AFPINTERNATIONALMONDE Accord UE-Turquie: les demandes d’asile de dernière minute progressent toujours AFP 2016-04-05 05 Avr 2016 AFP Athènes (AFP) – Les demandes d’asile de migrants déportables en Turquie progressaient toujours mardi en Grèce, au lendemain des premiers renvois organisés depuis les îles grecques, grippant les complexes rouages de l’accord UE-Ankara censé couper la route migratoire égéenne. Plus de 2.300 demandes d’asile avaient été enregistrées mardi, sur quelque 6.000 migrants visés par l’accord, soit ceux arrivés en Grèce après le 20 mars, a indiqué à l’AFP Philippe Leclerc, le présentant en Grèce du Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU. Or la Grèce s’est engagée avant tout renvoi à examiner cas par cas les demandes d’asile, pour vérifier si les candidats à une protection internationale peuvent en bénéficier en Turquie. De quoi surcharger ses services d’asile, déjà débordés, d’autant qu’Athènes a dû s’engager à limiter à 15 jours maximum le délai d’examen des demandes. Du coup, aucun renvoi n’était annoncé pour mardi, après l’opération très médiatisée lundi de départs des îles de Lesbos et Chios vers le port turc de Dikili de 202 migrants n’ayant pas demandé l’asile. Selon une source officielle turque, les renvois doivent reprendre mercredi, avec 200 personnes acheminées de Lesbos à Dikili. Les déportations reprendront « quand un nombre suffisant » de migrants aura été réuni et que les autorités turques auront donné leur accord, s’est pour sa part limité à indiquer à l’AFP Giorgos Kyritsis, porte-parole du service grec de coordination de la politique migratoire. Les autorités grecques doivent auparavant « réviser » leur liste provisoire de déportables qui comptait quelque 500 personnes, pour vérifier qu’entre-temps, aucun n’a demandé l’asile, a-t-il relevé. – Des Afghans renvoyés indûment? – « Nous craignons que 13 personnes, des Afghans pour la plupart, qui avaient exprimé le souhait de pouvoir demander l’asile, n’aient pas pu être enregistrés à temps », et aient été incluses à leur corps défendant dans le groupe de lundi, a indiqué cependant indiqué M. Leclerc. Ils auraient pu être victimes de la confusion régnant à Chios, depuis les rixes qui ont provoqué la fuite de 600 migrants, selon les médias, hors du camp de rétention de Vial d’où sont censés être coordonnés les départs. Parmi eux, Mariam, une Syrienne tentant de rejoindre son mari en Allemagne, se rongeait les sangs mardi sur le port : elle a entamé les formalités d’asile, puis perdu tous ses papiers dans la fuite hors du camp, et ne sait plus que faire. Les autorités grecques veulent convaincre ces migrants de regagner Vial. Mais Mustafa, Syrien d’origine kurde de 26 ans, hésitait : « Je veux demander l’asile, mais comment être sûr que si je rentre à Vial ils ne vont pas me boucler pour me renvoyer en Turquie? ». Selon Toufik, un Afghan interné à Moria, le camp de Lesbos, les autorités grecques ont traîné les pieds au début pour enregistrer les demandes, avant d’accélérer le rythme, grâce notamment à l’arrivée des premiers renforts européens promis dans le cadre de l’accord UE-Turquie. Mais sur quelque 2.300 agents attendus par Athènes– surtout policiers et experts de l’asile– seul un dixième était déjà déployé sur les îles, selon la Commission européenne. A Moria, la direction du camp, où quelque 2.500 personnes renvoyables sont internées, n’en a pas moins informé par mégaphone des formalités à suivre. Il s’agissait surtout de ramener le calme, après une manifestation de quelque 200 migrants criant « Pas de renvoi en Turquie » et « Liberté ». L’équation est encore compliquée par les doutes sur le niveau de protection offert par la Turquie, en dépit des assurances de l’UE à ce sujet. Si la protection prévue pour les Syriens « est juridiquement forte », la « pratique administrative n’est pas suffisante pour la protection notamment des Irakiens et Afghans », a relevé M. Leclerc. Ankara notamment n’accorde l’asile qu’à environ 10% des demandeurs afghans, contre une moyenne de 65% dans l’UE, a-t-il précisé. L’UE et la Turquie semblaient en tout cas vouloir continuer à afficher leur bonne entente dans cette affaire. Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annoncé mardi une visite de la chancelière allemande Angela Merkel et d’autres « dirigeants européens » le 16 avril dans un complexe pour réfugiés syriens financé par des fonds de l’UE à Kilis (sud-est de la Turquie). Outre la mise en oeuvre complexe de l’accord UE-Turquie, 46.000 autres migrants arrivés avant le 20 mars stagnent toujours en Grèce, et 225 autres ont encore débarqué sur les îles depuis lundi, ont confirmé les autorités grecques. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 172.089 migrants sont arrivés en UE par la mer depuis le 1er janvier, dont 152.137 en Grèce et 19.287 en Italie. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)