Les négociations n’ont pas eu lieu, ce dimanche, entre les quatre syndicats qui ont déposé un préavis de grève à ADT et la direction de la société de gestion de Tahiti Faa’a et des aéroports de Bora, Rangiroa et Raiatea. Les deux parties se rejettent la faute, et le mouvement de grève illimité devrait bien être lancé ce lundi, sans que l’on sache encore dans quelle mesure il va perturber le trafic international et domestique… Ou l’épreuve de surf des JO.
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Si proches d’une rencontre, mais si loin d’un accord. Des négociations avaient été programmées ce dimanche entre la direction d’ADT et l’intersyndicale à l’origine d’un préavis de grève qui doit prendre effet dès ce lundi. La CSTP-FO, la CSIP, O oe to oe rima et Otahi avait déjà été invités à une rencontre qui avait tourné court ce vendredi. Hors territoire, Gwenaël Ronsin-Hardy, le directeur d’Aéroport de Tahiti, société gestionnaire de Tahiti Faa’a ainsi que des aéroports de Raiatea, Bora Bora et Rangiroa, n’était pas présent et c’est la Directrice des ressources humaines Orlane Diallo qui était chargée de négocier la dizaine de points de revendication du cahier. Hors de question pour les responsables syndicaux, qui dénoncent justement, et entre autres points, la « gouvernance RH » de la société contrôlée par Egis et dont le Pays est actionnaire. Les discussions avaient été donc remises à ce dimanche.
« On s’interroge sur leur réelle volonté d’avoir un dialogue »
Sauf que d’après Gwenaël Ronsin-Hardy, revenu prématurément de congés, ces mêmes responsables « ne se sont pas présentés » au rendez-vous de ce matin, à l’exception de Cyril Le Gayic, de la CSIP. Et aucun n’a répondu à l’invitation relancée pour l’après-midi. « Ça a été une surprise, puisqu’il y a une obligation de négocier, explique le directeur, et on s’interroge sur la réelle volonté des parties de vouloir avoir un dialogue, d’avoir des échanges constructifs en vue de lever ce préavis de grève ».
Une situation étonnante puisque les chefs de centrales, eux, avaient fait le déplacement vers l’aéroport de Faa’a ce dimanche matin. Mais tous ont fait le constat, contesté par la direction, « qu’aucune convocation écrite n’a été envoyée », comme l’exige le Code du travail. Cyril Le Gayic ne serait donc monté que pour informer les dirigeants d’ADT que la réunion ne pourrait pas avoir lieu. Une convocation a ensuite bien été envoyée pour une réunion dans l’après-midi, mais « trop tardivement » précise Atonia Teriinohorai. « On veut discuter, mais il faut le faire dans les règles, il faut qu’ils nous convoquent dans les temps, qu’ils fassent des propositions, poursuit le leader de O Oe to oe rima. Il ne s’agit pas de bloquer à tout prix, il y a beaucoup de points sur lesquels ont souhaite avancer ».
Chacun se rejette la faute, donc, et la grève de lundi devrait bien avoir lieu. En attendant qu’une rencontre soit reprogrammée, c’est des conséquences du mouvement sur les compagnies que l’on parlait à ADT ce dimanche après-midi.
« Pas de dégradation », et même « des améliorations » des conditions de travail
Le cahier de revendications, pourtant, a de quoi alimenter la conversation. Au menu : demandes de revalorisation des salaires, de recrutements, de titularisation et de formation, « défaillance » dans la gestion du personnel, non respect des protocoles d’accord passés, « instauration d’un climat social de peur », inquiétudes concernant les conditions de transfert de l’exploitation des aéroports des îles au prochain délégataire de service public… Sur ce dernier point, Gwenaël Ronsin-Hardy explique avoir de quoi rassurer les syndicats. Après un travail avec la présidence, « le Pays confirme bien la reprise de l’ensemble des contrats de travail et de l’ensemble des acquis sociaux attachés dans le cadre de cet appel d’offres en cours sur cette future délégation de service public, annonce-t-il. On n’a pas eu le loisir de l’exposer à l’Intersyndicale mais cette information sera diffusée à l’ensemble des employés ».
Pour le reste, le directeur d’ADT conteste globalement les constats dressés par l’Intersyndicale. Celui d’une absence d’avancée du dialogue social, alors que « un certain nombre de sujets ont été traités », lors des négociations annuelles, au sein du CHSCT, ou de discussions avec les représentants du personnel sur la mise en place d’une mutuelle par exemple. Le constat, aussi, d’une « dégradation des conditions de travail » dans un aéroport vieillissant. « Les choses avancent », martèle Gwenaël Ronsin-Hardy. « Il y a beaucoup de chantiers qui sont lancés, le personnel est largement mobilisé et d’ailleurs je les en ai remercié dans un courriel. On améliore la conformité, on améliore la qualité de service on lance des travaux d’investissement justement pour attraper ce retard qui a été pris probablement aussi par le fait que la concession a pris un peu de temps à se remettre en place. Il y a beaucoup de choses qui ont été faites il y a un vrai dialogue social, continue le cadre d’Egis. Je ne peux entendre dire que la situation s’est dégradée, je dirais qu’elle s‘est plutôt améliorée même. J’ai eu beaucoup de retours de personnels avec des soutiens là-dessus et parfois même pour certaine des incompréhensions par rapport à un certain nombre de points de ce préavis ».
Nul doute, donc, que la direction d’ADT et les représentants du personnel auront beaucoup de désaccords à régler quand les négociations commenceront réellement. Une réunion devrait être programmée ce lundi. Quant à savoir si le mouvement risque de perturber l’organisation des JO, le directeur ne s’avance pas. Du côté des autorités, on précise tout de même que beaucoup de participants, officiels et techniciens de la compétition sont déjà à Tahiti.