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Air Moana : Moetai Brotherson refuse d’assouplir les conditions d’aide du Pays

Dans une lettre en réponse au courrier adressé par le PDG d’Air Moana aux élus de l’assemblée, Moetai Brotherson ne retire pas l’offre du Pays, mais refuse d’en assouplir les conditions. Il constate qu’une « intervention immédiate du Pays pour un milliard de Fcfp ou de la Sofidep pour 250 millions ne ferait aujourd’hui que repousser de quelques semaines l’impasse de trésorerie » dans laquelle s’est mise la compagnie. Tout autre effort constituerait un « soutien abusif », écrit le président du Pays. Air Moana va-t-elle réellement cesser ses opérations lundi ?

Le président du Pays a réagi, jeudi, au courrier envoyé par Oliver-Jean Bréaud aux élus de l’assemblée, par lequel Air Moana demandait un soutien financier immédiat du Pays, faut de quoi la compagnie cesserait ses opérations lundi 30 septembre.

Moetai Brotherson rappelle en détail l’historique des échanges entre Air Moana et le gouvernement depuis la première intervention du Pays en décembre 2022, soit 10 mois après le début des opérations, puis l’agrément de défiscalisation à hauteur de 3 milliards accordé en décembre 2023 après le rétablissement, quelques mois plus tôt, de l’éligibilité des ATR au crédit d’impôt. « Il me faut aussi vous rappeler qu’il s’agit d’un témoignage fort de l’Exécutif et du peuple via des deniers publics à l’endroit d’un acteur privé en développement et d’un secteur prioritaire », écrit le président du Pays.

« Un besoin plus important que celui indiqué »

Après avoir obtenu le 11 avril 2024 la moitié des 500 millions demandés à la Sofidep  – une opération pour laquelle le Pays a du relever le plafond d’intervention de l’établissement -, mais sans pouvoir répondre aux conditions mises à l’obtention de la 2e tranche, Air Moana faisait, 6 jours plus tard, une autre demande au Pays, cette fois sous la forme d’une participation directe au capital d’un milliard de Fcfp.

C’est alors que la Sofidep a fait procéder à un audit indépendant, qui « a identifié un besoin d’apport en fonds propres complémentaires de 4 milliards de Fcfp, afin de couvrir l’ensemble des besoins de trésorerie jusqu’en 2026, date de l’arrivée programmée de la nouvelle flotte (soit les trois appareils ATR qu’Air Moana projetait d’acquérir, ndr). Un besoin qui s’est avéré bien plus important que celui indiqué à l’appui de votre demande de participation du Pays pour un milliard de Fcfp. »

La Sofidep a pourtant continué d’envisager une intervention, et envoyait le 12 juillet dernier une « lettre d’intérêt (qui) devait, selon vos dires vous permettre de reconstruire une confiance dans la compagnie et d’obtenir notamment les 3 milliards d’apport en fonds propres supplémentaires de la part d’investisseurs privés. » Avec d’autres leviers, notamment des financements bancaires et la double défiscalisation, Air Moana pourrait ainsi verser les acomptes sur ses achats chez ATR et « assurer le besoin total de financement sur la période 2024-2027 ». Des leviers impossibles à activer puisque les investisseurs privés – principalement les familles des dirigeants de la compagnie – ne sont pas au rendez-vous.

« Cela s’apparenterait à du soutien abusif »

Dans ces conditions, poursuit Moetai Brotherson, « un soutien du Pays, même à hauteur d’un milliard de Fcfp, ne saurait constituer une réponse adaptée. Compte-tenu de la situation économique de la compagnie, une intervention immédiate du Pays pour un milliard ou de la Sofidep pour 250 millions ne ferait aujourd’hui que repousser de quelques semaines l’impasse de trésorerie. Le Pays ne peut pas prendre la responsabilité de verser au bénéfice d’Air Moana des sommes dans les proportions sollicitées, en renonçant aux conditions initialement établies. Cela s’apparenterait à du soutien abusif. Au-delà des aspects légaux, il nous importe que chaque entreprise soit regardée équitablement par les institutions publiques. »

Enfin, concernant une mise en concurrence prochaine de la délégation de service public sur les transports interinsulaires, le président du Pays, même s’il convient à nouveau qu’une révision du schéma de la desserte domestique « devra être engagée », il répond que « cet élément pourrait être mieux envisagé si vous pouviez nous confirmer que vos moyens actuels vous permettent de desservir l’ensemble des destinations non-concurrentielles », sachant sans doute fort bien que la réponse est non.

La question à présent est de savoir si Air Moana va vraiment cesser ses opérations lundi. Pour l’instant, Olivier-Jean Bréaud n’a pas répondu aux sollicitations de Radio1.

 

La lettre de Moetai Brotherson à Olivier-Jean Bréaud :

 

 

 

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