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Agression sexuelle : un déséquilibré condamné à 3 ans de prison avec sursis

© Florent Collet / Radio 1

Le tribunal correctionnel s’est penché ce mardi matin sur une affaire d’agression sexuelle commise sur une adolescente de 16 ans en octobre 2017 à Taiarapu-Est. Le prévenu, un homme de 59 ans, souffre encore des séquelles d’un accident de moto, et ses propos incohérents à la barre comme durant l’instruction ont longtemps laissé planer un doute sur sa responsabilité pénale et la possibilité pour la justice de le juger ou pas.

Maniaque, hypomaniaque et soliloque. Il a au moins été autant question des traits psychiatriques de Christophe T. ce matin devant le tribunal correctionnel que des faits d’agression sexuelle qui lui sont reprochés. Le président du tribunal et son avocat l’affirment, l’homme de 59 a reconnu les faits. Mais à la barre, il est bien difficile de faire le parallèle entre ses propos et la raison qui l’amène au tribunal. L’homme est agité, marche d’avant en arrière, regarde le ciel et ne cesse de répéter « J’ai 8 maisons, 3000 m2 de terrain, c’est chez moi, c’est moi qui fais la police. Je ne sais pas ce que j’ai fait, mais c’est dans ma cour, j’ai le droit. »

Les faits se sont déroulés un matin d’octobre 2017 à Taiarapu-Est. Tiare*, alors âgée de 16 ans, va acheter du pain. Sur le chemin du retour, Christophe l’interpelle depuis son jardin. Il lui demande du paka. Sans succès. Il attrape alors son sac et le jette dans son jardin. Lorsque la jeune adolescente veut le récupérer et se penche pour le ramasser, elle reçoit un coup à la nuque. Sonnée, elle ne peut résister quand Christophe la tire par le bras jusqu’à l’entrée de sa maison. Le quinquagénaire la déshabille alors partiellement et la pénètre. Tiare finit par retrouver ses esprits et frappe son assaillant, l’obligeant à reculer. La jeune fille parvient à prendre la fuite. Elle relate les faits à son entourage et porte plainte.

Risque de récidive majeure

Lors de son audition, les enquêteurs peinent à obtenir des explications de Christophe : « ses réponses sont très décousues et pas forcément exploitables compte tenu de ses troubles psychologiques. » Devant le juge d’instruction, Christophe n’est pas beaucoup plus clair : « Je ne sais pas si je l’ai violée. Je ne crois pas, c’est vous qui voyez. » Se pose alors la question cruciale de la santé mentale de Christophe durement touchée après un accident de moto en 1986 et une longue période dans le coma. Invalide à 72 % et placé sous la tutelle de sa fille puis de sa femme, il ne suit actuellement aucun traitement. « C’est très difficile de gérer un cas comme lui, explique son épouse, épuisée, et quand il boit, il devient incontrôlable ». Un premier expert a estimé qu’il existait une altération et non une abolition du discernement au moment des faits. Un diagnostic confirmé par un deuxième expert pour qui il existe un fort risque de récidive majeure. Selon eux, Christophe n’est pas complètement curable mais un traitement pourrait atténuer les conséquences de ses actes.

Une affaire de viol qui aurait pu être jugée devant la cour d’assises, mais a finalement été renvoyée vers le tribunal correctionnel avec l’accord de la victime. Une jeune fille au passé déjà douloureux, ballotée de foyer en foyer après le divorce de ses parents et qui doit aujourd’hui suivre un traitement médicamenteux contre ses angoisses, ses peurs et ses nombreux cauchemars.

« Deux points d’arrimage à la réalité »

Pour demander au tribunal de condamner Christophe le procureur se base sur « deux points d’arrimage à la réalité » dans ses propos. Il savait que l’adolescente avait ses règles et avait affirmé, lors d’une audition : « au lieu de la taper, je vais profiter » en mimant un acte sexuel.  Le magistrat a toutefois requis une peine relativement légère compte tenue de la pathologie mentale de Christian avec une peine de 12 mois de prison avec sursis et l’obligation, notamment, de suivre des soins.

Une peine satisfaisante pour son avocat, Me Robin Quinquis selon qui la loi oblige à tenir compte de la pathologie du prévenu en minorant la peine. Selon lui le risque de récidive serait contré par un traitement « plus rigoureux ».

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Une logique suivie par le tribunal qui a tenu compte à la fois de la santé mentale de Christian mais aussi de la gravité des faits en condamnant Christophe à 3 ans de prison avec sursis et l’obligation de suivre des soins, d’entrer en contact avec la victime à qui il devra verser 1,8 million de Fcfp au titre du préjudice moral. Un délibéré pas forcément compris et pas signé par Christophe : « Je suis fautif alors ? Mais si on vient me piller je vais tuer, c’est chez moi, je fais ma loi. »

*prénom d’emprunt