Saint-Domingue (AFP) – Le Français Nicolas Pisapia, condamné à 20 ans de prison en République dominicaine pour trafic de drogue dans l’affaire « Air Cocaïne », a vu sa condamnation confirmée en appel mardi, a annoncé à l’AFP son avocat qui va saisir la Cour suprême.
« La cour d’appel de Saint-Domingue a confirmé la condamnation prononcée en première instance contre Nicolas Pisapia, mais n’a pas ordonné son incarcération », rejetant ainsi la requête du parquet, a indiqué Me Julien Pinelli à l’AFP.
« Nicolas Pisapia demeure libre et pour l’heure, c’est l’essentiel », a-t-il affirmé, car « tant qu’il peut se défendre libre, nous avons le sentiment que nous pouvons obtenir ce que nous réclamons : prouver son innocence ».
« Nous allons immédiatement former un recours devant la Cour suprême », a déclaré l’avocat français, précisant que ce recours serait déposé dès mercredi, avec ensuite un délai moyen d’attente de six mois.
Nicolas Pisapia, Français de 40 ans, n’a cessé de clamer son innocence depuis que l’affaire a démarré en mars 2013 par l’interception d’un Falcon 50 sur le tarmac de l’aéroport de Punta Cana avec à son bord 26 valises contenant 680 kilos de cocaïne.
« Je ne suis coupable de rien, je suis innocent », avait encore affirmé début mai, devant la cour d’appel, celui qui est présenté comme le passager du jet.
Après plus d’un an de détention provisoire, il est depuis libre sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter l’île.
Un comité de soutien a été créé en France pour l’aider à « surmonter ses difficultés et son isolement », a raconté Me Pinelli mardi, qui confiait il y a peu que son client était « extrêmement tendu » dans l’attente du verdict en appel.
Les parents de M. Pisapia, retraités, avaient affirmé en avril avoir dépensé autour de 190.000 euros pour couvrir les moyens d’existence de leur fils « pour se loger, se nourrir, se soigner », demandant le soutien du Quai d’Orsay qui s’est jusque-là montré plutôt discret.
– Pas une surprise –
Mais désormais « Nicolas Pisapia fait preuve de beaucoup de combativité et c’est ce qui lui permet d’affronter tout cela », selon Me Pinelli.
Si le parquet avait demandé la confirmation du verdict de première instance, l’avocat de M. Pisapia, dénonçant « des irrégularités » dans la procédure de première instance, demandait l’abandon des poursuites.
La confirmation du verdict n’est pas une surprise : dans cette affaire de trafic de drogue qui implique quatre Français et 10 Dominicains, les deux pilotes français, Pascal Fauret, 56 ans, et Bruno Odos, 57 ans, ont vu en février leur condamnation à 20 ans de prison elle aussi confirmée en appel par la justice dominicaine.
Mais ces derniers sont désormais en France, sous contrôle judiciaire après leur évasion rocambolesque de République dominicaine fin 2015.
Clamant eux aussi leur innocence, ils sont visés par un mandat d’arrêt international émis par ce pays des Caraïbes.
La justice française, qui écarte toute extradition, enquête sur ce vaste trafic international de drogue et l’instruction de l’affaire Air Cocaïne est en voie d’achèvement en France.
Le quatrième Français poursuivi dans ce dossier et lui aussi condamné à 20 ans de prison, Alain Castany, était présenté par la justice comme un apporteur d’affaires. La date d’audience en appel de cet homme, invalide après un accident sur le sol dominicain, n’est pas connue, son cas étant traité séparément.
En première instance en août 2015, les quatre hommes avaient été jugés ensemble, leur défense plaidant en vain que rien ne prouvait qu’ils savaient que de la drogue se trouvait à bord de l’avion.
Un autre Français, Christophe Naudin, expert en sécurité aérienne de 53 ans, est en détention provisoire en République dominicaine pour son implication dans l’évasion des pilotes, après avoir été extradé en mars depuis l’Egypte.
© afp/AFP/Archives Erika Santelices
Nicolas Pisapia dans un tribunal de Saint-Domingue en République Dominicaine, le 24 avril 2016