Selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Inserm et de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), les populations les plus défavorisées de la capitale seraient aussi les plus vulnérables face à la pollution.
Les Parisiens les plus défavorisés sont aussi plus vulnérables face aux pics de pollution atmosphérique, avec un risque de mortalité fortement accru, selon une étude réalisée par des chercheurs de l’Inserm et de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). « Nous avons découvert que les Parisiens vivant dans les quartiers qui sont à la fois les plus défavorisés et les plus pollués avaient un risque 5 fois plus élevé de décéder lors d’un pic de pollution que ceux vivant dans les quartiers les plus aisés et les moins pollués », a déclaré vendredi Denis Zmirou de l’EHESP.
Une étude réalisée sur 80.000 décès. Les chercheurs sont arrivés à ce résultat en analysant les causes de près de 80.000 décès survenus chez des Parisiens de plus de 35 ans entre 2004 et 2009. Ils ont ensuite réalisé deux cartographies de Paris, l’une indiquant la répartition des populations selon le statut socioéconomique des quartiers de résidence, et l’autre répertoriant les concentrations moyennes annuelles de dioxyde d’azote. Le dioxyde d’azote (NO2) est l’un des principaux polluants atmosphériques. Il est directement lié au trafic automobile et au chauffage des bâtiments. Les cartes montrent que les personnes les plus défavorisées vivent principalement à l’est et au nord de la capitale.
Une hausse de la mortalité de 5% pour les quartiers défavorisés pollués. Les zones les plus polluées se trouvent pour leur part dans le centre et le nord-ouest de Paris, avec des concentrations de dioxyde d’azote dépassant les 55,8 microgrammes par mètre cube d’air, soit nettement plus que le seuil maximal de 40µg recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les chercheurs ont découvert que toute hausse de 10µg/m3 de la concentration de NO2 d’un jour à l’autre se traduisait par une augmentation d’1% du nombre des décès à Paris. Dans les quartiers les plus pollués, la hausse des décès constatée atteint 3% lors des pics de pollution. Mais si l’on superpose la carte des quartiers pollués et celle des quartiers défavorisés, on s’aperçoit alors que la hausse s’élève à 5%, selon Denis Zmirou.