Une association gitane a porté plainte pour « discrimination » après la une du Petit journal catalan la semaine dernière où on pouvait y lire : « A quoi servent les gitans de Perpignan ? »
Le titre était volontairement provocant. « A quoi servent les gitans de Perpignan ? », questionnait Le Petit journal catalan dans son édition en date du 14 août. Jeudi, le président d’une association gitane a porté plainte contre l’hebdomadaire pour « discrimination ». « Je sors du commissariat où j’ai déposé plainte contre le journal pour discrimination », a déclaré Joseph Saadna, président du Comité d’animation de la Place du Puig.
Un autre association avait dit son énervement après la publication du Petit journal catalan. Jean-David Rey, président de Gitans de France, s’est dit « énormément choqué » par ce titre « inadmissible ». « On dit que les Gitans ne servent à rien, qu’ils ne veulent pas s’intégrer, travailler, mais il ne faut pas oublier qu’on est français, on n’a pas à s’intégrer, c’est notre pays », a dénoncé Jean-David Rey, qui a ajouté : « On est français, comme vous, comme n’importe qui. »
Les gitans « utiles à l’âme de la ville ». Le Petit journal catalan entendait revenir sur les émeutes qui ont frappé Perpignan en 2005. Après le meurtre par quatre jeunes gitans d’un Franco-algérien, des heurts avaient éclaté entre les deux communautés. A l’intérieur, un dossier de trois pages illustré de photos sur le quartier gitan de Saint-Jacques, situé dans le cœur historique de la ville. Contacté par France 3, l’auteur du dossier se justifiait en assurant que « dès le début de mon article, nous condamnons cette question. […] Les gitans sont utiles à l’âme de la ville ! » Il interroge cependant : « Mais pourquoi ne faudrait-il pas poser dans un journal les questions que les gens se posent vraiment ? »
La rédaction se désolidarise. Les conditions de publication de cette une polémique sont floues. Le patron de la maison d’édition qui détient Le Petit journal catalan assure à la télévision locale ne pas « s’occuper des titres ». « Je ne regarde même pas les unes », déclare Alain Paga, par ailleurs mis en examen aux côtés de Brigitte Barèges pour « recel de fonds publics détournés ». La maire Les Républicains de Perpignan, est accusée d’avoir payé pour la publication d’articles en sa faveur dans l’hebdomadaire.
La rédaction de l’édition catalane de l’hebdomadaire s’est désolidarisée du numéro. Elle a dénoncé une une « à caractère raciste et xénophobe » et un « numéro ‘pirate' », « car fabriqué directement depuis Montauban sans aucun journaliste salarié ». Depuis début mai, les journalistes de cette édition sont en grève en raison pour protester contre le non-paiement de leurs salaires.