Tribune

A quoi ressemblera la Polynésie de demain ?

C’est finalement à cette question que devront répondre les électeurs Polynésiens les 21 Avril et 5 Mai prochains.
 En effet, c’est aujourd’hui et ce, malgré le profond sentiment de lassitude que la politique provoque chez la majorité des citoyens locaux, que nous devons choisir ensemble la société polynésienne de demain.

Aujourd’hui, j’ai 26 ans. J’ai passé mon baccalauréat l’année du Taui, en 2004. Je me souviens encore des nombreux conseils de mes professeurs, proches, parents et amis : « Pars ! Va faire des études, obtiens tes diplômes et tu verras, quand tu rentreras les choses iront beaucoup mieux ». Le bilan catastrophique de ces huit dernières années, et le chômage auquel je fais face depuis plusieurs mois (comme d’autres milliers de jeunes polynésiens) me rappelle tous les jours à quel point ils avaient tort. A quel point nous avions tort. Bien évidemment loin de moi l’idée de dire que les diplômes garantissent un emploi, et que parce que j’ai obtenu ces précieux sésames je serais en droit d’exiger un travail. Je constate simplement que si moi qui ai pu faire de longues études j’ai toujours la possibilité d’exporter mes compétences vers un pays où l’herbe serait plus verte, beaucoup n’auront pas cette chance. Et que c’est à nous tous de ne pas les laisser tomber. C’est à cause de polynésiens qui ont mis leur intérêt personnel avant l’intérêt général que nous sommes aujourd’hui dans une société qui a atteint ses limites. C’est grâce à d’autres polynésiens, conscients que nous devrons tous être solidaires que nous en créerons une nouvelle.

Il y a trois éléments fondamentaux auxquels les électeurs doivent s’intéresser avant d’aller voter : une Nouvelle Génération de dirigeants politiques, Une Nouvelle Gouvernance, Un Nouveau Projet de Société.

Ce premier point paraît évident mais certains, dont la déception nourrit la nostalgie d’un temps jadis « meilleur », ont tendance à l’oublier. Nous avons besoin de nouveaux dirigeants politiques. Des hommes et des femmes qui, en plus de travailler dans l’intérêt général, ne deviendront pas des alimentaires de la politique. Des personnes qui mettront leurs compétences au service du redressement de la Polynésie puis laisseront la place à d’autres qui partageront les mêmes valeurs. 
Mais changer de gouvernants sans changer de façon de gouverner ne suffira pas. Nous avons besoin d’une nouvelle gouvernance. Je pense d’ailleurs que tous les partis politiques sont d’accord sur ce point. Il est temps de remettre l’intérêt général au centre des politiques publiques, d’allier efficacité et efficience, et surtout de faire preuve de transparence. 
Ces deux premiers points seront les outils qui serviront à la mise en place d’un nouveau projet de société. Se lancer en politique pour aller « contre » des personnes ou des idées, ce n’est pas à mon sens une raison suffisante. Il faut être capable de proposer un programme complet et systémique pour répondre aux urgences de la société d’aujourd’hui tout en préparant les besoins de la société de demain. Le véritable enjeu de ces élections n’est pas le choix de l’autonomie ou de l’indépendance, c’est tout simplement le développement durable et harmonieux de notre fenua.

Te Hiti Tau Api a la chance de pouvoir compter parmi ses membres de nombreux jeunes gens compétents qui ont travaillé plusieurs années durant sur ce nouveau projet de société. Il est complet, systémique, perfectible bien sûr, mais surtout le fruit de ce qui a manqué cruellement au fenua au cours des décennies passées : la transmission. Avoir des idées nouvelles, c’est bien. Pouvoir les soumettre à des personnes d’expérience pour pouvoir les adapter à la réalité de la société polynésienne actuelle, c’est encore mieux. La synthèse de ce programme sera disponible très prochainement sous la forme d’une brochure et en version électronique et je vous encourage vivement à vous y intéresser. 
Parce que vous ne devez pas oublier, vous, citoyens polynésiens, que les partis politiques ne peuvent que proposer. C’est vous qui choisirez. Mais pour faire un choix éclairé, il faut vous intéresser en détails aux choix de société que l’on vous propose. C’est aussi cela le devoir d’un citoyen. 
Mes derniers mots s’adressent aux jeunes, ces jeunes dont je fais encore partie. J’entends beaucoup de gens dire (à tort) que vous n’êtes que fainéants, drogués, fêtards et insouciants… Moi je pense que notre jeunesse n’est que le produit de la société dans laquelle nous vivons. Et cette société, nous ne l’avons pas choisie, nous l’avons héritée. Mais nous pouvons encore en changer. Levez-vous ! Ce 21 Avril, venez voter. Venez choisir la société Polynésienne que vous voulez demain – ne laissez plus les autres choisir pour vous.

Punareva BONNET – Te Hiti Tau Api

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6 Commentaires

  1. 4 mars 2013 à 15h48 — Répondre

    Il y a presque 6 ans , Quito Bran Ortega parlait de valoriser le secteur primaire, tout le monde s'est moqué de lui, il y a 2 ans, il parlait d'une nouvelle gouvernance, d'une nouvelle génération de dirigeants politique……….. Aujourd'hui tous les autres partis parle de secteur primaire et de nouvelle gouvernance…………..comme quoi Te Hiti Tau Api avait raison…………

  2. Heimata Tahiti
    4 mars 2013 à 21h21 — Répondre

    WOW, Bravo!!! Very inspiring, you guys definitely have my VOTE!!! Proud to be with TE HITI TAU API 🙂

  3. 4 mars 2013 à 22h25 — Répondre

    Voila qui est dit, sans haine ni violence et en toute transparence! "GET BACK TO A SIMPLE CITY"!!!

  4. Moeata Bouzer
    5 mars 2013 à 17h59 — Répondre

    Investissons dans notre jeunesse

  5. 6 mars 2013 à 4h51 — Répondre

    bien dit !!! donc exprimons nous ce 21 avril 2013 !!!

  6. Moe TEFAN
    19 mars 2013 à 22h56 — Répondre

    Great job Punareva! Just love the simplicity, the elegance, the beauty!
    VIVE TE HITI TAU API!

    xoxo
    Moe

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