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À Taravao, EDT se lance dans l’apivoltaïque

Le directeur général d’EDT Engie, Didier Pouzou, en pleine dégustation du miel qui a commencé à être produit sur le site de Fare Gouwe, et qui pourrait à terme être transformé en nougat.

Ito Nui, la filiale renouvelable d’EDT-Engie, a inauguré ce mardi à Taravao deux fermes solaires, Fare Gouwe et Fare Meri. Avec la centrale du groupe Moux et celle de la famille Siu, elles complètent le cycle du premier appel à projets solaire lancé en 2021, et affichent aussi une ambition apicole. Des ruches, exploitées par les employés d’EDT ont commencé à être installées près des panneaux. Il s’agit bien sûr de produire du miel, mais aussi à terme de le transformer : pour le directeur du groupe, le futur nougat de Taravao doit rivaliser avec celui de Montélimar.

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Il y a les vaches à l’ombre des panneaux de Mahana O’hiupe, première centrale inaugurée par la famille Siu et ses alliés ; la vanille, le café et bientôt les moutons accueillis chez ManaSolar, la ferme du groupe Moux à Mataiea. Il y aura bientôt le nougat de Fare Gouwe et de Fare Meri, les deux projets photovoltaïques inaugurés ce mardi matin par Ito Nui à Taravao. La filiale du groupe EDT-Engie avait pris, en répondant au premier appel à projets solaires lancé par le Pays en 2021, un cap légèrement différent des autres promoteurs de centrales.

Pas dans la localisation – Fare Meri se trouve juste à côté de Mahana O’hiupe, et Fare Gouwe, nommé en hommage à un peintre hollandais qui a vécu sur le terrain, est un peu plus haut sur le plateau – mais dans la position des panneaux. Les plus de 16 000 « bifaces » sont installés tout près du sol, là où les deux autres promoteurs avaient choisi, pour valoriser au maximum le foncier, d’en surélever tout ou partie sur d’imposants piquets, pour faire des ombrières ou des serres. Des choix qui ont un coût, bien sûr, et les deux concurrents n’avaient manqué de souligner, lors de leurs inaugurations respectives, que ça ne les avait pas empêcher de proposer au Pays des tarifs de revente de l’électricité inférieurs à ceux d’EDT et sa filiale renouvelable en charge du projet, Ito Nui.

2,5 milliards de francs de solaire et de miel

Mais ce matin à Taravao, le directeur général d’EDT-Engie Didier Pouzou était bien décidé à montrer que son groupe voulait, lui aussi, jouer le jeu de « l’agrivoltaïsme ». Des projets d’élevage ovins sont à l’étude sur ses deux sites, annonce-t-il, de même que des plantations « complémentaires » au solaire, comme la vanille ou le cacao, qui seront « expérimentées » dans les mois et années à venir. Surtout, le dirigeant a mis en avant un « projet qui lui tient à cœur » : faire de ces fermes solaires des fermes apicoles. Quatre ruches ont déjà été installées à Fare Gouwe, plus d’une vingtaine d’autres pourraient les rejoindre. Et ce sont les salariés d’EDT qui sont formés, en interne, à leur entretien, grâce à un passionné « maison » : Tanoa Buillard. Autour des terrains des centrales du Sud, et notamment celle du plateau, ce responsable des branchements de la concession Tahiti – Nord, qui est aussi apiculteur formé et expérimenté, a tout de suite vu le potentiel de production de miel et de ses dérivés.

« Regardez l’environnement autour : de l’eucalyptus, du letchis, des plantes endémiques comme le Apape, que des plantes méllifères, et qui sont des sources positives pour le développement des abeilles, décrit-il. L’idée c’est de promouvoir le miel, mais aussi tous les produits qui en sont issus. Dont du nougat, parce qu’on retrouve aussi ici des Autera’a, une noix particulière de Polynésie, qui nous permettra de produire un nougat d’ici ». 

L’inauguration de ces fermes à 2,5 milliards de francs a donc aussi été l’occasion d’une dégustation de miel déjà produit sur le site, et de nougat produit ailleurs par Tanoa Buillard, en attendant celui de Fare Gouwe. Didier Pouzou en est sûr : il aura un jour de quoi « rivaliser avec ce qu’on fait à Montélimar ».

De l’énergie orientée vers les consommateurs du Sud

L’autre différence avec la concurrence, c’est la taille de ces fermes. Avec 3 et 6 MW crète de puissance, ces deux dernières centrales sont moins imposantes que les deux première inaugurées (10,8 MWc chacune). Une différence d’échelle compensée, pour EDT, par des coûts de raccordements plus bas : Fare Gouwe et Fare Meri sont reliés directement au réseau de distribution du Sud de Tahiti, que la société gère elle-même, plutôt qu’au réseau de transport de la Tep. Leur énergie est donc orientée vers « les voisins » plutôt que versée au pot commun tahitien. « Cela va permettre au Secosud de réduire l’achat d’électricité au Nord, quelque part, explique Didier Pouzou, le directeur général d’EDT-Engie. Ils achètent un mix énergétique qui leur coûte 28 ou 29 francs le kWh, alors que là, ils vont bénéficier d’une production d’une grosse vingtaine de francs du kWh, donc une baisse de 25% du prix. Mais il faut bien avoir en tête que l’achat d’énergie ne représente qu’un gros tiers de la facture pour les consommateurs ».

Le reste : les coûts de maintenance du réseau, les services qui y sont associés et les taxes, qui, elles, ne baissent pas. Le Secosud est tout de même gagnant dans l’opération, comme l’a souligné son président et maire de Taiarapu-Est Anthony Jamet pendant la cérémonie. Reste à savoir si ces baisses de coûts seront effectivement répercutés sur les clients ou si elles serviront à provisionner pour des renouvellements d’équipements ou des extensions de réseau. Le tavana n’a à ce stade que répété sa demande au Pays : un accès privilégié à l’énergie renouvelable produite au Sud pour faire « gagner en attractivité » les tarifs électriques de la zone.

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