Paris (AFP) – Le conseil d’administration d’Air France-KLM a autorisé sa filiale Air France à imposer dès le 1er juin des baisses de rémunération aux pilotes, a annoncé mardi le DRH de la compagnie, Gilles Gateau.
Le SNPL, premier syndicat de pilotes, a immédiatement dénoncé un « passage en force », laissant planer la menace d’une « grève ».
Air France va mettre en oeuvre les mesures approuvées par les pilotes dans le cadre de l’accord « Transform 2015 » mais jamais appliquées en raison d’un litige entre la direction et le SNPL.
Le tribunal de Bobigny puis la cour d’appel de Paris avaient autorisé le PDG de la compagnie, Frédéric Gagey, à trancher sur ce sujet et le conseil d’administration de la maison-mère « a approuvé la mise en oeuvre de cet arbitrage » mardi, a déclaré M. Gateau à des journalistes.
« Il n’y a pas de passage en force. Ce qui s’applique, c’est le solde de l’accord précédent, conformément aux décisions de justice », a-t-il ajouté.
En conséquence, la rémunération des pilotes baissera dès le mois de juin, avec des heures de nuit majorées de 40% contre 50% à ce jour, un calcul moins favorable pour les activités au sol et une durée de préparation au sol réduite de moitié pour les instructeurs. La compagnie prévoit en outre « l’annualisation de 12 jours de repos » à partir d’avril 2017.
« C’est un incendie que vient d’allumer Frédéric Gagey et ça nous paraît malvenu et à contre-temps alors que l’été approche et que la compagnie va avoir besoin de l’adhésion de toutes ses ressources », a réagi Emmanuel Mistrali, porte-parole du SNPL, auprès de l’AFP.
« A force de provocations, si on maintient cette politique obsessionnelle, il serait faux de croire que nous n’utiliserons pas tous les moyens, y compris la grève, pour empêcher que ça se fasse », a-t-il prévenu, tout en se disant « ouvert au dialogue ».
– « Risque inconsidéré » –
M. Mistrali a exhorté Frédéric Gagey « à ne pas s’engager dans cette épreuve de force ». « Au moment où Air France va mieux, a-t-il poursuivi, prendre le risque de briser un élan en agressant les pilotes, c’est prendre un risque inconsidéré par rapport aux gains à obtenir », qui sont estimés par M. Gateau « entre 20 et 30 millions d’euros par an d’amélioration de compétitivité », soit « entre 2% et 3% de la masse salariale pilotes ».
Quelques heures plus tôt, Gilles Gateau avait minimisé le risque de grève des pilotes. « Je n’ai jamais entendu s’exprimer le fait qu’il puisse y avoir un appel à la grève sur l’application de cet arbitrage », a-t-il affirmé, rappelant que cette décision s’inscrivait « dans le cadre de l’application d’un accord signé par le SNPL ».
« Ils sont souvent les premiers à appeler au respect des accords signés, ça me paraît important que ça marche dans les deux sens », a-t-il insisté.
En revanche, la compagnie « s’attend à une contestation sur le terrain juridique », avec d’une part un recours en cassation intenté par le SNPL contre l’arbitrage et, d’autre part, « des contentieux individuels que chaque pilote pourra aller déclencher aux prud’hommes sur la majoration de ses heures de nuit », a-t-il poursuivi, assurant être « confiant » quant à l’issue de ces procédures.
Air France renonce, en revanche, à modifier seul la grille d’avancement de ses pilotes, qui fera l’objet d’une nouvelle négociation. « On va convier les organisations syndicales représentatives pour fixer les modalités de cette révision », a-t-il indiqué.
© AFP/Archives STEPHANE DE SAKUTIN
Le conseil d’administration d’Air France a autorisé la compagnie à imposer dès le 1er juin des baisses de rémunération aux pilotes