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Affaire Troadec: l'histoire n'a pas livré tous ses secrets

Pont-de-Buis-lès-Quimerch (France) (AFP) – La macabre affaire Troadec n’a pas livré tous ses secrets: des recherches visant à retrouver les restes de la famille massacrée pour une querelle d’héritage ont été engagées au domicile du beau-frère, qui a avoué le quadruple assassinat, et de la sœur, un couple dont le profil intrigue.

Hubert Caouissin a reconnu dimanche en garde à vue les meurtres le 16 février des deux parents Pascal et Brigitte, 49 ans, et de leurs deux enfants, Sébastien, 21 ans, et Charlotte, 18 ans dans leur maison à Orvault, au nord de Nantes.

Le profil de cet homme sans histoire interpelle car il ne possède pas de casier judiciaire et est inconnu des services de police.

Des « expertises psychologiques et psychiatriques » vont être réalisées pour « apporter dans le dossier des informations sur la personne de M. Caouissin », a précisé le procureur de Nantes, Pierre Sennès, lors d’une conférence de presse lundi.

Le suspect principal a rencontré Lydie Troadec via un site de rencontres en 2006. Le couple, qui a un garçon âgé de 8 ans, ne travaillait pas ces derniers mois. 

Hubert Caouissin, 46 ans, technicien pour le groupe de construction navale DCNS à Brest, avait été en arrêt maladie pendant trois ans pour dépression. Selon un salarié de la DCNS, il aurait repris tout récemment le travail en mi-temps thérapeutique tandis que sa compagne, secrétaire médicale, 47 ans, est en invalidité.

Les deux suspects vivent dans une grande ferme isolée en pierre, entourée d’un terrain en friches de 32 hectares à Pont-de-Buis-lès-Quimerc’h, à une quarantaine de kilomètres de Brest.

Un dispositif policier y est déployé depuis lundi à la recherche de traces des corps de la famille Troadec. Le beau-frère y aurait démembré les corps, en enterrant une partie et brûlant l’autre, selon ses aveux rapportés à la presse par le procureur de Nantes.

– Des voisins discrets –

« On a bon espoir qu’on arrivera quand même à retrouver à certains endroits (…) les dépouilles des victimes », a assuré M. Sennès, les enquêteurs disposent d' »indices imparfaits, mais quand même une certaine localisation qui devrait nous permettre d’avancer ».

Selon la voisine la plus proche du domicile du couple, qui n’est pas visible depuis la route, la ferme « a été rachetée il y a un ou deux ans mais on n’a jamais su par qui ». Françoise, toiletteuse dans la commune, affirme « ne les avoir jamais vus ». 

Le maire de la localité Roger Mellouët a également déclaré à l’AFP « ne pas les connaitre ». « Ils ont acheté la ferme il y a deux ans. Ils ne participaient à rien. Ils n’étaient pas du tout intégrés. Ils n’étaient pas inscrits sur les listes électorales. Le petit garçon était scolarisé à l’école ici l’année dernière. On le sait par les factures de cantine », a-t-il ajouté en précisant que l’enfant ne l’était plus cette année.

Le couple possédait également un pavillon à Plouguerneau (Finistère), commune où vit toujours la mère d’Hubert Caouissin. La maison semble à l’abandon avec des stores en biais et des herbes hautes dans le jardin, a constaté une journaliste de l’AFP. Les voisins ont indiqué « qu’ils étaient très discrets ».

Le conflit familial à l’origine du drame remonterait « aux années 2006-2007 », une sombre affaire de pièces d’or mal partagées lors d’une succession, dont on ne connait pas le montant… ni l’existence réelle. Hubert Caouissin en aurait nourri « une rancœur » à l’encontre de la famille Troadec.

Quant à Lydie Troadec, mise en examen lundi pour « modification de l’état des lieux d’un crime et recel de cadavres », « elle intervient après », a indiqué le procureur de Nantes.

« Elle a aidé à dissimuler les corps » et « elle a aidé à faire disparaître un certain nombre de pièces, de traces, d’indices, sur notamment le véhicule » mais « pas dans la maison » où a eu lieu la scène de crime à Orvault, a-t-il précisé.

© AFP FRED TANNEAU
Les policiers enquêtent près de la maison de Lydie Troadec et Hubert Caouissin, le 7 mars 2017