Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu était en visite à la Presqu’île, ce mardi après-midi. Au programme : la découverte du site de Teahupo’o, qui doit accueillir l’épreuve de surf des JO 2024. Un projet loué par les élus mais dont les implications en termes d’aménagements sont encore flous. Le dossier ne devrait être révélé qu’en août, avec la visite de Tony Estanguet.
La houle n’était pas celle des sessions mythiques de la presqu’île, ce mardi après-midi, mais elle avait de quoi donner une idée de la puissance du futur spot olympique. Sébastien Lecornu, accompagné d’une délégation d’élus et d’officiels polynésiens, s’est rendu à Teahupo’o pour découvrir le site qui accueillera les épreuves de surf de Paris 2024. À la mairie, c’est Tetuanui Hamblin qui s’est chargé de la présentation des enjeux « énormes » du projet. Ces JO, « honneur historique », doivent permettre de « montrer au monde l’hospitalité légendaire de la Polynésie » mais aussi de développer la presqu’île « sans la dénaturer », explique le tavana de Taiarapu-Ouest. Au-delà des discours, c’est dans la passe, au large du PK0, que le ministre des Outre-mer est allé jauger le projet.
Une virée maritime dont il revient enthousiaste. L’évènement va rappeler à tous que « les Outre-mer, c’est la France », et va « élargir le spectre touristique » du fenua, assure le responsable parisien, parlant de « tourisme de sport » à développer. Rappelant que le gouvernement d’Emmanuel Macron comme la mairie de Paris veulent des « Jeux exemplaires », il se félicite que les discussions en Polynésie se penchent déjà sur « l’après JO » et se développent « dans le respect des populations et de l’environnement ».
Les associations se disent « mises à l’écart«
Cet enthousiasme n’est pas partagé par tout le monde à Teahupo’o. Sur les quais de la marina, qui pourrait être réaménagée dans les années à venir, Annick Paofai est venue le rappeler. « On se sent mis à l’écart, s’agace la présidente de l’association de défense du Fenua ‘Aihere, qui n’a toujours pas pu accéder au dossier. On nous oublie !« .
Opaque, le projet olympique ? Il est vrai que très peu d’informations ont fuité sur le dossier présenté aux instances nationales. Pas beaucoup plus d’informations publiques lors de cette visite ministérielle : la marina, derrière la mairie de Teahupo’o, sera bien le site de départ des sportifs, un deuxième site doit être aménagé « du côté de Punui« et des « constructions légères » sont prévus du côté de la pointe Fare Mahora, pour le « village olympique ». Pour le reste, « des études sont attendues » dans les prochains mois, explique Tetuanui Hamblin. Le tavana parle « d’aménagement », notamment du côté de l’assainissement et de la voirie, de nouveaux locaux, mais pas de grands centres d’hébergement, « qui va surtout être assuré par la population ». « La seule grande construction, c’est le pont, et on doit avoir l’aval de la population pour savoir si ce sera un pont démontable ou un pont fixe et on attend aussi l’aval pour la route pour aller au village olympique » pointe le maire.
Le tavana dit pouvoir compter sur la nouvelle communauté de communes Tereheamanu, présentée au ministre par son président Tearii Alpha, pour aider à faire de Teahupo’o un « site exemplaire ».
Le dossier présenté en août
« Il n’y pas d’opacité », insiste à son tour Édouard Fritch, qui explique que les dossiers ne sont simplement « pas bouclés », pas plus que les concertations « en cours », qui « impliquent déjà les associations ». « Il y a une vraie volonté politique de ne pas bousculer le fenua ‘aihere et au contraire de mieux le préserver », assure le président qui exclut tout projet « pharaonique » : « on ne va pas faire de folie avec l’argent parce que demain, on en aura besoin pour d’autres choses ».
Mais alors quand sera enfin présenté le dossier ? « En août, avec la visite de Tony Estanguet« , répond le président du Pays. Le triple médaillé olympique, co-président du comité Paris-2024, est attendu au fenua avec une délégation, justement pour « valider le dossier » préparé par la Polynésie.