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A Papeete, la résistance des maru maru à la pression urbaine « pose question »

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Un jeune homme tué sur le coup par la chute d’un maru maru lundi à Paofai, un pick up accidenté par un autre arbre mardi sur Prince Hinoi. Le directeur général des services de la mairie de Papeete, Rémy Brillant, responsable de l’entretien du premier cité, le second étant de la compétence du Pays, assure que les arbres sont entretenus chaque année, mais qu’il est parfois difficile de détecter des problèmes racinaires en profondeur. Il invite à une réflexion autour du choix des futures essences qui seront plantées dans les zones urbaines.

Deux chutes d’arbres et deux accidents en deux jours à Papeete. Après le décès d’une militaire de 23 ans lundi au niveau de la clinique Paofai, un couple s’est sorti indemne d’un nouvel incident ce mardi après-midi, après avoir vu un arbre s’écraser à l’arrière de son pick-up, qui circulait sur l’avenue Prince Hinoi. Deux plantations situées dans la capitale, mais gérées par deux entités différentes : le premier relevant de la responsabilité de la mairie, le second du pays.

Pour le directeur général des services de la mairie de Papeete Rémy Brillant, il est « difficile de savoir à l’avance » si un arbre est susceptible de s’effondrer à la première rafale venue. « L’arbre (un centenaire d’une circonférence de près de 2 mètres) paraissait en bonne santé. Nous avions fait une opération d’élagage l’année dernière, mais c’est la base qui n’était pas bonne ». « Le tronc était plein. Souvent, quand une branche est coupée, il y a une infiltration qui finit par faire un creux dans le tronc. Celui de lundi n’en avait pratiquement pas, sauf à la base ». Il évoque « des racines sectionnées, ce qui a fragilisé la tenue de l’arbre ».

« C’est certainement d’origine humaine »

L’enquête confiée à la DTPN doit permettre de déterminer les causes de cette faiblesse, mais « c’est certainement d’origine humaine », poursuit Rémy Brillant, qui évoque « des travaux autour, des bâtiments, qui ont pu fragiliser le système racinaire, tout un tas de choses », dans cette zone bétonnée. Le DG des services de la mairie souligne que ces dégâts causés aux racines peuvent tout aussi bien provenir de gros travaux que « de petites choses, comme l’installation d’une clôture ».

« Certains arbres sont aussi au pied de bâtiments qui ont pu sectionner des racines au moment de leurs fondations. Certains résistent et récupèrent, d’autres non. On ne peut pas forcément tout contrôler et vérifier la bonne réalisation ». Rémy Brillant cite notamment l’exemple de la chute d’un arbre, l’an passé rue des Remparts, « qui était bien entretenu mais qui avait certainement eu du mal à résister à la pression urbaine« . En ce qui concerne la chute survenue mardi avenue Prince Hinoi, « on s’aperçoit qu’il y a une prise au vent qui a déstabilisé » l’arbre planté au niveau du terre plein central.

Plus de 1 000 arbres en ville

Prévenir des chutes inattendues passe « une taille adéquate, assez sévère, en plumeau, pour essayer d’éviter les branches en surpoids qui pourraient déséquilibrer l’arbre ». Mais déceler les fondations fragiles implique aussi « des sondages », ce qui n’est « pas évident » à Papeete, commune où « nous avons plus de 1 000 arbres » dans les zones urbanisées, dont des essences bien particulières. Une veille d’ampleur donc, autour de ces plantations nécessaires au confort thermique, et une préoccupation « au quotidien » pour la mairie, assure le responsable. Il insiste sur le fait que les arbres sont surveillés chaque année, notamment « à l’approche des périodes d’intempéries ». « Nous n’allons justement pas tarder à rentrer dans des travaux d’élagage, pour préparer nos arbres à affronter les pluies et les vents forts ». Les particuliers sont également sensibilisés et aiguillés quand un arbre à risque est identifié sur leur terrain.

Planter des essences plus solides

Mais que faire une fois qu’une fragilité est détectée ? « Nous en avons qui ne sont pas forcément bien implantés », concède Rémy Brillant, mais les abattre est « un sujet sensible, car ça fait partie du patrimoine de la commune ». « Papeete s’identifie un peu à ces maru maru, mais on se pose la question de leur durée dans le temps », développe-t-il. Notamment en raison de leur système racinaire « qui reste en surface, où il est tout de suite plus vulnérable en raison de l’urbanisation et de l’imperméabilisation des sols ». La mairie souhaite donc « trouver localement des arbres qui ont un système racinaire en profondeur ». « Il y a une vraie question pour les urbanistes, de voir quel arbre conviendrait pour les prochaines décennies ».  Par le passé, la commune a  par exemple expérimenté la plantation de uru, « mais cela posait problème, puisque les branchent cassent facilement. Ce n’est pas évident de trouver l’arbre qui va convenir, mais on en est soucieux », conclut-il.

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