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« Additionner les voix autonomistes sans projet, c’est la recette de l’échec »

©CP/Radio1

Nuihau Laurey était l’Invité de la rédaction de Radio1 ce mardi. Il n’est toujours pas convaincu par l’idée de plateforme autonomiste, qui selon lui doit d’abord travailler sur son projet. Il veut concentrer ses efforts sur la suppression de la prime majoritaire et la limitation des mandats, des sujets sur lesquels il prépare une proposition de loi pour mettre le Tavini, entre autres, face à ses contradictions.

Le co-fondateur de A Here ia Porinetia et élu non-inscrit à l’assemblée avait déjà qualifié de « pensée magique » les ambitions du gouvernement en matière de tourisme, et la récente annonce sur l’arrivée de Google en Polynésie et le développement du numérique et de l’audiovisuel lui semblent être du même tonneau. Même si « on a tous envie d’y croire », dit-il, ces annonces grandioses finissent par décrédibiliser tous les politiques et par démotiver les électeurs.

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Cet ancien ministre des Finances n’est pas tendre avec le tenant du poste, Tevaiti Pomare. Les deux hommes se sont affrontés sur la loi fiscale, Nuihau Laurey la jugeant « anti-économique », et c’est à présent le Conseil d’État qui doit se prononcer sur le sujet suite au recours déposé par AHIP et le Tapura. Pour ce néo-libéral pur jus, « le rôle de la puissance publique du gouvernement, c’est de faciliter l’initiative. » Il cite par exemple le registre du commerce et des sociétés, dont les délais ne sont « pas acceptables », et dont le transfert de l’État au Pays est à présent suspendu à l’action du Pays. Tevaiti Pomare est aux abonnés absents, dit Nuihau Laurey, alors que « c’est le moment de proposer des choses. Il est en retard sur beaucoup de choses, et quand il fait des choses, finalement il le fait mal. »

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PSG : « La politique des petits pas, elle risque de donner des petits résultats »

Sur la réforme de la protection sociale, et la méthode graduée de concertations que Cédric Mercadal veut mettre en place, Nuihau Laurey qui a travaillé ses punchlines répond « la méthode des petits pas, pourquoi pas, faut pas que ça soit la méthode des petits bras. » Car les réserves budgétaires qui existent encore, « grâce à l’inflation » qui gonfle les recettes fiscales, seront consommées dans le courant de cette année, dit-il.

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Il invite le ministre de la Santé, dont il dit comprendre qu’il « ne veut pas heurter les partenaires sociaux », à aller plus vite et plus fort : « On a déjà dépassé ce stade-là. Les partenaires sociaux sont au courant des grands déséquilibres, et il faut aborder les problèmes de front. » Il insiste sur l’importance de la prévention, et même d’une protection sociale qui sanctionnerait les comportements abusifs : « On boit trop dans notre pays, on fume trop et on mange trop. Donc imaginer qu’on va trouver des solutions collectives sans passer par une prise de conscience de sa responsabilité individuelle, ça ne marchera pas. » 

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La plateforme autonomiste : sans réel projet politique, « c’est la recette de l’échec »

Nuihau Laurey a finalement rencontré Gaston Flosse pour parler de cette fameuse plateforme qu’il qualifie de « radeau de La Méduse ». Il est contre la fusion des composantes du camp autonomiste dans une nouvelle entité : « Il n’y a rien derrière » le statut de pays associé à la France que défend Gaston Flosse, et « on a déjà beaucoup de compétences qu’on n’utilise pas ». Il n’est pas opposé à une alliance, mais pour lui, la simple addition des voix autonomistes sans réel projet politique, « c’est la recette de l’échec ». A Here ia Porinetia continue donc de prôner l’utilisation du référendum sur les grands sujets de société, le non-cumul des mandats et leur limitation, et la suppression de la prime majoritaire – sans elle, AHIP aurait 11 représentants à l’assemblée au lieu de trois – et a l’intention de déposer à l’assemblée une proposition de résolution sur ces deux derniers sujets à l’assemblée, « pour voir si le Tavini est toujours d’accord. »

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Nuihau Laurey estime donc qu’il ne faut pas avancer plus vite que la musique, et que les partis autonomistes doivent d’abord « apprendre à travailler ensemble » au sein de l’assemblée. Et A Here ia Porinetia veut créer son « école de la gouvernance » pour former « les jeunes qui souhaitent rentrer en politique », sous forme de séminaire mensuel le samedi matin. Avec l’objectif de préparer les élections municipales de 2026, en cherchant justement des alliances pour « monter un projet communal ». Apparemment, il n’y aura pas de module sur le thème « un élu ne devrait pas dire ça » : Nuihau Laurey ne trouve pas grand-chose à redire aux propos  de Mitema Tapati, qui valent au représentant Tavini une plainte pour provocation à la haine raciale. « Il n’a fait que relater une anecdote en parlant de la couleur de peau des personnes, les propos qu’il a tenus n’ont aucun caractère raciste. On verra ce que la justice en pense », balaie Nuihau Laurey qui assure que Mitema Tapati n’est ni raciste ni xénophobe, juste « maladroit ».