PORTRAIT – L’homme à la tête de l’Etat islamique en Irak et au Levant se réclame héritier d’Oussama Ben Laden. Et il a l’étoffe de son mentor.
Sur le podium des terroristes. Dix millions de dollars. Voilà combien vaut actuellement la tête d’Abou Bakr Al-Baghdadi. Le leader de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) fait partie du top 3 des terroristes les plus recherchés par les Etats-Unis. Mardi, le mouvement qu’il dirige a pris de court l’armée irakienne et s’est emparé de tout le nord du pays, sans rencontrer de résistance. Mais qui est donc ce nouvel Oussama Ben Laden, à la tête d’une armée de djihadistes ultra-violents qui font régner la terreur sur l’Irak et la Syrie ?
Mystérieux et fin stratège. Selon les Etats-Unis, Abou Bakr Al-Baghdadi est né en Irak, à Samarra, en 1971. On sait très peu de choses de sa jeunesse, sauf qu’il aurait étudié l’islam à Bagdad avant de s’engager très rapidement auprès d’Al-Qaïda en Irak, peut-être même avant l’intervention américaine. Il prend la tête de l’Etat islamique d’Irak en 2010, qui devient l’Etat islamique en Irak et au Levant en 2013.
Ce fin stratège a réussi à tirer profit de la guerre civile en Syrie pour asseoir son autorité et de la faiblesse de l’Etat central irakien pour construire son rêve : un Etat fondamentaliste musulman. « Pour le cheikh Baghdadi, chaque religion a son Etat, sauf l’islam, qui doit avoir un Etat et qui doit être imposé. C’est très simple », dit un des membres de l’EIIL combattant en Syrie.
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Il séduit les jeunes. Abou Bakr Al-Baghdadi a fait scission avec Al-Qaïda, qu’il entend supplanter. Il s’oppose frontalement avec le n°1 du mouvement terroriste, Ayman Al-Zaouahri, à qui il a refusé de prêter allégeance à la mort d’Oussama Ben Laden. Pour ses partisans, Al-Baghdadi représente la nouvelle génération de djihadistes, l’après-Al-Qaïda : « Il a été désigné par cheikh Oussama pour établir l’Etat, c’était son plan avant qu’il ne soit tué », estime le combattant islamiste. Il sait attirer les jeunes et se montre plus ouvert aux apprentis djihadistes que les officiers d’Ayman Al-Zaouahri.
Sans pitié. Extrêmement violent, le chef de l’Etat islamique en Irak et au Levant a la réputation d’être un homme sans pitié. Il n’hésite pas à se retourner contre ses anciens alliés, comme il l’a fait avec le Front Al-Nosra, les rebelles islamistes de Syrie, et Al-Qaïda. Les prisonniers de l’EIIL sont quasi-systématiquement tués par balles ou décapités. Plusieurs vidéos ont circulé, montrant les combattants de l’EIIL abattant leurs ennemis. Le dernier fait d’armes d’Abu Bakr Al-Baghdadi : recruter des centaines d’Européens pour leur enseigner les rudiments du djihad.
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