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Affaire Radio bleue : Plus de 30 millions de gabegie

L’affaire Radio bleue est l’un des derniers dossiers politico-financier impliquant l’ancien député-maire de Mahina, Emile Vernaudon. En décembre dernier, le parquet a requis le renvoi en correctionnelle des trois protagonistes de cette affaire pour « détournement de fonds publics » et « abus de confiance » : Joinville Pomare, Gilles Tefaatau et Emile Vernaudon. Radio 1 s’est procuré le réquisitoire définitif qui dévoile l’enquête sur une véritable gabegie financière qui s’est étalée de 2002 à 2009 et a mené la radio communale à la liquidation…

C’est une nouvelle fois un rapport de la chambre territoriale des comptes de 2009 qui a permis l’ouverture de ce dossier. Saisi par la juridiction financière, le procureur a ouvert une enquête qui a rapidement été jointe à la plainte d’un ancien animateur de la radio associative. Ce dernier indiquait aux enquêteurs n’avoir jamais bénéficié de contrat de travail et contestait la comptabilité de la radio qui faisait apparaître des salaires trois fois plus importants que ceux qui lui avaient effectivement été versés… Une information judiciaire a d’abord été ouverte en 2010 pour « faux et usage de faux » et « abus de confiance » à l’encontre du président de l’association gérant la radio de 2000 à 2009, Joinville Pomare. Mis en examen quelques mois plus tard, ce dernier indiquait s’être vu « confier les rênes » d’une radio qu’il définissait comme « un outil politique de propagande servant au parti auquel il avait adhéré, le Ai’a Api, (le parti d’Emile Vernaudon, NDLR) mais également à tous les autres partis politiques souhaitant s’opposer à M. Flosse ». Il précisait que : « Cet outil de travail lui avait été remis dans le dessein de mettre M. Flosse à la porte du pouvoir politique »

« Ce pillage a entraîné la liquidation de la radio »

Après quatre années d’instruction et les mises en examen de l’ex-maire de Mahina, Emile Vernaudon, et de son directeur de cabinet de l’époque, Gilles Tefaatau, la justice a mis à jour un système destiné à détourner la radio communale, financée par les fonds publics de la mairie, de sa mission « d’intérêt général » en faveur « d’une poignée d’hommes politiques (et) à leur seul but personnel ». Selon le réquisitoire, Radio bleue était utilisée pour « diffuser la propagande politique et remercier des affidés en leur offrant un emploi ». Toujours selon le dossier d’instruction, Joinville Pomare et Gilles Tefaatau se sont octroyés des rémunérations « conséquentes au demeurant » alors que le statut de « radio communale » de Radio bleue le leur interdisait. Tous deux ont d’ailleurs caché l’existence de ces rémunérations au conseil municipal de Mahina en ne présentant aucune pièces comptables à la commune… « Ce pillage a entraîné la liquidation de la radio », précise le réquisitoire qui reproche également à Emile Vernaudon d’avoir utilisé les « ressources limitées » de sa commune pour cet outil de propagande. Pour le parquet : « il est certain que la commune de Mahina n’avait pas à financer ces dépenses ». Finalement en décembre dernier, le substitut du procureur en charge du dossier a requis le renvoi en correctionnelle d’Emile Vernaudon, de Gilles Tefaatau et de Joinville Pomare. Il reproche à ces derniers d’avoir autorisé des subventions publiques de plusieurs millions de Fcfp et de s’être octroyés plus de 30 millions de Fcfp de rémunérations illégales. Il reviendra maintenant au juge d’instruction en charge du dossier de décider du renvoi de l’affaire devant le tribunal correctionnel. Rappelons bien évidemment qu’à ce stade du dossier, toutes les personnes mises en examen bénéficient toujours de la présomption d’innocence.

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