Aéroport de Tahiti (ADT) a fait le point, ce lundi matin, sur sa gestion de Tahiti-Faa’a et des plateformes de Bora, Rangiroa et Raiatea. La société en gardera les manettes jusqu’en 2022, et sa maison-mère, Egis, espère bien décrocher le contrat pour 30 ans de plus. De chantiers de rénovations en appels d’offre pour la restauration, elle assure que la course aux concessions n’empêche pas les aéroports d’évoluer.
2 160 700. C’est le nombre de passagers que les quatre plateformes gérées par ADT ont vu passer l’année dernière. Parmi eux, près de 1,5 million ont fait rouler leur valise dans les allées de l’aéroport de Tahiti-Faa’a. Des chiffres en nette augmentation : le trafic domestique est en hausse partout, et notamment à Bora Bora, qui enregistre 7,2% de passagers supplémentaires sur l’année. Côté international, le bond est plus impressionnant encore : +18% sur deux ans. Aucun doute, « French Bee et United ouvrent le marché », précise Jean-Michel Ratron. Le directeur général d’ADT préfère toutefois prévenir : en l’absence de nouvelles destinations cette année, la croissance devrait être contenue aux environs de 2%.
Les aéroports polynésiens marchent fort, et continuent à vivre. Voilà le message développé ce mardi par ADT, en pleine opération séduction auprès des autorités, de ses employés ou du grand public avant le renouvellement des concessions. Rénovation des comptoirs internationaux à Faa’a, nouvel assainissement à Bora, extension de l’aérogare de Raiatea… La société, détenue à 49% par le groupe français Egis, 2% par sa maison mère la Caisse des dépôts, et 49% par le Pays, déroule son bilan 2019. Et multiplie les chantiers, notamment du côté de l’aéroport international.
Nouvelle salle d’embarquement, nouvelles buvettes, des panneaux en tahitien…
Au programme de 2020, le lancement d’un appel d’offre pour revoir entièrement la restauration de l’aéroport, la mise en place de signalétique en tahitien, des investissements sur la piste ou le système d’exploitation. Ou encore la rénovation de la salle d’embarquement des vols domestiques avant la fin de l’année, et celle du salon d’honneur avant l’arrivée du président Macron et de son cortège de hauts responsables… Autant d’investissements assurés « sur fonds propres », précise le directeur d’ADT. Il faut dire que le manque de visibilité sur sa concession n’aide pas la société a avoir accès aux bailleurs de fonds. Mais « certains projets ne peuvent pas attendre », assure son directeur : le nouveau concessionnaire ne devrait pas prendre les manettes avant « début 2022 » – Egis espère bien les garder – et il lui faudra quoi qu’il arrive du temps pour mettre ses plans en action.
À noter qu’ADT promet aussi, à plus court terme, la modernisation des bornes de paiement des parkings, la création d’un comptoir de détaxe et d’un point de collecte Duty Free pour ceux qui commanderont leurs achats en ligne avant leur atterrissage à Tahiti.
De nouvelles compagnies internationales intéressées par des vols vers Tahiti
Pas avare de communication, ADT insiste aussi sur sa participation à la promotion de la destination polynésienne. Membre du conseil d’administration de Tahiti Tourisme depuis l’année dernière, la société a participé, en compagnie du GIE, au salon World Routes 2019 en Australie. Et compte remettre le couvert en 2020, à Milan. L’événement sert notamment de « speed dating entre aéroports et compagnies », comme le précise Jean-Michel Ratron. Qui l’assure : ADT a des contacts « avancés » avec des opérateurs intéressés. Compagnies canadiennes ? Australiennes ? Les échanges restent sous le sceau de la confidentialité mais des études de trafic ont bien été réalisées. Et la mise sur le marché de nouveaux longs courriers à petite capacité (Airbus A321XLR), pourrait créer de nouvelles opportunités.
Rien d’imminent, toutefois : la concrétisation de ce genre de discussion « prend généralement plusieurs années ». Et une question reste en suspens : la plateforme de Faa’a, très sollicitée sur certaines plages horaires, peut-elle matériellement accueillir de nouveaux acteurs ? Aucun problème du côté des pistes et parking, assure le directeur « mais la vraie question, c’est la capacité du terminal ». Reste à savoir ce que les candidats à la prochaine concession vont proposer pour sa rénovation.
Une grande rénovation du terminal de Faa’a… mais pas avant 2024
Le flou se dissipe peu à peu autour de la procédure d’appel d’offre pour la concession de Tahiti-Faa’a. Après l’annulation par la justice de la première attribution à Egis – en 2010 – et de longs revirements dans la procédure, un appel public à concurrence a été relancé en novembre dernier. Des candidats devraient être présélectionnés au mois de mars, et un cahier des charges précis de la concession devrait alors leur être communiqué. Y figureront notamment les attentes de l’État en matière de modernisation de l’aéroport, dont beaucoup d’installations sont vieillissantes. Augmentation des capacités des parkings, rénovation et l’extension, côté Est, de l’aérogare… Les grandes lignes sont fixées mais aux candidats – a priori le groupe Egis, ses concurrents Vinci Airports et Edeis et un consortium public-privé mené par la CCISM – de faire leurs propositions. Ils devraient avoir plusieurs mois pour préciser leur dossier pour un choix final courant 2021. À entendre ADT, la passation – ou la reconduction – de la concession n’aurait pas lieu avant début 2022. Restera à lancer les dernières études, préparer des appels d’offres… Pour Jean-Michel Ratron, il faudra donc « au minimum 4 ans », pour voir les premiers travaux dans le terminal actuel. Raison de plus, donc, pour y réaliser des investissements d’ici là. À noter qu’un autre appel d’offre devrait être lancé pour les aéroports des îles. Par le Pays cette fois : l’État lui transférera la propriété des plateformes de Bora-Bora, Raiatea et Rangiroa le 31 mars de cette année. |