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À Tahiti – Faa’a, un dimanche soir de retrouvailles après « le cauchemar » en Calédonie

Plus de 80 Polynésiens, évacués de Nouvelle-Calédonie par un avion militaire, ont retrouvé le fenua hier soir. Il s’agissait du premier vol entre les deux pays, depuis le début des émeutes de Nouméa il y a deux semaines, et la fermeture de l’aéroport de la Tontouta. A Faa’a, c’est le soulagement qui primait au moment de voir se réunir les familles, même s’il reste encore au moins 60 résidents du fenua en attente sur le Caillou.

Un embarquement sur la petite piste de Magenta à Nouméa, un transfert en Casa vers l’aéroport international de la Tontouta quelques dizaines de kilomètres plus au Nord, et puis enfin la connexion vers Tahiti Faa’a, sur les sièges d’un A400 M de l’armée. Dimanche soir, 84 Polynésiens ont fait leur retour au fenua, six heures après leur décollage de la Nouvelle-Calédonie. Un rapatriement très attendu par ces passagers, bloqués sur le Caillou depuis près de deux semaines, à la suite de la fermeture de l’aéroport en raison des violentes émeutes qui secouent l’archipel. D’autant plus attendu que d’autres pays, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, étaient parvenus à évacuer leurs ressortissants dès la semaine dernière, suscitant parfois l’incompréhension chez les Polynésiens concernés, 146 au total selon les haussariats des deux territoires, qui ont reçu le concours des forces armées pour mener à bien cette première opération.

Parmi les 84 passagers accueillis dimanche soir par le président Brotherson, des familles avec des enfants, des personnes à la santé fragile, ou des journalistes. Pour Ranihau, initialement venue en Calédonie pour « un long week-end,  visiter pour la première fois », c’est « un soulagement ». Malgré des « conditions de voyage pas très confortables », avion militaire oblige, « le plus important c’est d’être là est de retrouver notre famille », après deux semaines « très mal vécues, comme un cauchemar ». « Le fait d’être piégée sur une île, c’était vraiment difficile », enchaîne celle qui a vécu au rythme des annonces repoussant sans cesse la réouverture du principal aéroport calédonien.

« Je vais reprendre ma petite vie tranquille, alors que eux vont galérer »

Autres victimes de la situation, les 23 rugbymen et membres du staff du Papeete Rugby Club, qui avaient lancé un appel à l’aide la semaine précédente. Les voici de retour au fenua, avec des pensées pour la population calédonienne, à l’image de Désiré, dont la famille réside sur le Caillou. Il se dit « un peu triste de laisser un peu la famille alors que 60% des magasins ont brûlé, qu’il faut faire la queue pour acheter à manger ». « Je vais reprendre ma petite vie tranquille, alors qu’eux vont galérer pour manger ou se soigner », souffle-t-il.

La galère, certains Polynésiens y sont encore. Une soixantaine selon les services de l’État. Pour le moment, aucune information ne se dégage quant à la date d’un prochain vol de rapatriement, si ce n’est que des échanges ont eu lieu entre Moetai Brotherson et la ministre des Outre-mer Marie Guévenoux. Pas plus de précision calendaire dans l’autre sens, pour les Calédoniens bloqués en Polynésie et eux aussi désireux de rentrer auprès de leurs familles, même si le pays assure y travailler. Dimanche soir à Faa’a, le secrétaire général du Haut-commissariat Xavier Marotel s’est montré rassurant quand au bon rapatriement de chacun. Sans donner de date, il a rappelé l’importance de se faire recenser. « Pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, faites vous connaître par mail (tourisme-assistance@nouvelle-caledonie.gouv.fr, ndr) et sur la plateforme du pays », détaille celui qui « sait qu’il y a encore des gens bloqués en Calédonie qui n’ont pas fait ces démarches ». Se faire recenser, c’est ainsi avoir l’assurance d’être contacté pour un futur vol retour vers le fenua :

Sept personnes ont perdu la vie depuis le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, survenues sur fond de revendication indépendantiste. Plus de 120 policiers et gendarmes ont également été blessés lors de ces scènes d’incendies, de barrages et de pillages, alors que 460 individus ont été interpellés. 

 

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