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À Manihi, la CTC demande à la mairie de se mettre au travail

La chambre territoriale des comptes publie son rapport sur la gestion de la  commune de Manihi depuis 2019. Il met en avant des carences de la conduite des finances communales et de ses services environnementaux, des manquements à la sécurité maritime, et des inégalités de traitement entre Manihi et Ahe.

Manihi est bien mauvais élève, à lire le rapport de la CTC. L’atoll ne s’est jamais remis de la crise de la perliculture et de la fermeture définitive, en 2012, de son hôtel haut de gamme. Et la gestion de la mairie, passée sous pavillon bleu ciel en 2020 avec l’élection de John Drollet, « mérite d’être davantage soignée » pour pallier une information budgétaire aux élus déficiente, et des « documents élémentaires de planification » inexistants ou incomplets, sur fond d’erreurs et d’oublis comptables. Et, comme d’autres communes membres du très critiqué Syndicat à vocation multiple des Tuamotu-Gambier, Manihi a recours a des prestataires extérieurs pour le montage de ses dossiers alors que le SVMTG devrait le faire.

Manihi n’est pas en capacité de s’autofinancer et la commune a asséché son fonds de roulement pour couvrir ses dépenses d’équipement. La trésorerie est même passée en négatif en 2023. La gestion du personnel communal, parmi lequel l’absentéisme fait rage, est à revoir. D’autres sujets sont aussi en souffrance, notamment la sécurité en mer, ou des « manquements graves » sont relevés : l’un des deux bateaux de la commune n’est pas homologué, l’autre est opéré par des « pilotes sans qualification », réalise des transports inter-îles non autorisés, et transporte plus de personnes qu’il ne devrait.

« Absence de solidarité communale »

La CTC note aussi le « dysfonctionnements significatif des batteries de la centrale hybride de Manihi, obligeant cette dernière à fonctionner désormais exclusivement sur groupes électrogènes ». Cette structure co-financée par le Pays et l’Etat avait pourtant valu à l’atoll la visite en 2021 d’Emmanuel Macron, venu vanter la transition énergétique. Et si la commune a adhéré au dispositif de solidarité depuis 2022, elle a également adoptée une facturation différenciée selon le lieu : les habitants de Manihi ne paient pas le même tarif que ceux de Ahe. « Cette absence de solidarité communale face au coût de l’électricité « n’avait, jusqu’à présent, jamais été observée par la juridiction. »

Déchets : « une régression importante »

Les bornes de distribution d’eau sont « en grande partie inutilisables » et l’eau distribuée ne peut pas être considérée comme potable. Mais surtout, le service des déchets s’illustre par une « régression importante des pratiques qui existaient jadis en matière de gestion des déchets, avec la tolérance d’un dépotoir au sein du village principal, à quelques mètres de l’océan et des habitations », qui est aussi dans une zone de réserve de pêche. Quant au contrôle des fosses septiques, rien n’est prévu par la mairie.

Recommandation n° 1. : Mettre en œuvre, dès à présent, une évaluation annuelle des agents

Recommandation n° 2. : Réaliser, dès 2024, un document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels

Recommandation n° 3. : Respecter, dès à présent, les conditions réglementaires liées aux obligations de sécurité du transport de personnes par voie maritime

Recommandation n° 4. : Réaliser et formaliser, dès 2024, au moins un contrôle par an de la régie par l’ordonnateur

Recommandation n° 5. : En tenant compte des ressources limitées, distribuer, dès 2024, de l’eau potabilisée aux bornes collectives

Recommandation n° 6. : Relancer, dès 2024, le processus de CET pour la commune de Manihi

Recommandation n° 7. : Assurer, dès 2025, le service d’assainissement non collectif des eaux usées

 

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