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Affaire du Royal Palms : huit ans de prison requis contre un caïd de l’ice

Ce lundi s’est tenue la première des deux journées d’un procès où l’ice et la violence se partagent la vedette. Une violence initiée par un seul homme, Tamatoa dit « siki », qui faisait régner la terreur au sein de son réseau. Trafic, expéditions punitives, coups de feu et menaces de « balle dans la tête »… Cette affaire, dont les forces de l’ordre ont remonté le fil après une rixe à la résidence Royal Palms de Punaauia, pourrait valoir huit ans de prison au caïd et des peines de six mois à cinq ans pour neuf de ses associés.

Belle gueule de voyou avec un petit côté « Chicanos », le regard noir qui va avec, Tamatoa T., 41 ans, est soupçonné par la justice d’être à la tête d’un réseau d’une dizaine de revendeurs d’ice et de paka, qu’il mène à la baguette par la violence et les menaces. Doté d’une certaine intelligence voire d’un instinct animal, il s’entoure de personnes dont il sent qu’ils ne lui feront jamais de l’ombre. Des seconds couteaux. C’est lui le boss, le mâle alpha et il est prêt à tout pour le montrer et le rester. Il possède des armes dont un colt 45 qu’il n’hésite pas à utiliser et de fait il est plus craint que respecté.

Pour preuve les prévenus, lors de leurs auditions tant à la gendarmerie que devant le juge d’instruction, le chargent. Tous déclarent avoir peur de lui, qu’il les menace de leur mettre une balle dans la tête ou de les enfermer dans une cage en montagne. Mais ce matin à l’audience alors qu’il est présent dans le box des accusés tous reviennent sur leur déposition et mettent en cause « la pression exercée par les gendarmes et le juge d’instruction.»

Jalousie ou lutte pour un territoire ?

Froid et calculateur sa carrière de caïd des stups aurait pu perdurer encore longtemps s’il n’avait un vilain défaut qui va précipiter sa perte. La jalousie. Enfin si l’on en croit les accusés. Selon leurs dépositions, en février 2018 apprenant que sa petite amie avait passé la soirée avec un certain Matahi, il décide avec ses hommes de main de le séquestrer. Après être passé chez Matahi, alors absent de son domicile, avec une trentaine de gars qu’il avait recruté pour l’occasion, puis saccagé sa maison, Tamatoa apprend qu’il est dans un appartement de la résidence Royal Palms à Punaauia.

Ils s’y rendent et le passent à tabac, avec colt 45 sur la tempe durant une dizaine d’heures. Puis ils s’en vont pour revenir en force, le lendemain, cagoulés et armés, apprenant que leur victime avait rameuté des gars à lui. S’ensuit une bagarre à laquelle participent une cinquantaine de gars et où un coup de feu est tiré. Une vidéo tournée par un témoin de la scène montre que c’est Tamatoa l’auteur du coup de feu. Les plaques minéralogiques des voitures utilisées pour la descente au Royal Palms, permettent aux gendarmes de remonter jusqu’aux propriétaires et de faire tomber la filière.

Cinq millions en liquide et 48 grammes d’ice

Ils perquisitionnent au domicile de la compagne de Tamatoa chez qui il vit de temps à autres et trouvent sur lui 830 000 francs puis dans sa voiture près de 5 millions francs et 48 grammes d’ice.  Se voyant coincé il ordonne à deux de ses hommes et à sa compagne d’aller voir un dénommé Patu, qui a participé à la rixe du Royal Palms, pour qu’il se rende à la gendarmerie pour s’y dénoncer et déclarer que c’est lui qui avait planqué l’ice et l’argent dans la voiture et que Tamatoa n’y était pour rien. Mais le stratagème ne prend pas car Patu s’est montré incapable de donner la quantité d’ice qui a été trouvée et le montant de la somme d’argent. Les gendarmes ont déclaré qu’il semblait sous l’emprise de stupéfiants et cerise sur le gâteau, lorsqu’il a enlevé sa casquette un stick d’herbe est tombé au sol. Après avoir perquisitionné chez d’autres membres du réseau, les gendarmes mettent la main sur le colt 45 enterré dans le jardin de l’un d’entre eux.

Des prévenus aux explications lunaires

Tout au long de la matinée, les prévenus se sont montrés brouillons à la barre, s’emberlificotant dans des explications parfois lunaires, tous avec le même but : dédouaner le boss. Un boss qui, interrogé en dernier, n’a pas manqué d’en rajouter une couche, niveau explications tirées par les cheveux. À la question du juge, « pourquoi ils ont peur de vous », « c’est exagéré », assure-t-il. Le juge insiste, « non non, ils ont peur des représailles », « quelles représailles ? ils m’en veulent, c’est tout, je leur ai donné du travail, à manger (NDLR : il a un club de va’a et un atelier où il effectue des réparations) et c’est vrai que je peux être méchant quand je m’aperçois qu’ils m’ont volé. »

Sur les 830 000 francs retrouvés sur lui, « je les ai gagnés aux combats de coqs.» Au sujet des cinq millions dans la voiture, « ce sont des subventions données sur plusieurs années par la mairie pour que le club participe à des courses. » Le juge s’étonne, « pourquoi vous ne les avez pas mis à la banque ? » « Je n’ai pas confiance », « parce que la voiture c’est mieux ? » ironise le juge. Sur les 48 grammes d’ice, « C’est Patu qui les a trouvés par terre lors de la bagarre au Royal Palms et qui les a mis dans ma voiture. » « Finalement vous n’avez rien fait dans cette affaire » remarque le juge. Tamatoa décide de se charger un peu, « si, un peu de violence, vous comprenez, je les nourris, leur donne du travail et ils me volent. Alors je tape.» Il l’assure, « vous savez, nous les Tahitiens on ne discute pas, on tape. Mais je ne suis pas un boss, je suis un meneur, un entraineur, c’est peut-être parce que je suis parfois méchant que les gens s’imaginent des choses. »

« C’est un affrontement entre deux bandes rivales qui se disputent un territoire. »

Pour le procureur de la République, la thèse de la jalousie « ne tient pas, on ne débarque pas à trente pour une histoire de jalousie, d’autant que cette affaire survient à la même période que celle dite de Sarah Nui et que l’on y retrouve des personnes qui ont été impliqués dans ce dossier et incarcérées depuis. » Pour lui, « c’est un affrontement entre deux bandes rivales qui se disputent un territoire.» Il l’affirme, « Tamatoa T. est un boss au caractère violent qui dirige tout tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la prison de Nuutania. ». Car le caïd purge actuellement une peine de deux ans de prison pour une affaire de stupéfiants. Le procureur requiert 8 ans de prison ferme à son encontre et des peines allant de six mois avec sursis à cinq ans ferme pour les neuf autres membres du réseau. Le procès se poursuivra demain avec les plaidoiries des avocats.

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1 Commentaire

  1. Teiva Hoki
    7 mai 2024 à 6h28 — Répondre

    Pablo Escobar local !!! Ha ha ha !!! un petit clown rigolo qui se prend pour un caïd !!! J’aime bien nos locaux, trop cool !!! J’espère néanmoins qu’on en arrivera pas au même niveau que Pablo !!!

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