Le groupe Wane, la mairie de Moorea et les associations de riverains se sont rencontrés ce mercredi, comme le leur avait demandé Moetai Brotherson. Un compromis se dessine, grâce notamment au redimensionnement du projet hôtelier, à l’utilisation de parcelles du Pays et à une garantie « notariée » d’accès à la plage publique sur toute sa longueur. Le principal point d’achoppement est la suppression de la route de la cocoteraie, dont le sort se joue aussi en cour administrative d’appel à Paris.
Le président du Pays avait menacé de mener une consultation publique si le groupe Wane, la commune, la fédération Tahei Auti ia Moorea et l’Association des habitants de Temae Moorea ne se mettaient pas autour d’une table, pour permettre la cohabitation entre un nouvel hôtel de luxe et les habitants de Moorea qui veulent profiter de la plus belle plage de l’île.
Une réunion s’est tenue ce mercredi, en présence d’une observatrice du Pays. Comme support de discussion, le document ci-dessous, élaboré par les services de la mairie. Le projet de cohabitation prend un tout autre visage et, reconnait Alain Bonno de l’Association des habitants de Temae-Moorea, « le dialogue est établi ».
Aménagements collectifs sur des terrains du Pays
Les aménagements collectifs (un parc public avec fare potee, terrains de sport, artisans, roulottes, parking) se situeraient dans le prolongement de la piste de l’aérodrome, principalement sur des parcelles inconstructibles du Pays. L’une d’entre elles aurait servi de site d’enfouissement de gravats de construction. Quelques expropriations pourraient toutefois être nécessaires. La zone présente un littoral d’environ 300 mètres de long, mais la mise a l’eau est rendue difficile par du corail coupant, et le courant y est assez fort.
Une frontière végétale entre l’hôtel et la plage publique
Devant la plage publique proprement dite, il est proposé de supprimer l’actuelle emprise réservée par le PGA, mais de la « sanctuariser par acte notarié afin d’inscrire son accessibilité au public de façon inaliénable » une bande de plus de 500 mètres de long. Une « bande de revégétalisation » d’une largeur de 10 à 25 mètres serait plantée d’arbustes, constituant « un rempart à l’érosion ainsi qu’une frontière naturelle entre le projet d’hôtel et la plage publique ». Mais pas de quoi, notent les riverains, s’abriter du soleil. Les associations, elles, privilégient l’option de l’affectation à la collectivité de l’emprise réservée par le PGA.
La zone humide à délimiter
Des spécialistes de la Diren doivent à présent délimiter précisément la « zone d’intérêt écologique » inconstructible, cette zone humide qui fait partie de la propriété de Louis Wane, proche de la piste de l’aérodrome, et qui abrite des espèces protégées par le code de l’environnement. Le promoteur serait prêt à y aménager un « sentier de découverte ». Ã noter que sur cette zone, l’idée de faire une route d’accès à la côte à partir de la route de l’aéroport est abandonnée. Le groupe Wane s’engage à effacer les traces du terrassement réalisé sans autorisation au mois d’août dernier. Ce travail de délimitation doit faire l’objet d’une réunion le mois prochain. Le groupe Wane, qui accepterait de réduire la voilure de l’hôtel à 200 chambres, redessinera alors son projet.
Une seule route d’accès
Reste la question des accès au motu Temae. Le projet global présenté ce mercredi n’envisage qu’un seul accès, par la route du golf, puisque Louis Wane insiste que la route de la cocoteraie, qu’il veut fermer, est privée. Mais la question de la propriété de cette route attend la réponse de la cour administrative d’appel de Paris, car les riverains déboutés par le tribunal à Papeete demandent toujours son incorporation dans le domaine routier de la commune ou du Pays. Les associations insistent que le motu Temae a besoin de deux points d’entrée, à la fois pour desservir la majorité des habitants du motu, plus concentrés de ce côté, et pour garantir l’accès des secours en cas de besoin. Si la justice décide que la route de la cocoteraie est privée, les riverains pensent qu’elle pourrait être décalée aux limites nord de l’emprise de Louis Wane pour ne pas traverser le futur hôtel.
En attendant la réunion du mois prochain, Alain Bonno salue la bonne volonté du groupe Wane et de la mairie. Il faut dire qu’arbitrer par consultation publique comporte le risque que la population penche du côté de l’activité touristique et de l’emploi.
- Le projet présenté par la commune de Moorea-Maiao :