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A qui s’appliquera le pass sanitaire polynésien ?

Les autorités tableraient sur un pass sanitaire à la mi-novembre, d’abord appliqués aux discothèques, à certains évènements publics, mais pas aux bars et restaurants. C’est en tout cas ce qu’assurent les représentants de la CPME après une rencontre avec le Haut-commissaire et le président du Pays. Du côté du représentant de l’État, on nuance : des hypothèses sont sur la table, mais aucune décision ou calendrier n’est encore acté.

« Une bonne nouvelle pour nos amis restaurateurs ». Dans un direct diffusé ce jeudi matin, les chefs de file de la CPME ont commenté leur rencontre avec le Haut-commissaire et le président du Pays, qui ont reçu plusieurs partenaires sociaux ces derniers jours. Une rencontre durant laquelle a été abordée la question du pass sanitaire. Après avoir travaillé à son adaptation locale pendant plusieurs mois, le Haut-commissariat, compétent en matière de libertés publiques, et le Pays ont confirmé que l’application du pass était « techniquement prête », sans toutefois avancer de calendrier précis ou de lister les secteurs qui seraient concernés. « Il nous a été confirmé que le pass sanitaire ne serait pas mis en place dans les restaurants », a expliqué ce matin Maxime Antoine-Michard, vice-président de la CPME et président du syndicat des restaurateurs. À ses côtés, Christophe Plée précise que le Haussaire et le président envisageraient de « proposer » ce dispositif dans les « secteurs qui sont aujourd’hui fermés ». Ce serait ainsi dans les discothèques que serait « expérimenté » ce pass, mais aussi dans « l’événementiel », afin de « rouvrir » des activités qui sont aujourd’hui fermées. Le pass sanitaire polynésien serait donc, d’après ces informations, beaucoup plus limité dans son application qu’en métropole, où d’autres secteurs sont concernés depuis le mois d’août (restauration et bars, établissements de santé, de loisirs et de culture, compétitions sportives, transports longues distance…). Du moins pour l’instant : « si la situation se dégradait, on ne repasserait pas à un confinement, on irait plutôt sur un pass sanitaire qui serait étendu, reprend Christophe Plée. Le pass sanitaire servirait à éviter de confiner ».

Le Parlement en plein débat

Du côté des autorités, on nuance toutefois ces annonces. « Aucune décision n’est prise » du côté de la représentation de l’État, qui parle « d’hypothèses de travail » soumises, depuis plusieurs jours, à un cycle de consultations. Les conditions et le calendrier d’application de la mesure, dépendraient des retours de professionnels – qui, dans l’événementiel par exemple, sont pour beaucoup défavorables à un pass qui ne viserait que certains secteurs isolés – à l’évolution de la situation sanitaire, et surtout à l’évolution de la législation. Car en métropole, le Parlement examine en ce moment même le projet de reconduction du pass sanitaire au-delà du 15 novembre, date de sa disparition programmée. L’Assemblée nationale a voté un texte qui permet au gouvernement central de recourir ou de lever le pass en fonction de la situation sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022. Hier, le Sénat a introduit une « clause de revoyure » qui obligerait  le gouvernement à repasser devant le Parlement avant fin février. D’autres élus, de droite comme de gauche, proposent de supprimer le pass « qui n’a que trop duré » ou de le faire disparaître, département par département, en fonction des taux de vaccination. Le gouvernement devrait toutefois pouvoir s’appuyer sur sa majorité à l’assemblée pour faire passer un texte proche de son projet en commission mixte paritaire, d’ici la semaine prochaine. Ce ne sera que sur les bases de ce texte national que le Haussariat, qui travaille avec le Pays sur ce sujet, pourra faire des annonces concrètes.

Un pass pour quoi faire ?

La mesure, adoptée par plusieurs états en Europe et dans le monde, est appliquée en métropole depuis le mois de juillet et y a été élargie en août. Elle consiste à conditionner l’entrée de certains lieux à la présentation d’une preuve de vaccination ou de non-contamination (test négatif, ou contamination récente et guérie). Objectif affiché : réduire les risques de transmission du Covid. De façon moins officielle, il s’agit de pousser un maximum de monde vers la vaccination, et ainsi réduire le nombre de cas graves lors d’une future vague épidémique. Si les bénéfices sanitaires réels du pass sont difficiles à mesurer, l’annonce de son extension avait d’ailleurs fortement relancé la campagne de vaccination. Depuis le 12 juillet, le nombre de français vaccinés a presque doublé, et la France a atteint une couverture vaccinale parmi les plus importantes au monde (86% des français de plus de 12 ans sont pleinement vaccinés, contre environ 66% des Polynésiens). En Polynésie cet objectif sous-jacent parait plus difficilement atteignable en raison du taux de vaccination déjà relativement élevé, des avis très partagés sur le pass, comme l’ont montré les mobilisations de collectifs de ces dernières semaines. Beaucoup pointent en outre que la mise en application d’un pass sanitaire large se ferait « à contre-temps » : « C’est pas quand ça va bien qu’il faut mettre en place le pass sanitaire, commente par exemple Christophe Plée. C’est quand ça va de nouveau mal ».