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Air Moorea : « C’est lors du levage de l’épave (…) que le câble s’est rompu »

Défilé des témoins de la défense lundi matin lors du procès en appel relatif au crash du Twin-Otter d’Air Moorea. Pour eux il n’y a pas de doute, l’entretien ou l’usure du câble n’est pas la cause du crash. Ils estiment que les études menées ne sont pas « exhaustives » ou encore que « l’usure du câble est un phénomène normal », et considèrent au contraire que « C’est lors du levage de l’épave (…) que le câble s’est rompu ».

Lundi matin plusieurs témoins de la défense se sont succédé à la barre du tribunal et tous sont unanimes : ce n’est ni l’usure ni l’entretien du câble qui sont la cause du crash du vol 1121 de Air Moorea le 9 aout 2007.

« Lusure du câble est un phénomène normal mais il faut quelle soit maîtrisée » – Thierry Clerc

Le premier témoin, Thierry Clerc, se présente comme expert mécanique. Il base son analyse sur le rapport du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA), des experts judiciaires et celui du Centre d’essais des propulseurs (CEPR) ainsi que le jugement en première instance. Il évoque le fait que les experts judiciaires et le BEA sont en désaccord concernant l’état du câble et la cause de sa rupture. Il explique que les premiers font état des turbulences du 02 juillet alors que le second fait lui état du jet blast « et cela ne colle pas, ils ne sont pas allés plus loin (…).  J’invalide la rupture du câble ». Il assure d’ailleurs que les câbles en acier carbone ou en inox sont tous deux « oxydables ». Et que « quand un avion change d’environnement, il n’a pas besoin de réglage particulier ».

Le BEA, les experts et le CEPR « n’ont pas mené une étude exhaustive »  – Patrice Huver

Le second témoin; Patrice Huver, ingénieur en matériaux, atteste qu’il s’est lui aussi basé sur les mêmes rapports que son collègue et considère que ces derniers « soit se contredisent, soit se neutralisent eux-mêmes ». Il rappelle qu’il a aussi réalisés des essais mécaniques ainsi que des tractions. Pour ce qui relève des constats « le BEA et les experts sont assez similaires mais leurs analyses divergent ». Patrice Huver considère que le BEA, les experts judiciaires et le CEPR « ont étudié les défaillances mais pas l’intégralité des problèmes » et regrette que ces derniers n’aient pas mené d’étude exhaustive. Il conclut que pour rompre le câble il aurait fallu une traction de 500 deca newton, et rejette l’hypothèse de l’usure du câble.

« C’est lors du levage de l’épave (…) que le câble s’est rompu » – l’ancien directeur technique d’Air Tahiti

Un ancien directeur technique d’Air Tahiti était aussi à la barre comme témoin de la défense. Il explique que « j ai décidé de me mettre au service d’Air Tahiti pour expliquer ma position (…). Ma mission c’est simplement de mettre tous les faits établis non utilisés par les experts et le BEA et d’en faire un scénario qui mette en perspective tout cela ». Les différents rapports, dit-il, « nous les avons utilisés pour pouvoir en tirer des scénarios (…) comme par exemple lors de l’impact de l’avion sur la surface de l’eau, le câble était usé a 50%. Et tous les tests ont établi qu’il faut 500 kilos pour le rompre et en plus il n’est pas détoronné, cela veut dire que le câble a rompu sur un appui ». Pour l’ancien directeur technique d’Air Tahiti il n’y a pas de doute « c’est lors du levage de l’épave (…) que le câble s’est rompu (…). Lors du levage cela a fait subir un stress a tout l’arrière de l’avion ».

L’avocate générale a considéré que les témoins étaient tous « dans le domaine de la probabilité et des scénarios ». Mardi matin l’expert judiciaire sera entendu par visio conférence.