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Affaire Morandini: ouverture de deux enquêtes visant l'animateur

Paris (AFP) – Le feuilleton Morandini est désormais entre les mains de la justice: le parquet de Paris a ouvert deux enquêtes visant l’animateur pour « corruption de mineur » ainsi que « harcèlement sexuel et travail dissimulé », notamment autour des castings controversés de sa websérie « Les Faucons ».

Les deux enquêtes préliminaires, ouvertes à la suite de plusieurs plaintes, portent « sur des faits et des plaignants distincts », a précisé une source judiciaire, confirmant une information rapportée par L’Express sur son site internet.

La première enquête, ouverte fin juillet pour « corruption de mineur », a été confiée à la Brigade de protection des mineurs (PJ de Paris). Selon la source judiciaire, elle concerne à ce stade un seul plaignant et est sans lien avec la websérie produite par Jean-Marc Morandini, au coeur d’une polémique depuis plusieurs semaines.

L’enquête pour « harcèlement sexuel et travail dissimulé » a été ouverte début août à la suite des plaintes de cinq comédiens – des majeurs – et a été confiée aux policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (PJ de Paris). Elle vise notamment l’animateur et sa société de production « Ne zappez pas productions ».

Figure d’Europe 1, également animateur sur NRJ12, Jean-Marc Morandini est dans la tourmente depuis la publication mi-juillet d’une enquête des Inrocks où de jeunes comédiens racontaient les conditions d’un casting pour la websérie. 

Son synopsis? « la vie au sein d’une équipe de foot racontée sans tabou: amour, famille, drogue, sexe », peut-on lire sur le compte Twitter des « Faucons ». L’animateur vedette est notamment accusé d’avoir profité des castings pour pousser des comédiens à s’exhiber nus. 

Thierry Vallat, l’avocat de trois de ces plaignants âgés d’une vingtaine d’années, a affirmé à l’AFP avoir produit dans ses plaintes plusieurs dizaines de mails tendant à prouver, selon lui, des « échanges scabreux » avec la société de production et les comédiens.

– D’autres plaignants ? –

Sur le volet « harcèlement sexuel », la plainte met en cause « le travail de sape » fait par une personne se présentant comme « la directrice de casting Catherine Leclerc pour les pousser à envoyer des vidéos d’eux nus par mail », souligne l’avocat. D’après lui, l’identité numérique de Catherine Leclerc aurait pu être montée de toutes pièces.

Selon Me Vallat, l’un des comédiens qui a porté plainte à visage découvert, Quentin Surtel, a déclaré avoir vu M. Morandini dans les locaux de la société, affirmant que l’animateur avait fait pression pour qu’il fasse une vidéo nu.

Sur le volet « travail dissimulé », Me Vallat estime que les règles en matière de tournage n’ont pas été respectées, avec notamment des fiches de paye pour une demie-journée alors que toute la journée a été travaillée.

Son confrère Laurent Cailloux-Meurice a par ailleurs indiqué avoir engagé des recours devant le conseil de prud’hommes de Paris.

Au plan pénal, les investigations viennent de débuter avec les premières auditions de certains plaignants, selon la source judiciaire. Jean-Marc Morandini, lui, n’a pas encore été entendu par les enquêteurs, selon une source policière. D’autres plaignants pourraient prochainement se manifester auprès de la justice.

« Les acteurs savaient ce qu’ils venaient tourner », avait contre-attaqué Jean-Marc Morandini au cours d’une conférence de presse le 19 juillet, en annonçant son intention de porter plainte contre Les Inrocks.  

Il a affirmé n’avoir « jamais forcé quiconque à avoir une relation sexuelle » avec lui et n’avoir « jamais couché avec un mineur », tout en concédant qu’il y avait eu « des maladresses ».

Dans une deuxième enquête, Les Inrocks avaient publié un témoignage d’un mineur de 15 ans au moment des faits à qui M. Morandini aurait fait des propositions par messagerie privée en 2012, pour « passer un casting pour un calendrier » sexy, selon les propos du jeune homme.

L’animateur quittera provisoirement à la rentrée l’antenne d’Europe 1 « d’un commun accord » avec son employeur.

© AFP/Archives GEOFFROY VAN DER HASSELT
L’animateur Jean-Marc Morandini, le 19 juillet 2016 à Paris