Le gouvernement a rendu un avis favorable à la demande de desserte de Tahiti formulée en juillet par le géant américain Delta Airlines. Une autorisation pour l’instant limitée à un « test » d’un peu plus de trois mois « conformément à la demande de la compagnie ». À partir du 17 décembre et jusqu’à fin mars, Delta desservira donc Tahiti – Faa’a depuis Los Angeles trois fois par semaine.
La décision a été prise lors d’un conseil des ministres extraordinaire ce lundi matin. Delta avait visiblement déjà assez attendu : la major américaine avait montré des signes d’intérêt pour le marché dès 2016, avait déposé sa demande formellement courant juillet… Et immédiatement commencé à vendre des billets pour le mois de décembre. Le gouvernement précise dans son communiqué qu’il avait pris soin de consulter tous les acteurs du « tourisme et de l’aérien » avant de lui donner ce sésame. Et les acteurs en question n’étaient pas tous d’accord. D’un côté, ceux qui applaudissaient d’avance cette arrivée, synonyme de meilleure desserte du fenua et de meilleure visibilité de la destination sur les marchés. Comme le précise le gouvernement, la major américaine compte « plus de 92 millions de membres fidélisés dans le monde dont 7 millions en Asie ». « Son hub de Los Angeles connecte 62 villes des États-Unis et plus de 20 destinations internationales auxquelles s’ajoutent près de 35 destinations opérées par les membres de l’alliance Skyteam dont elle fait partie avec Air France », appuie le Pays.
Coup de massue sur la concurrence ?
Mais c’est justement cette alliance forte avec Air France qui fait dire à d’autres, principalement dans l’aérien, que la nouvelle compagnie n’apporterait pas grand chose de plus. Si ce n’est une force de frappe qui pourrait éliminer certains concurrents. Delta – première compagnie mondiale en termes de revenus, deuxième pour le nombre de passagers transportés et troisième en nombre d’avions avec près de 900 appareils qui parcourent les États-Unis et le globe – a en effet de quoi écraser les prix. Certains s’inquiétaient de la capacité d’accueil de Tahiti-Faa’a, toujours pas rénovée, de celles des hôtels du fenua, qui affichent, pour beaucoup, déjà complet… Mais c’est surtout vers ATN que tous les yeux sont rivés : les finances de la compagnies du pays ont déjà connu des perturbations importantes ces deux dernières années, et les deniers publics auraient du mal à supporter de nouvelles pertes.
Horaires décalés
Le débat, pourtant, a tourné court. Car il était juridiquement risqué de refuser la demande de Delta, légitime au regard des accords aériens. Si le gouvernement n’a pas attendu mardi pour acter ce feu vert, c’est d’ailleurs parce que les délais légaux arrivaient à terme. L’autorisation reste toutefois temporaire et limitée à la saison Iata « hiver 2022 – 2023 ». S’il s’agit surtout d’un essai pour la compagnie, le Pays estime que ces trois mois et demi – du 17 décembre au 25 mars 2023, « permettra aussi à tous les acteurs (aéroportuaires, hébergeurs, et de manière générale tous les acteurs du tourisme) d’évaluer les impacts de l’arrivée de ce nouvel opérateur sur notre territoire ». Le gouvernement indique aussi que les « échanges « avec Delta Airlines ont permis d’adapter le choix des avions – des Boeing 767 – 300 ER d’une capacité de 226 sièges – et que les horaires ont été « négociés ». Delta décollera en effet de LAX en fin de matinée pour une arrivée à Papeete à 18h00 « soit près d’une heure avant le premier vol de la soirée », évitant ainsi de rajouter à l’encombrement du terminal. Mais ces horaires comme ce type d’appareils avaient été annoncés par la compagnie dès le dépôt de la demande, en juillet. Au total, ce sont près de 19 000 sièges qui seront proposés à la vente d’ici la fin du mois de mars.