Deux hommes ont été reconnus coupables de vol avec violences et condamnés à cinq de prison dont un avec sursis. Ils avaient, le 10 octobre 2020, violemment agressé le patron du bar « Le Tiki d’or » à Papeete ainsi qu’une cliente.
De par leur langage corporel et leurs déclarations à la barre, on sent bien que l’on a affaire à des petites frappes. De ceux qui n’hésitent pas à s’attaquer à des personnes vulnérables. Et les faits pour lesquels ils sont présents devant le juge ce mardi matin confirment cette impression. Ils sont accusés d’avoir, le dimanche 10 octobre 2021, violemment agressé le patron du bar Le Tiki d’or à Papeete ainsi qu’une cliente. Tous deux ont des casiers judiciaires avec des condamnations pour des faits de violences, de stupéfiants ou d’escroquerie.
Il est aux environs de quatre heures du matin, le patron du Tiki d’or, 60 ans, est dans l’arrière-cour de son établissement en train de fumer une cigarette avant de commencer à ranger le bar. La soirée a été longue. Soudain il reçoit un coup de pied à l’arrière du genou qui le met à terre. A peine tente t-il de se relever, que plusieurs coups l’allongent pour le compte. Il est KO. A l’intérieur du bar, une cliente. Celle-ci donnait un coup de main au patron pour faire le ménage et fermer boutique. La jeune femme est malmenée, frappée à coups de pieds, et perd connaissance. Alors qu’elle reprend conscience, elle sent des douleurs au vagin – elle soupçonne une pénétration digitale – et entend l’un de ses agresseurs lui demander de lui faire une fellation. Pendant ce temps l’autre met la main sur la caisse qui contenait 90 000 Fcfp et fait la razzia sur les bouteilles d’alcool. Ils prennent la fuite. Une semaine plus tard les deux hommes sont interpellés par les enquêteurs de la DSP puis mis en examen pour viol en réunion et vol avec violence ayant conduit à une ITT de plus de 8 jours. Ils ont ensuite été placés en détention provisoire.
C’est uniquement sous le chef d’inculpation de vol avec violence qu’ils étaient présents à la barre. La cliente étant dans l’incapacité de reconnaître celui qui l’a agressé sexuellement – malgré de fortes présomptions sur celui surnommé « Chinois » et les deux se renvoyant la balle, l’inculpation de viol n’a pu être retenue.
« Il m’a parlé comme à un chien devant mes amis.»
Devant le juge, les deux accusés, Matehau, 24 ans et « Chinois », 35 ans, mettent leurs agissements sur le compte de l’alcool, de l’ice et du paka. Mais pas seulement. Selon eux, ce serait le patron du bar qui aurait mal parlé à Matehau, le traitant de « bâtard », qui les aurait décidé à lancer leur expédition punitive. « Il m’a parlé comme à un chien devant mes amis et cela m’a fait honte. J’ai fait cela pour me venger. Pas pour l’argent. Personne ne m’a jamais parlé comme cela.»
Une version en totale contradiction avec celle du patron, absent ce jour, qui déclarait qu’une semaine avant les faits, il avait eu affaire aux deux accusés qui avaient « mis le bordel » dans son établissement, l’obligeant à les mettre dehors. Quoi qu’il en soit, à la barre, les deux assurent que les faits qu’ils ont commis l’ont été sous « la panique, on a pas réfléchi. » Quant à la cliente, ils n’aurait fait que l’assommer, «d’un high kick à la tête », mais en aucun cas ils ne l’auraient agressée sexuellement, assurent-ils.
La décision de tabasser le patron du bar viendrait de Matehau, « c’est lui qui a programmé le système » assure Chinois, « il était énervé et voulait lui casser la gueule. » Fractures orbitales, des mandibules et des pommettes, voilà les conséquences pour le patron. Quant à la cliente qui n’a pas voulu témoigner à la barre, « plein de choses ont changé depuis cette agression, je suis devenue agressive, moins patiente et il y a des sons et des odeurs qui me rappellent les faits. » Tout au long de l’audience elle est restée au fond de la salle, prostrée, un mouchoir à la main pour essuyer ses larmes.
« Pour les victimes, il y a un avant et un après octobre 2020. »
Si elle attendait un début d’excuse ou de remords de la part des accusés, elle est venue pour rien. Ceux-ci n’ont pas exprimé le moindre regret, ou alors du bout des lèvres et seulement après le réquisitoire de la procureure qui n’a pas fait dans la dentelle. « Pour les victimes, il y a un avant et un après octobre 2020. De multiples fractures pour le patron du bar et un traumatisme important pour la victime. » Selon elle, alors que les agresseurs nient un plan préparé à l’avance, « c’était un plan concerté. Ils n’ont pas agi dans la panique. D’ailleurs ils ont pris soin de camoufler leur visage avec leur t-shirt. » Elle lit leurs dépositions, « high, low, middle kick, pénalty dans la tête. Ce n’est pas de la panique ça, ils ont décidé de voler et de se venger physiquement du patron. Celui-ci est à terre, commence à se relever et là, ‘coup de pied dans la tête pour le terminer’ …. Ils savaient ce qu’ils faisaient. » Elle réclame cinq ans de prison donc 6 mois avec sursis. Ils ont été condamnés à 5 ans de prison dont un an de sursis.