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À Punaauia, le projet « route du Sud » n’est pas enterré

Carte d’emprise des réservation de terrain pour le projet Te Ara Nui. ©D.R.

Si le gouvernement a annoncé voilà plus d’un an l’abandon du projet Te Ara Nui, près de 400 000 mètres carrés de parcelles ont été réservées par le Pays à Punaauia. Leurs propriétaires, dont les projets de construction sont bloqués, sont souvent dans l’expectative. Du côté du gouvernement, on assure que, Route du Sud ou pas, la portion de la route de désengorgement allant jusqu’à Paea verra bien le jour.  

« Il n’y aura plus, à mon avis, de Te Ara Nui, il n’y aura plus de dégagement Sud ». C’était en décembre 2020 : après de longues années de débats, l’annonce d’une révision du tracé avant les municipales, et une contestation qui ne semblait pas faiblir à Paea ou Papara, Édouard Fritch avait fini par jeter l’éponge, devant l’assemblée. « J’ai décidé de suspendre complètement ce projet, de mettre ça dans les cartons, dans les archives », précisait-il quelques jours plus tard sur TNTV. En pleine crise sanitaire, le président refusait de « jeter le trouble dans la population pour des projets », mais précisait tout de même qu’il faudrait quoiqu’il arrive « trouver une solution » aux problèmes de congestion de la côte Ouest. Un an plus tard, le dossier de la route du Sud a disparu des écrans radars : ni dans les discours des élus, ni dans le budget 2022. Le projet, pourtant, semble survivre dans les plans administratifs, notamment sur la commune de Punaauia.

Projets bloqués

Plus d’une centaine de parcelles sont désignées, sur le PGA de la commune, comme réservée par le Pays dans le cadre de la « création de la voirie Te Ara Nui ». Certes le PGA a été voté dès 2017 et, comme le rappelle l’administration, « il avait été longuement discuté, et avait fait l’objet d’enquêtes publiques ». Reste que, devant les apparents revirements autour du projet, les propriétaires sont dans l’expectative. C’est la cas de Pierre, gérant d’une SCI qui dispose d’un terrain de 1 650 mètres carrés aux abords du viaduc de la Punaruu. Un terrain sur lequel il projetait de faire construire un immeuble d’habitation en R+3. Les études de viabilité et de faisabilité sont faites, les plans sont sur la table, mais le permis de construire n’a pratiquement aucune chance d’être accordé : le terrain est réservé.

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Le gérant de la SCI, qui dit avoir reçu des propositions d’achat, par le passé, à près de 50 000 francs le mètres carré, demande avant tout un « discours clair » des autorités. « Est-ce que on peut faire avancer nos projets, générer de l’activité économique, des logements, des emplois ? Et, si ça n’est pas le cas, à combien le Pays va racheter le terrain ? » interroge-t-il. Il n’est pas seul à se poser ces questions. La zone de réservation du Pays s’inscrit dans la bande de 70 à 120 mètres de large qui court sur 4,5 kilomètres de la fin de la route des plaines jusqu’à la frontière de Paea. 373 721 m² d’emprise au total. « Tout le monde attend qu’on explique ce qui va se passer, et dans quel calendrier, reprend Pierre. Est-ce que c’est dans 10 ans, 20 ans, l’année prochaine ? On attend toujours que l’administration communique pour que ce soit clair ».

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Ni la mairie – qui n’est pas à l’origine de ces réservations – ni le gouvernement n’ignorent ces interrogations, puisque de nombreux propriétaires se sont manifestés ces derniers mois. Pour la plupart d’entre eux, « la messe est dite », souffle un connaisseur du dossier. Car même si Te Ara Nui a été « archivé », pas question pour le Pays d’abandonner le seul tronçon gravé dans le marbre de ce projet qui étend la route des plaines jusqu’à la frontière de Paea. Route du Sud ou pas, le désengorgement de la route de la côte Ouest commencera par Punaauia. Et même si le gouvernement s’est montré discret sur ce sujet depuis quelques mois, « le travail se poursuit » explique-t-on au ministère de l’Équipement. Aux relevés par hélicoptères, dont les derniers ont eu lieu en juillet, doivent s’ajouter des études de sol pour affiner le tracé. Surtout, les acquisitions de terrain « sont en cours », confirme le Pays* qui ne met pour l’instant aucun calendrier de chantier sur la table.

Cession, substitution ou échange de terrain

En attendant, les demandes de permis de construire sont visées par l’administration, et dans la plupart des cas refusées. Le Pays a alors trois ans pour lever l’option, faute de quoi, il abandonne la réservation. Mais même dans ce cas, le Conseil des ministres peut voter une déclaration d’utilité publique sur la parcelle pour repousser le délai, voire exproprier. Un « dernier recours » pour l’administration qui rappelle que les propriétaires peuvent aussi faire une offre de cession de leur terrain ou même une offre d’échange au Pays. C’est justement pour réaliser ces échanges qu’une « réserve foncière » est actuellement constituée par le Pays, sur les hauteurs de la route de la côte Ouest. La Polynésie peut aussi se substituer à un acheteur lors d’une vente, et donc acheter le terrain au prix convenu. Certains permis de construire, portant sur des terrains qui ne sont que partiellement sur l’emprise du projet peuvent aussi être accordés en l’état. La bande réservée étant plus large que l’emprise réelle de la route, quelques rares terrains pourraient même être libérés après affinage du tracé.

*[MàJ 26/12] : Vendredi le Pays a validé, par arrêté, l’acquisition d’un terrain de 27 000 mètres carrés pour 85 millions de francs. Une acquisition « destinée à l’aménagement de la route du Sud », précise l’arrêté.

La zone de réservation des terrains sur Te Fenua. ©GOuvPF