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Affaire Théo: l'exécutif joue l'apaisement

Aulnay-sous-Bois (AFP) – L’exécutif s’est efforcé mardi d’apaiser les esprits dans l’affaire d’Aulnay-sous-Bois où des violences policières contre un jeune homme, Théo, ont donné lieu à une troisième nuit consécutive de protestations marquée par des incidents et 26 interpellations.

François Hollande s’est rendu mardi après-midi au chevet de Théo, 22 ans, à l’hôpital Robert-Ballanger d’Aulnay-sous-Bois. C’est là que le jeune homme est soigné, après avoir été gravement blessé par une matraque au niveau de la zone rectale lors de son interpellation par des policiers le jeudi 2 février dans cette ville de Seine-Saint-Denis.

Le chef de l’État est resté une demi-heure avec lui et plusieurs membres de sa famille, a indiqué l’entourage de M. Hollande.

Auparavant, en déplacement au tribunal de Pontoise, le chef de l’Etat avait lancé : « La justice (…) est garante des libertés et les citoyens doivent comprendre que c’est le juge qui les protège. »

Selon le récit de Théo, un des fonctionnaires lui a « enfoncé volontairement » une matraque dans les fesses. Dimanche, un des policiers a été mis en examen pour viol et ses trois collègues pour violences volontaires en réunion. Les quatre policiers ont été suspendus.

Le Premier ministre – et ancien ministre de l’Intérieur – Bernard Cazeneuve a réclamé mardi « la plus grande fermeté » quand « il y a des manquements graves » des forces de l’ordre.

Une délégation de cinq mères de famille du quartier a été reçue pendant une heure dans l’après-midi par la commissaire, au commissariat de la ville. Le préfet de police de Paris, venu s’entretenir avec les effectifs, les a aussi brièvement rencontrées. Les mères n’ont pas souhaité s’exprimer à la sortie.

L’affaire a aussi été abordée à l’Assemblée, lors des questions au gouvernement. Répondant à Daniel Goldberg, député PS du département, le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a « rappelé à leur devoir d’exemplarité tous les fonctionnaires de police et de gendarmerie ».

– Tirs de sommation –

Aux 3.000, la cité où vit le jeune homme, la tension restait vive après de nouvelles échauffourées lundi soir, pour la troisième nuit consécutive. Vingt-six personnes ont été interpellées dans la nuit de lundi à mardi, certaines pour « attroupements armés ». 

« Au vu des événements de la nuit dernière, le dispositif sera encore renforcé mardi soir », a indiqué une source policière à l’AFP. 

Dans la nuit de lundi à mardi, des policiers, pris à partie, ont procédé à des tirs de sommation à balles réelles, ont indiqué des sources policières. 

Les fonctionnaires se sont retrouvés face a des individus « très déterminés », « armés de boules de pétanque, de barres de fer et de cocktails Molotov », a détaillé Didier Dos Santos, du syndicat Unité-SGP. « Isolés et en manque de munitions, ils n’ont pas eu d’autre choix que de faire usage de leur arme », en procédant à « neuf tirs de sommation », a-t-il ajouté.  

Selon des sources policières, entre cinq et dix véhicules ont été incendiés ainsi que plusieurs poubelles. Deux magasins, des véhicules de police et de secours ont également été dégradés.

Durant le week-end, des incidents avaient déjà eu lieu. Cinq jeunes ont été placés en garde à vue, après des tirs de mortier artisanal. Ils sont soupçonnés de violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique et outrages.

Ces « émeutes » ont été dénoncées mardi par la candidate FN à la présidentielle, Marine Le Pen.

Un terme récusé par le maire Les Républicains d’Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza. « Pour le moment, il s’agit de troubles à l’ordre public », a dit cet ancien policier, en demandant au ministre de l’Intérieur d’envoyer un « signal fort » aux habitants pour leur dire que « l’Etat est derrière eux, et non contre eux ».

La France insoumise, mouvement créé autour de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, a fustigé le « scandale de trop ».

La famille de Théo, qui s’est vu prescrire 60 jours d’incapacité totale de travail (ITT), a lancé un appel au « calme » après les récents incidents.

© POOL/AFP Kamil Zihnioglu
François Hollande au palais de justice de Pontoise, le 7 février 2017