose d’aider les jeunes pousses à sortir de terre, de permettre à l’innovation polynésienne de « concrétiser son potentiel » ou même de revoir les parcours des jeunes entrepreneurs. L’État offre plusieurs programmes de soutien aux start-ups, la CCISM finance des programmes comme son incubateur Prism, qui doit être complété par un accélérateur, des associations comme la French Tech se sont constituées pour mettre en connexion les acteurs et huiler les rouages de l’innovation… Et surtout le Pays a voté l’année dernière une stratégie de l’innovation, composée de 40 actions, normalement mises en œuvre depuis le mois dernier. Mais jusque là, l’idée selon laquelle fenua peut-être une « terre d’excellence » entrepreneuriale, « montrer la voie » sur les technologies d’avenir ou se faire connaitre par sa capacité à innover, est restée, à quelques exceptions près, une incantation de discours. Sauf que cette fois « les planètes s’alignent », explique la déléguée à la recherche du gouvernement, Tea Frogier.

Ainsi Nahiti ne vient pas « remplacer quoi que ce soit » et ne fera pas doublon : il s’agit donc de « compléter » l’existant, et surtout d’apporter une réflexion « plus globale » au sujet. « Aujourd’hui, c’est un peu le parcours du combattant, on a beaucoup de témoignages de porteurs de projets qui cherchent à savoir comment faire, où aller, qui contacter, explique Nabila Gaertner-Mazouni, professeur en écologie marine à l’université et qui en est aussi la vice-présidente de l’université en charge de la recherche. L’idée de Nahiti, c’est de construire ensemble un schéma pour accompagner ces porteurs de projets, que ce soit des chefs d’entreprise ou des chercheurs dans leur démarche de maturation ». 

Six projets sur dix du côté maritime

Les grandes lignes de schéma « intensif », baptisé Polynnov, sont déjà là. Mais il faudra bien les « adapter » à chaque type de projet et surtout le faire évoluer, le parfaire, dans les trois prochaines années, durée de financement de Nahiti par l’État et par les partenaires du projet. Pour tester et affiner le programme, dix start-ups ont ainsi été sélectionnées. On y trouve aussi des structures naissantes, d’autres beaucoup plus avancées, des projets liés a la valorisation de la biodiversité locale – comme Te’aute, qui vise à valoriser les hibiscus – des idées pour développer l’enseignement des langues, la fabrication d’emballages verts ou le développement du compostage et des fa’a’apu. On y trouve surtout beaucoup de start-ups liées a la mer, de la culture et l’exploitation des algues à la technologie perlicole, en passant par l’aquaculture durable, les haubans pour voiliers ou l’élevage de rori.

Une satisfaction pour Gérard Siu, le vice-président du cluster maritime, pour qui le fenua n’exploite toujours pas « l’océan de solutions » qui l’entoure. « Il y a plein de potentiel, mais les projets piétinent, ça manque de structuration, pointe-t-il. Ces porteurs de projets ont beaucoup de besoins, dans la recherche de financements bien sûr, mais aussi du côté administratif, fiscal, sur la création d’entreprise et l’orientation de leur action ». À l’entendre Nahiti et Polynnov vont leur permettre d’être mieux entourés, grâce aux spécialistes affectés au programme, mais aussi aux laboratoires et contacts de l’université et des instituts de recherche, ainsi qu’à l’expérience des partenaires privés.

Au delà du fenua, Nahiti pourra bénéficier d’un partenariat formé avec l’université de Montpellier, particulièrement en pointe en matière d’innovation, et des connexions nationales de l’Ifremer ou de l’IRD. L’autre grand axe du projet consiste à renforcer la formation et la sensibilisation des étudiants à l’entreprenariat. « Une culture à installer », y compris dans le milieu de la recherche, insiste-t-on à l’université. Une antenne du programme Pépite doit d’ailleurs y être créé pour servir de « pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entreprenariat en Polynésie française ».

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