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Affaire Boiron : délibéré le 12 mars

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Lors de cette deuxième et dernière journée du procès en appel de l’affaire Boiron les réquisitoires sont tombés, demandant la confirmation des peines prononcées en première instance. Contre Sabine Boiron il a été requis sept ans de prison ferme, et quatre ans contre Thierry Barbion et Marc Ramel ainsi qu’un mandat de dépôt. Le délibéré sera rendu le 12 mars.

La deuxième journée du procès en appel de l’affaire Boiron a débuté par l’audition de deux témoins. Tout d’abord c’est une amie d’Alice* qui a été appelée à la barre. Elle a déclaré avoir accompagné Alice alors qu’elle se rendait chez Thierry Barbion et assisté à des préliminaires entre eux. Acte qui tombe sous le coup de la corruption de mineure, l’un des chefs d’accusation portés contre le promoteur. Ensuite c’est Lara* qui a témoigné, dédouanant Marc Ramel sur les faits qui lui sont reprochés, à savoir, atteintes sexuelles sur mineure. Elle a indiqué qu’elle lui avait menti sur son âge, 13 ans au moment des faits, et  confirmé qu’il avait rompu avec elle lorsqu’il l’a appris.

« Tous les ingrédients d’une affaire hors normes »

Puis l’avocate générale s’est lancée dans son réquisitoire. « Nous avons là tous les ingrédients d’une affaire hors normes. » Et de poursuivre, à l’adresse de Sabine Boiron, « Vous avez d’un coté une ex-institutrice à laquelle la société a confié ses enfants pour les éduquer, et qui s’avère être une toxicomane qui profite de la faiblesse des jeunes filles (…) et qui se révèle être la dernière personne à qui l’on confierait ses enfants. » Se tournant vers Marc Ramel, « Vous avez de l’autre côté, un patron de bar de nuit qui accueille des jeunes filles et des grands patrons et qui en profite pour consommer des jeunes filles mineures. » Á l’attention de Thierry Barbion, « Et enfin, un entrepreneur qui a brillamment réussi et qui en raison de ses apports à l’économie de la Polynésie a pu être considéré comme intouchable. »

Puis s’adressant au parquet, « Cette histoire ne peut que choquer les personnes et les passionner. Chacun interprétera votre décision. Soit on dira que vous protégez les puissants et à l’inverse on dira que vous faites preuve de puritanisme. Quoique vous fassiez, vous serez critiqués. »

Quatre ans requis contre Thierry Barbion

Concernant Thierry Barbion, pour le chef d’accusation de recours à la prostitution de mineures, « Vous conclurez indéniablement à sa culpabilité. » Concernant la corruption de mineures, « Il prétend qu’il ne savait pas qu’il pouvait être vu quand il faisait des préliminaires avec Alice. Là encore cela n’a rien d’accidentel. S’il avait voulu ne pas être vu, ils se seraient enfermés dans une pièce. » Pour elle, « il s’agit d’une incitation à la participation d’orgies sexuelles. » Elle réclame à son encontre quatre ans de prison ferme, mandat de dépôt, six millions de Fcfp d’amende et son inscription au fichier des délinquants sexuels (Fijais).

Quatre ans requis contre Marc Ramel

« De nombreux témoignages indiquent que Lara faisait son âge, 13 ans, quand il l’a connue, et une fois qu’il a rompu, soi-disant à cause de son âge, il remet ça avec une autre mineure de 17 ans. » Quatre ans de prison ferme, mandat de dépôt et trois millions et demi de Fcfp d’amende sont requis contre lui, ainsi que son inscription au Fijais.

Sept ans requis contre Sabine Boiron

Contre Sabine Boiron, renvoyée pour proxénétisme et infractions liées aux stupéfiants, « À travers toutes ses actions, maquiller les filles, les vêtir et les présenter à Barbion dont elle récupère l’ argent, mais ne le redistribue pas, (…) les actes de proxénétisme sont là. Elle n’hésite pas à annihiler la volonté des jeunes filles en les bourrant d’ice. Quant à la minorité de celles-ci, elle les cherche car Barbion aime la chair fraîche. Et comme elle était soumise à Barbion…» Sept ans de prison ferme sont réclamés, assortis d’un mandat de dépôt et deux millions de Fcfp d’amende et son inscription au Fijais.

« On voit qu’il y a eu de la tendresse. »

Au tour de la défense de s’exprimer. Le premier, l’avocat de Marc Ramel, Me Jourdainne. Pour lui, le mandat de dépôt de son client « ne se justifie pas, il n’y a pas de risque de fuite, il vit ici. » Sur les faits qui lui sont reprochés, « Après avoir entendu Lara, qui ne s’est pas portée partie civile, on voit qu’il y a eu de la tendresse. Et elle aussi est tombée amoureuse de lui. Certes elle avait 13 ans, mais elle ne s’est jamais prostituée. » Assurant que son client a été « berné » par l’apparence de la jeune fille quand elle était maquillée et apprêtée, « sur les photos de son compte Facebook, on comprend que Ramel se soit fait abuser. Et quand il apprend son âge véritable, il dit stop. C’est fini. » Pour lui, « on veut faire payer très cher l’erreur de mon client. »

« Votre objectif est de noircir le dossier »

Me Efftimie-Spitz et Me Quinquis se sont succédé pour défendre Thierry Barbion. Si la première s’est acharnée à « faire ressortir la vérité de ce dossier » en épluchant quasiment tous les témoignages dont regorge le dossier d’instruction et assénant au procureur, en fin de sa longue, très longue plaidoirie, « vous avez envie de le condamner. », Me Quinquis lui a opté pour une défense plus concise.

« Votre objectif est de noircir le dossier et de faire un amalgame avec des faits anciens qui datent de 2011. Les poursuites d’aujourd’hui, concernent des faits de 2012. (…) Demander quatre ans de prison pour avoir couché avec une mineure de 17 ans, c’est irréaliste ! » Pour lui, « il faut apporter la preuve du recours à la prostitution de mineure. Nous avons une certitude, c’est qu’Alice n’a pas été rémunérée. Si la rémunération n’existe pas, il n’y a pas de prostitution. Vous pouvez le relaxer de ce chef. »

Insinuant que « la sévérité de la procureure a un objectif, celui d’avoir une certaine cohérence avec le jugement de première instance. » Il souligne que la peine requise à l’encontre de son client en première instance était de deux ans avec sursis. Estimant qu’une peine d’enfermement doit répondre à une nécessité – « là, il n’y a pas de nécessité. Il ne représente aucun risque de récidive » – il demande la relaxe. 

Le DSK des îles

Me Des Arcis a pris la parole en dernier. « Je cherchais un titre pour ce dossier, et je pense qu’il aurait pu s’appeler le DSK des îles ». Pour lui, l’humain doit régner dans un prétoire, et « l’avocat est là pour représenter l’humain. » Sur sa cliente il relate. « Quand elle a lu le dossier en prison et qu’elle a vu les dégâts qu’elle a causé, elle s’est exclamée ‘mais ce n’est pas possible que j’ai pu commettre cela’. Elle reconnaît ce qu’elle a fait, mais vous ne devez lui faire payer que ce qu’elle a fait. Pas autre chose. »

Déclarant qu’il ne demande pas la relaxe, « je ne suis pas dans le déni », il interroge le parquet. « Quelle peine lui attribuer ? » Et d’expliquer, « cela fait trois ou quatre ans qu’elle a arrêté l’ice, et il est temps d’arrêter de la torturer. Il est temps que cela s’arrête et que l’on tienne compte des preuves de sa réinsertion. »

Le délibéré sera rendu le 12 mars. En attendant cette date, Sabine Boiron reste en détention.

*Noms d’emprunt