Tribune

A Ti’A Porinetia

Océanisation des cadres: Accélérer l’accession des jeunes Polynésiens à des postes de responsabilité

Par Armelle Merceron

Le mouvement naturel de remplacement des cadres et techniciens supérieurs est trop lent pour permettre aux jeunes Polynésiens diplômés de retour au Pays d’accéder rapidement à des responsabilités. Pourtant, ils méritent de voir leurs efforts et leur attachement à la Polynésie récompensés, et notre Pays de besoin de leurs compétences.

Armelle Merceron © DR

Le développement d’un pays se mesure entre autres à la capacité de sa population à prendre les commandes de son administration et de son économie. Chaque année, les jeunes Polynésiens sont de plus en plus nombreux à « rentrer au Pays » avec des diplômes et des qualifications techniques de haut niveau. Mais dans bien des domaines des postes qualifiés sont occupés par des non-résidents.

Il en est ainsi dans l’enseignement secondaire où plus de 1000 postes sont pris par des « expatriés ». Il en est de même pour les professions médicales, cadres de santé, ingénieurs, cadres administratifs, encadrement supérieur de l’hôtellerie et du commerce, bureaux d’ingénierie et d’architecture, cabinets de consultants, sociétés d’informatique, audio visuel privé, médias, organismes de formation privés, grandes entreprises à capitaux extérieurs…

Un gâchis humain et économique

Des incitations à une formation poussée ont été mis en place (université, bourses du supérieur, bourses majorées…), mais il n’existe pas de politique méthodique et dans la durée pour accélérer le mouvement. Pas non plus d’orientation vers des études ou des spécialités en fonction des besoins de notre administration ou de notre économie, pas de planification, pas de préparation des retours.

Or le marché de ce type d’emplois est étroit. Il importe donc d’agir énergiquement pour adapter l’offre à la demande en fonction des départs à la retraite et des créations d’emplois créés prévisibles.

De même la promotion professionnelle n’est pas réellement organisée, sauf dans certains secteurs (banques par exemple)

De sorte que beaucoup de jeunes Polynésiens diplômés ne trouvent pas d’emplois chez eux à la hauteur de leurs compétences et de leurs ambitions. En conséquence, ils doivent soit s’expatrier pour s’insérer professionnellement hors du territoire (Métropole, Nouvelle-Calédonie, ou ailleurs) soit accepter des emplois sous qualifiés chez eux.

La crise économique et la perte de confiance dans l’avenir ajoutent leurs effets par l’absence d’offre de nouveaux emplois. Un nombre important de jeunes diplômés est au chômage. C’est aujourd’hui une situation douloureuse, un gâchis humain, en plus du gâchis économique de ne pas voir ces compétences mises au service de notre développement.

Un principe politique

Comment mener une politique active pour permettre aux Polynésiens d’accéder à des postes à responsabilité?

D’abord poser comme principe qu’à compétences égales, la priorité doit être donnée à un Polynésien. Au besoin en lui organisant un parcours de formation complémentaire ou d’expérience, de manière à préparer sa future prise de responsabilités.

Cette politique de promotion des jeunes Polynésiens doit s’inscrire dans la durée et de manière permanente, et elle doit concerner aussi bien le secteur public que le secteur privé. Elle doit devenir une préoccupation commune à tous les ministères.

Un observatoire de l’encadrement

Ensuite, au service de cette politique, il conviendra de mettre en place un observatoire permanent chargé de suivre les postes existants (planifier les remplacements), et d’anticiper le développement des activités susceptibles de générer de nouveaux emplois de cadres.

Cet observatoire aura ainsi la capacité d’informer régulièrement les étudiants et futurs étudiants sur les perspectives professionnelles, notamment lorsque l’offre est étroite.

Il pourra aussi participer activement aux choix des formations offertes par l’Université et autres organismes locaux, ainsi qu’au développement de formations continues pour les salariés en cours d’emplois (UPF, CNAM, …), voire même inciter les employeurs et salariés à des parcours de promotion professionnelle.

Cet observatoire pourra de plus assurer des missions qui ne sont actuellement prises en charge par aucun organisme, tel le suivi en temps réel des parcours des boursiers et du dispositif des bourses majorées, l’information des titulaires de bacs professionnels et technologiques sur les passerelles de mise à niveau qui leur permettent d’accéder à des « Brevets de techniciens supérieurs » (BTS)…

Les projets ne manquent pas, dans le programme de A Ti’a Porinetia, pour favoriser l’accès de nos jeunes futurs diplômés aux postes de responsabilité qu’ils auront mérité de se voir confier.

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18 Commentaires

  1. 3 avril 2013 à 18h52 — Répondre

    Ça me rappelle la séance que nous avons eu à l'Assemblée il y a 2 ans, présidé par Hiro TEFAARERE, ou tout un tas de réformes avaient été proposées à votre commission par les étudiants.. Aujourd'hui, toujours aucune des propositions n'a été mises en place (y compris celles que vous citez ci-dessus)…

    • 3 avril 2013 à 18h53 — Répondre

      Orava Guenin, Keaulana Kavera, Punareva Bonnet, Andrew Jean, vous vous en souvenez?

    • 3 avril 2013 à 20h42 — Répondre

      Comme dirait l'autre : Quel échec ! Avant d'être cadre, il faut avoir un emploi tout court, mettre à manger dans son assiette, se vétir, se déplacer. Armelle avce son sourir et sa fleur à l'oreille semble être bien loin de toutes ces préoccupations, aussi populaires soient-elles… Moi je dis, avant l'océanisation des cadres, océanisation de l'emploi tout court. Donnez aux polynésiens un emploi !!! Vu l'état actuel des choses, être cadre c'est du bonus !!!

    • Keaulana Kavera
      3 avril 2013 à 20h47 — Répondre

      aaah ce beau pays changera peut etre un jour !

    • Steve T. Chailloux
      3 avril 2013 à 21h23 — Répondre

      Orava votons TH alors ? Lol

    • 3 avril 2013 à 21h29 — Répondre

      Le Tavini Huiraatira n'étant pas en course (puisqu'ils se présentent sous la bannière UPLD), je ne vois qu'un seul parti qui corresponde à ces initiales…

    • Steve T. Chailloux
      3 avril 2013 à 21h31 — Répondre

      This is exactly what I meant.

    • 5 avril 2013 à 2h09 — Répondre

      et ils sont proposent encore d'autres propositions !! :3
      Ils sont incroyable!!

    • 10 avril 2013 à 22h01 — Répondre

      Il me semble que depuis 2 ans, c'est bien l'UPLD, et non Armelle, qui aurait pu mettre en place ces dispositions. Tu pourrais relever qu'elles n'ont pas été faites en vain, puisqu'elles sont reprises dans le programme de ATP, pour, enfin, pouvoir être mises en place.

    • 10 avril 2013 à 22h03 — Répondre

      Et Orava, l'emploi tout court, c'est justement sur cette base qu'est construit l'ensemble du projet d'actions de Tevaro. C'est en ce sens qu'il est hiérarchisé, articulé. Et c'est bien l'objectif prioritaire, celui de l'emploi.

    • 10 avril 2013 à 22h10 — Répondre

      Que l'UPLD soit au pouvoir ou pas, les membres d'ATP qui sont déjà élus à l'APF, et qui ont participé à cette réunion sus-citée, auraient très bien pu en faire des projets de loi il y a 2 ans, pourquoi attendre des échéances électorales pour agir?

      Est-ce qu'ATP a sorti son programme complet et officiel? j'aimerai bien l'avoir merci 🙂

    • 12 avril 2013 à 22h48 — Répondre

      Alors ?

  2. 3 avril 2013 à 21h16 — Répondre

    L'observatoire dont vous parlez, c'est exactement ce sur quoi travaille le Ministère de M. Tauhiti NENA, il l'avait annoncé bien avant vous lors de sa campagne pour les législatives. Le manque de lisibilité et de visibilité, il le déplore depuis longtemps et travaille à le réduire. La Médecine que vous citez dans les domaines à promouvoir est encouragée par le biais des bourses majorées, comme d'autres domaines tels que le développement durable et l'informatique. Pensez-vous donc que les choix de filières que l'on ouvre se font au hasard ou que les formations continues qui sont mises en place sont le fruit d'une lubie soudaine??? Le ministre ACTUEL est aussi le 1er à avoir osé publier dans les journaux le nombre de postes occupés par des expatriés pour encourager nos étudiants à passer les concours de recrutement. L'océanisation des cadres – et pas seulement des cadres – se construit, elle progresse, et elle doit aussi venir de l'esprit d'entreprise de nos jeunes. A l'UPLD, on'a pas attendu qu' A Ti'a Porinetia se lève pour réfléchir et agir.

    • Heiura Les Verts Polynésiens
      3 avril 2013 à 21h24 — Répondre

      OUI , eux ils étaient assis avant il viennent de se lever !

    • 3 avril 2013 à 21h24 — Répondre

      * on n'a (faute de frappe, désolée)

    • Auxilia B-Hareraaroa
      3 avril 2013 à 23h11 — Répondre

      bravo Moe depuis le temps qu'ils étaient au POUVOIR ont ils simplement mis en priorité l'AVENIR de nos JEUNES eux qui soit disant POSSÈDENT LE SAVOIR LA CONNAISSANCE LES MIEUX DIPLÔMES etc etc POUR CONDUIRE NOTRE PAYS ils viennent encore nous donner des leçons alors qu'ils ont occupé les FAUTEUILS pdt combien d'année pour quels résultats allez ouste

  3. 3 avril 2013 à 22h06 — Répondre

    Merci de vos réponses à tous : au moins le sujet fait réagir. Et c'est normal parce que vous êtes directement concernés. Orava, ne me reproche pas la fleur et le sourire ; si je ne les avais pas tu m'aurais reproché quoi ? J'attache beaucoup d'importance depuis longtemps à ce sujet (j'ai eu en 20 ans d'enseignement plus de 1200 élèves et étudiants ; je suis fière d'avoir apporter ma petite contribution à leur épanouissement et il me le dise quand je les rencontre) ; évidemment Taimana, Orava, Moe, et les autres vous étiez encore des mignons BB en devenir …). J'ai souvent plaidé haut et fort à l'APF pour l'océanisation des cadre (voir les PV !). J'ai proposé l'idée des bourses majorées, des CVD quand j'étais ministre et nous l'avons fait !! Je regrette que Hiro Tefaarere et l'UPLD n'est pas mis vos propositions en oeuvre. Tant mieux si Tauhiti Nena a travaillé sur ce dossier de l'observatoire mais je regrette qu'il n'est pas concrétisé, comme sur le statut des intervenants dans les associations de jeunesse. Tu es jeune et tu ne sais sans doute pas que ce projet d'observatoire date d'avant toi et Tauhiti. Le malheur c'est que l'instabilité des gouvernements ou l'indifférence de certains n'ont pas fait avancer les choses. En tous les cas sachez que nous ferons avancer le sujet , dans votre intérêt vous les jeunes parce que la Polynésie a besoin de vous. Et que A Ti'a Porinetia croit au vrai changement. Bises à vous

    • 3 avril 2013 à 22h21 — Répondre

      GF a effectivement mis en place en 2000 un observatoire, mais dans le public. Suite à notre entretien à l'Assemblée, nous avons été à la rencontre des entreprises polynésiennes qui ont unanimement répondu à l'appel. De ce partenariat entre les étudiants et les entreprises est né Fenua executive, association présidée par Manuarii Mervin. Ces entreprises font aujourd'hui le boulot du service public pour l'intérêt général et pour l'océanisation des cadres. Perso je trouve ça dommage… C'est au pays à trouver des solutions générales, et aux privés à trouver des solutions particulières.

      Fa'aitoito pour la campagne Madame MERCERON.

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