Miri Tatarata, directrice de l’Environnement, et Jean-Paul Le Caill directeur du Port autonome ont été mis en examen dans l’affaire des bonbonnes de gaz toxiques submergées en 2019 avec le Kura ora II, comme l’a révélé Tahiti Infos. La Fape, partie civile dans l’affaire, « suit le dossier de près » et son président Winiki Sage, qui parle d’un « excès de confiance » des services concernés », espère des sanctions exemplaires.
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Le 11 janvier 2019, le Kura ora II était coulé au large de Tahiti. Une procédure dûment autorisée mais qui n’avait pas tardé à attirer l’attention de la justice. Des bonbonnes de gaz étaient en effet rapidement remontées à la surface, et leur analyse avait révélé qu’elles avaient contenu du bromure de méthyle – un produit très toxique, et interdit en France depuis une quinzaine d’années – qui a été utilisé pour la fumigation de certains produits par les autorités sanitaires. L’enquête révèlera que 87 bonbonnes, dont 18 encore pleines, ont été immergés avec le navire, de même que 196 tonnes de déchets métalliques, le tout sans autorisation. Dès la fin février 2019, des responsables du port, de la Diren et de la biosécurité sont placés en garde à vue et les mises en examen ne tarderont pas à tomber.
L’enquête a connu un nouveau rebondissement, révèle Tahiti Infos : la directrice de l’environnement Miri Tatarata; à son tour, a été mise en examen lundi, pour « plusieurs infractions relatives à la violation du code de l’environnement », à l’issue d’un entretien avec le juge d’instruction en charge de l’information judiciaire, Frédéric Vue. Le quotidien souligne que son avocat conteste fermement cette procédure et assure qu’elle n’a pas été tenue au courant du chargement des bonbonnes sur le navire, en tout cas pas selon la procédure administrative de mise. C’est la quatrième personne mise en examen, après Rudolph Putoa qui était responsable de la cellule phytosanitaire de la direction de la Biosécurité, François Chaumette, ancien commandant du Port autonome démissionnaire, et Claude Serra, alors responsable de la cellule de la protection des milieu de la Diren. Et mardi la cinquième personne mise en examen est Jean-Paul Le Caill, directeur du Port autonome, qui dément lui aussi avoir été informé par mail des opérations.
« On aurait jamais dû arriver à ce qui s’est passé »
Aujourd’hui la Fédération des associations environnementales (Fape), qui avait réagi « avec stupeur » en 2019 et qui s’est aujourd’hui déclarée partie civile, « suit le dossier de très près ». Winiki Sage, son président, estime que les résultats de l’enquête « risquent d’être très graves pour certaines personnes. » Pas question de se prêter au jeu des pronostics judiciaires, mais pour l’environnementaliste il pourrait s’agir d’un « manque de rigueur » entre des personnes qui se faisaient confiance et « se connaissaient bien ». Il n’en reste pas moins que « c‘est un dossier assez grave, souligne-t-il, on aurait jamais dû arriver à ce qui s’est passé. »
« On ne peut pas sanctionner des pêcheurs de tortue et pas les services du territoire »
Pour le président de la Fape, ce jugement est aussi une question « d’équité ». « Les sanctions doivent tomber, c’est une atteinte grave à l’environnement et au code de l’environnement, prévient-il. On ne peut pas sanctionner les pêcheurs de tortues et pas les services du territoire, en l’occurrence le Port autonome, s’il est avéré qu’il y a eu faute ».