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Agriculture : 11 ans après, une nouvelle « photographie du système de production »


Le recensement général agricole, le premier depuis 2012, sera lancé ce 16 août et durera jusqu’à début décembre. Pas moins de 7 500 exploitations, dans toutes les îles, doivent être visitées par les enquêteurs pour se renseigner sur leur production, leur pratique ou la formation des équipes. Objectif : mettre à jour les données publiques et « ajuster » des politiques agricoles à fort enjeux.

Tricot vert, casquette assortie, carte professionnelle autour du cou et tablette entre les mains… Voilà le portrait de la soixantaine d’enquêteurs qui devraient s’inviter, dans les mois à venir, dans les exploitations du fenua. « Recevez-les bien, ils sont là pour vous ! » lance Taivini Teai à l’adresse des agriculteurs. Le ministre le sait : ce recensement général agricole, le premier depuis 2012 est capital pour pouvoir ancrer la politique agricole du Pays. Une politique à enjeux : en plus de l’autonomie alimentaire, le gouvernement compte sur le secteur primaire dans ses objectifs de santé, de développement économique, d’ancrage des populations, ou encore dans sa feuille de route en matière d’environnement. Pas de surprise, donc, si ce « RGA 2023 », préparé sous l’équipe précédente, a vu grand : « Cette fois, on veut aller partout », explique le directeur de l’agriculture, Philippe Couraud.

Production, formation, emploi, agroécologie…

7 500 unités de production de toutes les îles seront ainsi ciblées par l’enquête : des exploitants ou des copraculteurs qui commercialisent d’une façon ou d’une autre leur production et qui dépassent certains seuils de superficie, de tonnage ou de têtes d’élevage. Les seuils en question ont été choisis pour correspondre aux études effectuées dans d’autres collectivités d’outre-mer ou pays de la région. « On apprend toujours quand on se compare aux autres » pointe le responsable. Au fil des formulaires, les professionnels seront interrogés sur leurs plantations, leur cheptel ou leur production, sur les équipes qu’elles emploient, leur formations, leurs parcelles, les modalités de commercialisation et même les pratiques agricoles.

« On déploie aussi un volet sur l’agroécologie, et c’est une innovation, on ose le dire, au niveau mondial, se félicite Philippe Couraud. Ça se fait en relation avec la FAO (agence onusienne de l’agriculture, ndr) et ils sont très contents de voir que pour la première fois on va évaluer les pratiques écologiques du monde agricole ». Autant d’informations qui permettront d’avoir une « photographie à jour de la situation » sur le terrain : « Ça nous permet de voir l’évolution, d’ajuster surtout nos prévisions, nos différentes politiques publiques, les besoins en formation, le niveau d’emploi, qui est devenu un enjeu important dans le secteur agricole, reprend le directeur. Ce recensement sert à ça ».

Les données ne serviront d’ailleurs pas qu’aux autorités agricoles : « On travaille, notamment dans le cadre de la transition alimentaire avec les ministères de la Santé et de l’Éducation, rappelle Taivini Teai. Pour avoir par exemple des identifications de circuits courts de commercialisation, au bénéfice des cantines ou de la population pour le ‘manger mieux’, en variant autant que possible l’alimentation en fonction des saisons et en utilisant nos produits locaux ».

« Premier recensement sur tablette »

Si la Direction de l’agriculture prépare depuis déjà deux ans le « fond » de ce recensement, elle a fait appel cette année à l’ISPF pour gérer « l’opérationnel ». L’institut, qui gère tous les quatre ans un recensement de la population et mène différentes enquêtes de terrain à l’année, a l’habitude de ce genre de mission. Mais celle-ci fait tout de même partie des études d’ampleur : elle démarrera ce 16 août, et va durer, temps de compilation compris, jusqu’au 8 décembre. « Ces 3 mois de collecte des enquêteurs sont préparés depuis plus d’un an, c’est un budget de 150 millions, donc c’est une opération extrêmement importante pour laquelle nous avons développé un outil informatique spécifique, note la nouvelle directrice de l’ISPF Nadine Jourdan. C’est la première fois que nous saisissons une enquête de cette ampleur là de façon dématérialisée… C’est le premier recensement sur tablette ».

Une manière de gagner en efficacité dans l’analyse, de « fiabiliser les résultats », mais s’ouvrir d’ouvrir de nouvelles portes, notamment celle de la géolocalisation des parcelles recensées.

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